L'archevêque de Dijon commente la démission de Benoît XVI (18/02/2013)

C’est «le journal « La Croix qui  rapporte cette déclaration de Mgr Roland Minnerath : « ‘ Je suis toujours surpris ‘, affirme l’archevêque, qui a dit également « comprendre très bien le désarroi de beaucoup de fidèles », qui se demandent « pourquoi il n’est pas resté jusqu’au bout ». « On peut dire que c’est vraiment une décision très personnelle », a jugé Mgr Minnerath, qui estime que cette renonciation n’est en rien comparable à celles des papes antérieurs ayant quitté le trône pontifical. « C’était sous la pression de leur environnement. Ici, ce n’était sous la pression de personne », a-t-il avancé.

Les papes précédents, a poursuivi Mgr Minnerath, « avaient bien compris que si un jour ils devaient tomber malades, ou ils devaient perdre la raison, ils devaient déclarer qu’ils renonçaient. La plupart ont fait cela. La plupart ont fait une sorte de testament, remis à leur secrétaire (…). Et ça, c’est absolument compréhensible. Mais Benoît XVI a toute sa raison, sa force intellectuelle et son rayonnement spirituel. » Mentionnant les visites ad limina de novembre, au cours desquelles les évêques français ont rendu visite au successeur de Pierre, l’archevêque de Dijon affirme que Benoît XVI « était en pleine forme intellectuelle. Bien sûr, il était fatigué, mais d’une vigueur de pensée, de repartie absolument remarquable ».

EAN-PAUL II, « FIDÈLE JUSQU’AU BOUT »

« Qu’est-ce qui est important dans le ministère du pape ?, a interrogé l’archevêque français. Est-ce que c’est ses dons, ses qualités intellectuelles ? Ou est ce que c’est le don qu’il fait de lui-même au Christ ? Finalement, est ce que ce n’est pas ça qui porte du fruit plus que tout le reste ? », a poursuivi Mgr Minnerath, citant l’exemple de Jean-Paul II, « qui nous a aussi donné l’exemple de ce qu’est une fidélité jusqu’au bout ». « Le Christ et Pierre sont liés à jamais », a-t-il également ajouté.

L’archevêque de Dijon a souligné l’importance des potentielles « conséquences collatérales » de la décision du pape pour ses successeurs, ainsi que sur l’image de la papauté. « Benoît XVI ne doit pas disqualifier le choix qu’ont fait les autres de rester jusqu’au bout, a-t-il martelé. Parce que quand on est pape, on assume jusqu’à la mort. C’est tout, ça a toujours été comme ça. » Il a différencié le « gouvernement des choses temporelles » et le pontificat. « C’est être un témoin, et on est témoin à tous les ages, quand on est en bon état, et aussi quand on est fatigué. »

« IL NE FAUT PAS JOUER AVEC L’AFFECTION DES FIDÈLES »

« Le pape noue avec tous les fidèles un rapport qui n’est pas seulement institutionnel, mais aussi affectif. Il ne faut pas jouer avec l’affection des gens, des fidèles », a-t-il aussi jugé. « Si on réduit le ministère papal ou le ministère épiscopal à une prestation, (…) il y a quelque chose qui n’est pas respecté de la mystique de l’appel du Christ. »

Benoît XVI « a marqué par sa simplicité, sa gentillesse », a par ailleurs ajouté l’archevêque français. « C’est un homme d’une grande finesse, gentillesse, douceur. »

Loup Besmond de Senneville « 

Ici : Renonciation de Benoît XVI : l’archevêque de Dijon « comprend très bien le désarroi » des fidèles

Monseigneur Minnerath n’est pas n’importe qui : après des études à l'université de la Sorbonne où il a obtenu une maîtrise d'histoire, il a poursuivi son cursus à l'Université de Paris-Dauphine (Paris IX) où il a obtenu un doctorat d'État en sciences de gestion.

Entré au séminaire, il a suivi des études de théologie et de droit canon à la faculté de théologie catholique de Strasbourg et à l'Université pontificale grégorienne à Rome. Il a ainsi obtenu un deuxième doctorat d'État en théologie catholique et un doctorat en droit canonique. Il est par ailleurs diplômé de l'École pratique des Hautes Études.

Ordonné prêtre le 25 juin1978 pour l'archidiocèse de Strasbourg il a été rapidement mis à disposition de la Secrétairerie d'État. Il a ainsi été secrétaire puis auditeur à la nonciature de Brasilia (Brésil) et de Bonn (Allemagne) de 1980 à 1985. Il est ensuite devenu fonctionnaire au Conseil pour les affaires publiques de l'Église au Vatican de 1985 à 1988.

Revenu dans le diocèse de Strasbourg en 1989, il a enseigné l'histoire de l'Église ancienne et médiévale à la Faculté de théologie catholique de Strasbourg et les relations Église-États à l'Institut de droit canonique.

Nommé archevêque de Dijon le 13 février 2004, il a été consacré à la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon le 21 mars de la même année.

Au sein de la Conférence des évêques de France, il est membre de la Commission doctrinale. Le 8 novembre 2008, il a été réélu dans cette commission pour un mandat de trois ans, avant d'être élu en 2011 Président du Conseil pour les questions canoniques

Pour le Saint-Siège, il a été secrétaire spécial du synode des évêques d'octobre 2005 et est membre de la Commission théologique internationale.

 

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