Rome : un nouveau départ dans les relations entre anglicans et catholiques (14/06/2013)

Lu sur le site du Figaro ce 14 juin, sous la plume de Jean-Marie Guénois :

Deux novices se rencontrent ce matin à Rome. L'un, François, argentin, est en charge de l'Église catholique depuis bientôt cent jours, au titre de pape, évêque de Rome. L'autre, Justin Welby, anglais, est en charge dela Communion anglicane depuis cent jours également, au titre de primat, archevêque de Cantorbéry.

Ce n'est pas leurs nationalités, naguère opposées par la guerre des Malouines, qui pourraient les contrarier, mais deux dossiers lourds, qui freinent depuis une bonne décennie la qualité des relations entre ces deux Églises chrétiennes.

Tout d'abord, la question de l'ordination des femmes à la prêtrise. Elle est admise dans l'Église anglicane. Elle pourrait, un jour, voir des femmes évêques. Si, en Angleterre, un synode a repoussé de très peu cette possibilité en novembre dernier, ce dossier délicat resurgira.

Ensuite, la création par Rome, sous le pontificat de Benoît XVI, d'un «ordinariat» spécialement réservé à des anglicans mécontents de leur Église - précisément en raison de l'accès des femmes à la prêtrise et à l'épiscopat - qui désirent rejoindre l'Église catholique. Cette structure d'accueil existe désormais. Les anglicans, tout en étant «catholiques», continuent à y vivre leur vie ecclésiale en quasi-autonomie.

Cette main tendue de Benoît XVI avait d'ailleurs été perçue comme un acte antiœcuménique. L'œcuménisme consistant, en effet, à travailler à l'unité de toutes les Églises chrétiennes. Et non à la prééminence de l'Église catholique, ce qui sous-tendait la politique de Benoît XVI.

"Tous deux passionés par les questions sociales":

Des sources bien informées indiquent qu'il est très peu probable que les deux responsables religieux abordent ces sujets qui fâchent. Contrairement à leurs prédécesseurs (Rowan Williams et Benoît XVI), ils n'ont pas des profils de théologiens mais de pasteurs, très pragmatiques l'un et l'autre.

Justin Welby, 56 ans, est un père de famille de cinq enfants. Diplômé de l'université de Cambridge, il a passé une partie de sa carrière de cadre financier dans l'industrie pétrolière. Tout comme le pape François, il est passionné par les questions sociales.

Il est donc à prévoir que les deux hommes vont essentiellement échanger sur la crise mondiale, le rôle de la finance, la justice sociale. Un sujet qui intéresse au plus haut point le pape François. En parallèle de l'encyclique sur la foi commencée par Benoît XVI et qu'il finalise - il l'a confirmé jeudi -, le pape François travaille en ce moment à sa première vraie encyclique sur le thème de la pauvreté. 

Ils pourraient également évoquer la question de la «prise de décision» dans l'Église. Le pape François consulte beaucoup actuellement en vue de la réforme de la curie. Il aurait même recours à un conseiller extérieur en organisation, un Allemand, Thomas von Mitschke-Collande, que lui a présenté, très satisfait de ses services, l'évêque du puissant diocèse de Munich, Mgr Reinhard Marx.

Ce problème de la prise de décision dans l'Église est surtout au cœur des rencontres formelles de discussions théologiques (cycle Arcic III) entre anglicans et catholiques. Mais derrière cette question, en apparence technique ou managériale, c'est le thème de l'autorité et du pouvoir qui est directement abordé.

Or tous les signaux que donne le pape François depuis son arrivée vont dans le sens d'une plus grande «collégialité» et «synodalité» dans le gouvernement de l'Église. Il l'a encore redit publiquement jeudi devant la structure chargée au Vatican de l'organisation des synodes. Au rebours, donc, d'une vision pyramidale et centralisatrice.

Si cette évolution se confirmait, ce qui serait une forme de révolution, ce ne sont pas seulement les anglicans qui se réjouiront - comme ils l'ont fait au moment de l'élection du pape François -, mais ce serait aussi le monde orthodoxe et le monde protestant. Ils attendent depuis longtemps une évolution en ce sens du gouvernement de l'Église catholique.

Référence  Rome : un nouveau départ dans les relations entre anglicans et catholiques

L’œcuménisme ordinaire consiste à entretenir le dialogue, conçu comme une fin en soi, sur les sujets qui ne fâchent pas (comme les questions sociales). Mais les divergences entre la « Communion » (?) anglicane et l’Eglise catholique sont bien plus profondes que la simple manière d’exercer la charité ou même le ministère pétrinien. Les « ordinariats » mis en place par Benoît XVI constituent (ou doit-on dire maintenant « constituaient »?) une tentative de proposer une solution originale pour rallier les groupes d’anglicans qui rejettent le libéralisme théologique de cette prétendue Eglise. Ce qui est tout à fait contraire à la vulgate de l’ « esprit du concile ».  

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