Mariage pour tous: pourquoi François Hollande a tout à craindre du vote de la loi Taubira (05/04/2013)

 Du site “Liberté Politique”:

“ On ne comprend pas l’obstination de François Hollande et de la plupart des socialistes à faire passer en force le « mariage » homosexuel si on ne voit pas dans quelle vision de l’histoire, totalement simpliste, elle s’inscrit.

Dans la culture (il faudrait plutôt dire inculture !) socialiste d’aujourd’hui, l’histoire de France n’est depuis 1789 qu’une longue marche en avant vers la lumière et le progrès que rien n’est venu interrompre et sur laquelle aucun doute n’est permis.

 Dans cette perspective linéaire, le « mariage pour tous » est la suite logique de l'égalité des droits prônée par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, comme la légalisation de l’homosexualité, émancipant la loi et la morale des « tabous religieux » prolonge la laïcité de Jules Ferry.

 Un hégélianisme de supermarché

Inspirés par un hégélianisme de supermarché pour lequel la vérité morale et politique est à chercher dans l’air du temps, les socialistes diront que l’évolution de mœurs est en soi normative, que les normes n’ont aucun caractère fixe, qu’elles évoluent avec les époques et qu’il est donc normal que ce qui paraissait impensable pour la gauche du XIXe siècle apparaisse comme un progrès dans les générations ultérieures, plus éclairées cela va de soi.

Les mœurs précèdent d’ailleurs généralement la loi et le rôle du législateur sera de « mettre la loi en conformité avec les mœurs ». De cette évolution à sens unique vers le progrès et le bonheur de l’humanité, la gauche se flatte de représenter l’avant-garde parce que, fille des Lumières, elle croit n’être prisonnière d’aucun dogme. Et face à cette évolution, il y a, comme il y a toujours eu, selon elle, des forces de résistance, voire de réaction qui n’ont que le défaut d’avoir un temps de retard. Parmi ces forces, la droite, les religions en général, mais particulièrement l’Église catholique.

Cette position philosophique très simplificatrice explique largement le comportement de la majorité actuelle « sur l’ouverture du mariage aux personnes du même sexe ».

Aucun débat possible

D’abord le refus du débat. Entre ceux qui s’estiment dans « le sens de l‘histoire » et ceux qui sont supposés contre, les rétrogrades, les réactionnaires. Qu’importe l’opinion des seconds, puisqu’ils sont destinés, comme le disaient les marxistes, aux « poubelles de l’histoire ». La tyrannie du sens de l’histoire dispense de tout débat sur le fond : savoir ce qui est bon ou pas pour la société n’a, dans une telle perspective, aucune importance.

Anti catholicisme

L’Église catholique n’a pas toujours été depuis deux siècles, contrairement à ce qu’on croit rue de Solferino, un frein au supposé « progrès ». Ainsi l’encyclique Rerum Novarum de 1891, qui remet en cause le capitalisme libéral, est apparue prophétique avec le recul. Quand Rome condamne en 1937 à quelques jours d’intervalle le nazisme et le communisme, elle est apparue rétrograde à beaucoup d’intellectuels de ce temps qui pensaient que la démocratie avait fait son temps et que seuls les régimes autoritaires étaient désormais dans le sens de l’histoire. Or l’avenir a montré que c’était elle qui avait raison, non seulement au regard de la morale mais aussi de l’histoire. L’Église a plutôt précédé que suivi le mouvement de décolonisation en promouvant très tôt le clergé indigène.

S’agissant de la prétendue résignation des catholiques aux changements imposés par les « progressistes », il ne faut pas tout mélanger. La Révolution française n’a jamais fait l’objet d’une condamnation « en bloc » par la papauté, mais seulement la Constitution civile du clergé, abrogée par le Consulat au bénéfice d’un Concordat négocié avec la papauté. La République, contrairement à ce qu’on croit, n’a jamais été remise en cause dans son principe ; si, pour des raisons sociologiques, les élites catholiques furent plutôt monarchistes au XIXe siècle, elles étaient, pour les mêmes raisons, républicaines en Irlande.

L’Église a dû accepter l’école laïque, mais une école catholique s’est reconstituée au fil des ans et, quand la gauche a voulu nationaliser celle-ci dans les années quatre-vingt, c’est elle qui a perdu, le monopole d’État qu’elle défendait ne correspondant plus à l’air du temps.

L’Église catholique, quoi qu’en pense un mouvement féministe enfermé dans une doxa encore plus simpliste, n’a jamais contesté l’égalité de droits des femmes. C’est plutôt la gauche qui a bloqué leur droit de vote entre 1918 et 1945.

 Un combat d’arrière-garde ?

Dans les questions sociétales, comme autrefois face au libéralisme triomphant ou à la montée des totalitarismes dans les années trente, l’Église catholique, ainsi que ceux que ses positions inspirent, croyants ou non, apparaissent non comme des rétrogrades menant un combat d’arrière-garde , mais comme des garde-fous (au sens strict du terme : ceux qui nous gardent de la folie ambiante) ayant eu et ayant encore l’immense mérite de garder le bon sens, quand une partie du monde politique se trouve sous l’emprise d’un délire collectif.

Loin d’être un combat des progressistes contre les réactionnaires, nous avons affaire à un combat de la raison contre la déraison.

C’est le motif de la force des opposants au prétendu mariage pour tous ; ils ne s’appuient pas seulement sur une Église affaiblie, mais sur l’analyse instinctive que font tous les gens ordinaires auxquels le matraquage médiatique n’a pas fait complètement perdre le bon sens, à commencer par la majorité des élus locaux , même socialistes. 

Les suites éventuelles de la loi

Le scénario imaginé par François Hollande - après un baroud d’honneur des opposants, une fièvre passagère, et le vote de la loi, le retour au calme, la population se résignant - est gravement illusoire.

Gageons que le vote de cette loi sera au contraire pour François Hollande, non point la fin mais le vrai commencent de ses ennuis (N.D. Belgicatho: cet article a été rédigé avant l’aveu du désormais ancien Ministre du Budget Cahuzac et le désastre en termes d’image de moralité qui frappe désormais l’exécutif français). Qu’il ne se fasse pas d’illusions : ce vote ne suffira pas à acclimater le mariage homosexuel en France. “

Pour lire l’article complet:http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Pourquoi-Francois-Hollande-a-tout-a-craindre-du-vote-de-la-loi-Taubira 

15:23 | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |