Nouvelles tensions à l'ONU autour de l'IVG et de la santé sexuelle et reproductive (18/03/2013)

Friday-Fax-Header-French.jpgNégociations onusiennes à nouveau bloquées par la question de l’IVG

NEW YORK, 15 mars (C-FAM) Les derniers tours de forces des ambassadeurs et hauts fonctionnaires internationaux se sont soldés par de nouveaux échecs ce jeudi. Aucun accord n’a pu être conclu sur les politiques visant à venir à bout de la violence à l’égard des femmes. Et pour cause: les puissants Etats occidentaux cherchent à se dégager des accords plus anciens, qui ne reconnaissent pas l’existence d’un droit à l’avortement.

Après quatre semaines d’intenses pourparlers, les ambassadeurs ont du jouer les prolongations au soir du dernier jour de la session. Les Etats-Unis et les Etats européens ont fait monter les enchères de l’édition 2013 de la Commission de l’ONU sur la condition de la femme. Rassembler 45 Etats membres pour élaborer des politiques protégeant les femmes rend les accords difficiles à atteindre.

Avant vendredi matin, le dernier jour de la commission, les Etats membres sont finalement parvenus à s’entendre sur l’exclusion des “services de santé sexuelle et reproductive” de l’accord final. Ce terme est généralement associé aux traitements qui provoquent une IVG.

Certains Etats seraient enclins à accepter d’autres termes, par ailleurs aussi ambigus, présents dans des propositions plus anciennes, à condition que soit fait explicitement référence à la Conférence internationale du Caire sur la population et le développement (CIPD). C’est en effet lors de cette conférence que les Etats membres avaient refusé de consacrer l’existence d’un droit de l’homme à l’avortement. Les Etats-Unis et la Norvège ont donc fait pression sur les autres Etats membres pour mettre cet accord de côté, considérant que depuis 1994, les temps ont changé. Le Pérou, par le passé attaché aux accords du Caire, s’est joint à leur cause.

Ces pays souhaitent une mention sans réserve des services de santé sexuelle et reproductive et des droits reproductifs, ainsi que des références à l’orientation sexuelle et à l’identité sexuelle. Or l’inclusion de ces termes serait un acte très hasardeux pour des Etats dans lesquels l’avortement est interdit, et dans ceux où des droits spéciaux ne sont pas reconnus aux personnes sur le fondement de leur orientation sexuelle ou de leur identité sexuelle.

Les négociations de l’accord final ont été gâchées par quelques fonctionnaires et organisations pro avortement, qui ont blâmé le Saint Siège et à d’autres Etats pour l’échec des négociations de l’année dernière, lors desquelles les Etats-Unis avaient poussé des termes favorables à l’IVG.

Les pourparlers n’ont pas aidé à dissiper la tension ambiante. Un porte-parole du Secrétariat de l’Onu a déclaré aux diplomates : « le comportement sexuel masculin peut être une forme de violence, puisque la grossesse en est le résultat ». Un représentant du Salvador a proposé la reconnaissance des droits sexuels aux filles de 8 à 10 ans par l’insertion de termes qui tiendraient compte de leur « capacité évolutive ». Enfin, les Etats-Unis et l’Union européenne ont demandé que soit retirée de la Déclaration universelle des droits de l’homme la référence au droit à la vie.

Contrairement aux rapports de presse de Reuters, Associated Press, et de l’édito non signé du New York Times, aucune délégation étatique n’a proposé que les valeurs culturelles, religieuses et traditionnelles servent d’excuse à la violence à l’égard des femmes. Au cours de la semaine, plus de 400 organisations se sont mobilisées au soutien du Saint siège et des Etats soucieux de protéger la vie et la famille, et qui reconnaissent le rôle important de la culture et des religions pour venir à bout de la violence à l’égard des femmes.

De nombreux Etats souhaitent conserver de la latitude dans leur mise en œuvre des politiques onusiennes. C’est à cause d’un désaccord sur cette question que la commission de l’année dernière n’est parvenue à l’obtention d’aucun accord.

La commission est dominée chaque année par les militants féministes. Comme toute idéologie, celle-ci ont sa propre terminologie, qui prête à confusion. Luis Mora, de la UNFPA, s’exprimant lors d’une table ronde ce mardi, a mi sur le compte des « choix reproductifs » les différences professionnelles homme femme.

L’accord final, dénué de valeur contraignante, servira de banc d’essai pour les futures conférences de l’Onu sur les thèmes de l’avortement, du contrôle démographique, et des droits des personnes homosexuelles. Les pays riches cherchent en effet à engager les dirigeants africains à dépenser de milliards de dollars pour des programmes de planning familial. Ils redoublent également les efforts tendant à convaincre les groupes d’Etats musulmans sur les questions de l’égalité des sexes et des droits reproductifs. Pour autant, l’avortement et les droits homosexuels n’ont pas été accueillis chaleureusement dans les pays traditionnels.

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