cours philosophiques: l’arroseur arrosé (03/05/2013)
Dans « La Libre » d’aujourd’hui, le constitutionnaliste Marc Uyttendaele s’inquiète du devenir d’un projet cher aux milieux de la « libre » pensée et du monde laïc belges. Extrait :
« Sur le plan juridique, il est désormais acquis que les écoles officielles doivent organiser des cours de religion et de morale, mais nul ne peut être contraint de les suivre, le cours de morale n’étant plus, depuis la consécration de la laïcité dans la Constitution, un cours résiduel.
Sur le plan économique, il existe, à charge de la Communauté, un nombre important de professeurs de religion et de morale qui ne sont pas forcément à même de dispenser d’autres enseignements.
Face à cette équation, la ministre de l’enseignement obligatoire propose d’organiser, à côté du cours engagé de morale laïque, un cours de morale neutre. Celui-ci serait destiné à tous les élèves qui ne se reconnaissent ni dans une religion reconnue, ni dans la laïcité organisée. Cette formule, juridiquement incontestable, n’en est pas moins insatisfaisante.
En effet, elle ne permet pas de combler, au bénéfice de l’ensemble des élèves, le vide qui a été dénoncé. Ceux-ci continueraient à suivre un cours de religion ou de morale, mais seraient privés du droit de recevoir un enseignement objectif et critique sur l’ensemble des religions et des courants philosophiques.
D’autres solutions existent. En vertu de la Constitution, les élèves ont droit, tout au long de l’obligation scolaire, à une éducation religieuse ou morale. La Constitution ne quantifie pas ce qui est recouvert par cette éducation et partant ne la cantonne pas dans un carcan horaire. Autrement dit, rien n’impose que deux heures soient consacrées hebdomadairement, pendant douze ans, à des cours de religion ou de morale.
L’exigence constitutionnelle serait, par exemple, parfaitement respectée si au début de l’obligation scolaire, ces cours étaient dispensés deux heures par semaine pour être réduits au fur et à mesure du temps, et ne plus l’être qu’une heure par mois à la fin des études secondaires. En faisant ainsi de la place dans la grille horaire, tous les enfants pourraient bénéficier d’un enseignement objectif consacré à l’histoire des religions et à la philosophie.
Ils seraient ainsi mieux armés pour comprendre la société dans laquelle ils vivent, quitte à pouvoir porter, librement, un regard critique sur les convictions de leurs propres parents.
Le problème économique n’est évidemment pas insoluble. Une solution parmi d’autres consisterait à ne pas remplacer les titulaires des cours de morale et de religion qui prennent leur pension et d’associer, dans une phase transitoire, ceux qui sont encore en fonction au nouvel enseignement. Ils pourraient ainsi venir exposer à tous les élèves les éléments objectifs relatifs au culte ou au courant philosophique qui est le leur, à charge pour de nouveaux professeurs, formés à cette fin, de délivrer aux mêmes élèves un enseignement objectif et critique.
Bref, la création d’un cours de morale neutre est une fausse bonne idée. Il s’agit, en quelque sorte, d’une réponse a minima aux objections juridiques qui ont été soulevées à l’encontre du système actuel. Une telle réforme revient en quelque sorte à sortir une vieillerie du grenier, à en faire une réparation de fortune et à la replacer là où on l’avait trouvée. Le moment est venu d’oser une grande réforme en offrant à tous les élèves des écoles francophones une plus grande connaissance des religions, une plus grande culture et un bagage critique. La société de demain ne pourra en être que meilleure. »
Ici : Le cours de morale neutre, "une fausse bonne idée"
Recadrons le débat :
Tel qu’il est engagé, celui-ci ne concerne pas (encore ?) l’enseignement libre (c'est-à-dire en fait catholique) qui scolarise la moitié des jeunes belges.
Le professeur Uyttendaele écrit que si « les écoles officielles doivent organiser des cours de religion et de morale, nul ne peut être contraint de les suivre, le cours de morale n’étant plus, depuis la consécration de la laïcité dans la Constitution, un cours résiduel ».
Deux remarques : la laïcité reconnue dont parle le professeur Uyttendaele n’est évidemment pas celle de l’Etat et des pouvoirs publics mais la laïcité philosophique qui est assimilée aux six autres cultes reconnus. Ensuite, est-il si clair que nul ne peut être contraint de suivre ce type de cours ? La Flandre a effectivement accepté que des parents puissent faire exception de conscience à l'ensemble des cours de religion et de morale, en raison de ce que, en Flandre, on estime le cours de morale insuffisamment neutre. Il ne s'agit donc pas de rendre les cours facultatifs, mais d'acter l'absence d'un cours subsidiaire neutre. Le cas ne semble pas encore s’être posé pour la Belgique francophone.
Et voici donc la laïcité prise à son propre piège : si certains élèves ne se retrouvent pas dans les cours de religion et de laïcité engagée actuellement dispensés dans l’enseignement officiel, eh bien créons une nouvelle option : un cours de laïcité neutre.
Ce n’est évidemment pas du tout ce que veulent les tenants de la pensée unique post-moderne : sous le masque de la culture et de la formation à l’esprit critique, ils entendent, au contraire, poser une grande accolade au-dessus de toutes les convictions religieuses ou philosophiques, dont l’enseignement serait progressivement asservi aux valeurs d’un Décalogue officiel.
Marc Uyttendaele, Vincent Peillon, même combat ? Oui, mais non vraiment la Belgique n'est pas la France à cet égard...
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Commentaires
Franchement, vu ce qu'est l'enseignement de la religion dans les écoles dites catholiques en Belgique, on se demande s'il ne vaudrait pas mieux le supprimer...
Personnellement, outre la diffusion de films tels que Scout toujours ou Philadelphia, j'y ai appris Freud, Marx et même Wilhelm Reich. Les Pères de l'Eglise ? Connais pas. Le dogme ? Le quoi ?
Écrit par : Olivier | 03/05/2013
Ce M. Uyttendaele est un homme dangereux pour les libertés des citoyens. Il cherche à ôter aux parents leur droit fondamental de choisir l'éducation qu'ils veulent pour leurs enfants. Il cherche à transférer à l'État ce choix, comme dans tout pays totalitaire.
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Il appelle même à formater les enfants à contester leurs propres parents. C'est la porte ouverte aux dénonciations des parents par leurs propres enfants, pour pensées contestataires ou dissidentes de la pensée unique officielle.
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Il faut rester ferme face à ce discours totalitaire digne des années 30, et face à cet endoctrinement des enfants à l'idéologie officielle. Et comme cette idéologie officielle est ouvertement anti catholique, il n'est pas difficile de se rendre compte de l'objectif poursuivi par les anticléricaux qui dictent leur loi en Belgique.
Écrit par : Pauvre Job | 03/05/2013
@olivier
A qui la faute si le cours de religion est médiocre ? Les parents chrétiens doivent faire entendre leur voix et respecter leurs droits; ce qu'ils ne pourraient légalement plus faire si un enseignement de la morale "officielle" venait à s'imposer à tous...
Écrit par : JPS | 03/05/2013
1) vu ce qu'est l'enseignement de la religion dans les écoles dites catholiques en Belgique, on se demande s'il ne vaudrait pas mieux le supprimer...
2) Ce M. Uyttendaele cherche à ôter aux parents leur droit fondamental de choisir l'éducation qu'ils veulent pour leurs enfants. Il cherche à transférer à l'État ce choix, comme dans tout pays totalitaire. Il faut rester ferme face à ce discours totalitaire digne des années 30, et face à cet endoctrinement des enfants à l'idéologie officielle.
3) A qui la faute si le cours de religion est médiocre ? Les parents chrétiens doivent faire entendre leur voix et respecter leurs droits; ce qu'ils ne pourraient légalement plus faire si un enseignement de la morale "officielle" venait à s'imposer à tous...
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A ces trois messages, je voudrais répondre:
1) Supprimer ce qui dérange l'Esprit du monde, alors que ce n'est pas la volonté de Dieu, c'est un crime! Nous n'en avons pas le DROIT ! Nous, baptisés, sommes tous soldats de Dieu! Battons-nous!
2) Nous savons depuis des années, et des années, que tout doucement, imperceptiblement les divers gouvernements, pour lesquels NOUS avons vôtés ... démocratiquement!!!! n'ont fait que chercher à ôter aux parents, à la famille (noyau de la société) le droit fondamental d'éduquer leurs enfants dans les normes de l'Evangile et en suivant la philosophie de vie de Dieu créateur de tout l'univers! La foi chrétienne fait partie de nos civilisations depuis la nuit des temps! . C'est très loin d'être nouveau! Mais "ON" cherche à nous le faire oublier! C'est bien cela qui est à la base de toute cette "démission" de la part des parents chrétiens et de la société qui n'ont pas su montrer les dents!!!!. Il ne faut quand même pas croire qu'il y a encore des gens qui ne le savent pas! Mais QUI REAGIT ???? Où sont les groupes de parents, de grands-parents, d'arrières grands parents qui dans les écoles et ailleurs décident de se rebiffer ET d'AGIR SURTOUT ???? Ils ne sont nulle part! L'union ne fait pas la force dans le monde actuellement! Il n'y a plus d'union!!!! Sinon l'Etat, les gouvernements n'auraient jamais eu le dernier mot. C'est pendant qu'on dort que le voleur vient, en douce!
Ce qui me choque particulièrement dans le monde d'aujoud'hui, c'est tous ces parents et grands-parents et arrières grands-parents, l'Eglise derrière eux qui les instiguent à capituleer dans leurs devoirs d'Etat en criant partout à qui veut les entendre ou qui ne veulent pas les entendre; "place aux jeunes! allez les jeunes! nous comptons sur vous les jeunes! et patati et patata, et gnangnangnan, ..." et pendant ce temps, EUX ils se la coulent douce, et dorment sous des lauriers qu'ils sont loin d'avoir gagné! Pire! ... ils perdent leurs places sous le laurier à cause de leur laxisme dans l'éducation de la foi chrétienne, et surtout de la transmission de celle-ci!
Où sont les adultes parents etc... pour DONNER L'EXEMPLE de l'ACTIVITE tant mentale, que spirituelle? Voilà qui me scie personnellement. Dieu donne les forces à qui les lui demande! Nous sommes TOUS enfants de Dieu.
Voulons-nous des jeunes dynamiques? Soyons-le avant eux et jusqu'au dernier jour de notre vie sur terre! Vie qui nous est donnée par Dieu! Pas par ... l'esprit du monde!
Je voudrais, fatiguée de le dire et de le redire, et de voir que si le monde à un coeur, qui est le Moteur de la locomotive de la vie... et bien les wagons sont excessivement pesants et horribleemnt dur à se mouvoir pour avancer, et foncer... vers l'avant!!!! Ils en deviennent rouillés! Pourtant le dérouilleur est Dieu!!!! Ne l'oublions jamais. Super puissant.
Alors je choisis, de guerre lasse un psaume, et je voudrais en profiter pour vous inciter à la lecture des psaumes, en général, pour prier et se ressourcer, chercher le courage pour l'action e la confiance EN DIEU !
J'ai trouvé mon bonheur personnel dans le site de KTO;
http://www.ktotv.com/videos-chretiennes/emissions/psaume.html
Je vous le recommande. Chaque jour un psaume! Comment ne pas partager ce qui moi me sauve de toute cette haine dans le monde, face à quoi nous sommes si pauvres pour nous en sortir SEULS !
Psaume 36.C
"Quand le Seigneur conduit les pas de l'homme, il sont fermes; et sa marche lui plaît. S'il trébuche, il ne tombe pas, car le Seigneur le soutien de sa main. Jamais, de mes vieux jours à ma jeunesse, je n'ai vu le juste abandonné, ni ses enfants mendier le pain. Chaque jour il a pitié, il prête; Ses descendants seront bénis.
Evite le mal, fait ce qui est bien, et tu auras une habitation pour toujours. Car le Seigneur aime le bon droit. Il n'abandonne pas ses enfants. Ceux-là seront préservés à jamais. Les descendants de l'impie seront déracinés. Les justes possèderont la terre et toujours l'habiteront. Les lèvres du juste redisent la sagesse, et sa bouche énonce le droit. La loi de son Dieu est dans son coeur. Il va sans craindre les faux pas."
Écrit par : Mizuki | 04/05/2013
Merci à ceux qui ont répondu à mon commentaire, je m'excuse, un peu provocateur. Je suis bien d'accord qu'il faut malgré tout se battre pour le maintien de ces cours, mais je voulais souligner qu'il y avait aussi un combat, très important, à mener pour que ces cours soient VRAIMENT des cours de religion, et de religion catholique...
On en est très loin et le combat doit se mener à tous les niveaux, au niveau des rares profs qui sont vraiment catholiques, pour qu'ils soient mieux formés, au niveau du reste des profs de religion, qui ne le sont pas, en intervenant lors de contenus particulièrement choquants, au niveau des programmes diocésains, parce que, franchement, mettre les philosophes du soupçon (je crois que c'est toujours le cas) au programme de rhéto, c'est de facto et étant donné ce que sont les profs de religion, favoriser l'enseignement de l'athéisme en cours de religion ! Mais même indépendamment du problème des profs, c'est une très mauvaise idée - une bonne idée ce pourrait être, de connaître les arguments adverses, si 1) on présentait les contre-arguments, ce qui n'est jamais le cas (il faudrait voir les programmes pour voir si c'est prévu explicitement ou en passant...), et surtout si 2) il y avait eu une vraie formation en philosophie réaliste (ou phénoménologique), en théologie, en patristique... Alors, alors, seulement, une fois sa foi, sa tradition connue, on peut s'affronter à l'esprit du monde...
Pour l'instant les cours de religion sont en bien des écoles des lieux d'apprentissage de l'esprit du monde.
Donc battons-nous sur ce front là aussi.
Écrit par : Olivier | 06/05/2013