O bienheureuse Trinité qui nous rends heureux ! (25/05/2013)

(Saint Bernard de Clairvaux, Sources chrétiennes, Sermons sur le Cantique, Tome 1, Paris, Cerf,  1996, p. 247-249)

O bienheureuse Trinité qui nous rends heureux ! Vers toi soupire misérablement ma trinité de misère, parce que loin de toi elle vit un pénible exil. En s’éloignant de toi, dans combien d’erreurs, de douleurs, de peurs s’est-elle fourvoyée ! Hélas ! Quelle trinité avons-nous échangée contre toi ! « Mon cœur est troublé », d’où la douleur ; « ma force m’a abandonné », d’où la frayeur ; « et la lumière de mes yeux n’est plus avec moi », d’où l’erreur. Voilà, ô trinité de mon âme, quelle trinité de dissemblance tu as rencontrée sur le chemin de ton exil.

Néanmoins, « pourquoi  es-tu triste, ô mon âme, et pourquoi me troubles-tu ? Espère en Dieu, parce que je me fierai encore en lui ». C’est-à-dire, lorsque l’erreur se sera écartée de la raison, la douleur de la volonté, et toute peur de la mémoire. Alors ces maux seront remplacés par ce que nous espérons : une merveilleuse sérénité, une pleine douceur, une éternelle sécurité. La première sera l’œuvre de Dieu vérité ; la deuxième de Dieu charité ; la troisième de Dieu puissance souveraine. Ainsi « Dieu sera tout en tous » : la raison recevra la lumière sans déclin ; la volonté atteindra la paix inaltérable ; la mémoire demeurera éternellement auprès de son intarissable source. Vous jugerez vous-mêmes si l’on peut attribuer à juste titre le premier de ces biens au Fils, le suivant au Saint-Esprit, et au Père le dernier ; sans toutefois enlever la moindre part de ces trois biens ni au Père, ni au Fils, ni à l’Esprit-Saint. Gardez-vous en effet d’amoindrir par une telle distinction la plénitude de chaque Personne, ni d’effacer leur propriété par leur parfaite unité. Observez en même temps que « les enfants du siècle » font une expérience analogue au sujet des séductions de la chair, des spectacles du monde et des pompes de Satan. Mais tout cela est le moyen dont la vie présente se sert pour duper ses malheureux amants, selon cette parole de Jean : « Tout ce qui se trouve dans ce monde est concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et ambition du siècle ». 

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