Légaliser le mariage pour tous, c'est inscrire la transgression dans la loi (16/04/2013)

France: le "mariage pour tous", une loi transgressive

Le Sénat français a voté le jeudi 11 février la loi en faveur du « mariage pour tous ». La loi qui devait être à nouveau examinée à la fin du mois de mai par l’Assemblée nationale française le sera en réalité le mercredi 17 avril, ce qui en dit long sur la volonté du gouvernement français de précipiter le processus legislatif.

Dans un entretien accordé à ZENIT, Monseigneur Tony Anatrella, psychanalyste et spécialiste en psychiatrie sociale, Consulteur du Conseil Pontifical pour la Famille et du Conseil Pontifical pour la Santé a déclaré ceci:

Extraits

Sur le plan de la violence:

Il faut regretter et dénoncer tout ce qui mène à la violence et voir, à cette occasion, des groupes extrémistes de part et d’autre se mettre en scène de façon provoquante. La question est de savoir d’où vient la violence ? Celle-ci procède de la loi elle-même qui agresse et fait violence à la société en transgressant l’un des principes majeurs sur lesquels elle se développe et se civilise. La loi viole socialement le respect de la différence sexuelle qui est à l’origine de diverses institutions humaines comme le couple et la famille formés uniquement par un homme et une femme. …

Je l’ai souvent montré, on confond l’identité sexuelle avec des orientations sexuelles alors qu’elles ne sont pas sur le même registre. Une tendance sexuelle ne peut inspirer aucune institution susceptible d’humaniser et de socialiser la sexualité humaine, à moins de se complaire dans l’imaginaire et dans le mimétisme. Elle reste du domaine des pulsions partielles et des identifications primaires qui, lorsqu’elles sont valorisées pour elles-mêmes comme c’est le cas aujourd’hui, sont destructrices de lien ou rendent instables et précaires le lien. Cela indique que nous sommes dans une société égocentrique et immature.

Le politique prend l’état premier de la sexualité infantile pour la finalité et l’achèvement de la sexualité humaine. C’est à cela que nous conduit la société narcissique. Il n’y a rien de plus violent que de prétendre inscrire l’indistinction sexuelle dans la loi en proposant de se « marier » au nom de l’unisexualité. Comment ne pas voir cet enfantillage et cette folie ?

Il faudrait également cesser de se laisser conditionner par la violence des slogans médiatiques mensongers. Faut-il rappeler qu’il n’y a rien d’homophobe, pour autant que cette formule ait un sens, à dire que seuls un homme et une femme se marient, conçoivent, adoptent et éduquent des enfants. Tout simplement parce que le mariage représente l’alliance des sexes qui évite la guerre des sexes. Le refus ou la grève du mariage, voire son détournement pervers au bénéfice de ceux qui ne sont pas dans les conditions du mariage, ouvre la guerre des sexes (cf. la parité qui n’est pas l’égalité) et la confusion des unions. Deux personnes de même sexe ne peuvent en aucun cas représenter l’union matrimoniale sauf à être dans le simulacre d’une institution qui ne leur convient pas et qui ne résout pas le problème de l’homosexualité, et pas davantage la création d’une « union civile ». Telle est la source de la violence faite à la société : la loi oblige à s’installer dans la régression ! On ne peut pas unir ce qui se ressemble à moins de détourner des symboles qui n’ont rien à voir avec l’homosexualité.

On ne joue pas impunément socialement avec la règle de la différence sexuelle

Nous ne pouvons pas nous socialiser à partir de l’homosexualité qui demeure un fait psychique particulier et individuel. Elle relève de la vie privée et ne peut en aucun cas devenir une source de loi sauf à rendre la société encore plus narcissique. Ce ne sont pas les personnes qui, ici, sont en question car la vie affective est une réalité complexe et chacun essaie de vivre comme il peut. Mais la volonté d’en faire un système et une norme sociale qui n’ont pas leur place dans le lien social et les institutions. La loi est faite pour dire le bien commun et non pas l’intérêt particulier d’une orientation sexuelle.

Il n’y a pas d’égalité en la matière. Car, qu’on le veuille ou non, la différence sexuelle est bien un marqueur social comme l’unisexualité en est un autre quand on veut l’organiser socialement comme tel, et encore davantage lorsque des enfants sont impliqués dans un contexte d’homosexualité alors qu’ils ne peuvent procéder ni physiquement ni symboliquement d’une relation inféconde.

Leur existence n’a rien à voir avec l’exercice de la sexualité de deux adultes, vécue dans le miroir de l’autre. … La loi ne peut donc pas créer de l’égalité là où elle n’existe pas comme entre un couple formé par un homme et une femme et un duo de personnes de même sexe.

Les conséquences de la loi sur le “mariage” pour tous

Un vote au parlement en faveur d’une loi ne rend pas nécessairement celle-ci authentique, juste et respectable. La plupart des gens ne se retrouvent pas dans cette loi dont ils ne sentent pas solidaires. Elle crée des catégories de population, des tribus qui font exploser le lien social. Déjà des jeunes qui vivent en concubinage me disent vouloir se marier au plus vite pour ne pas se retrouver engagés sous le régime de cette nouvelle loi. Ils ne peuvent pas se sentir interdépendants avec des citoyens dans un type de mariage où l’on mélange tout et son contraire.

La conséquence directe de cette loi consiste à dévaloriser le sens de la loi qui n’est plus estimable lorsqu’elle sert des intérêts intrasubjectifs et une vision partielle de la sexualité humaine. Elle ne s’enracine pas dans la réalité et la nécessité des choses, surtout lorsqu’elle fait perdre sa dignité au sens du mariage et de la filiation.

09:35 | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |