La seule révolution qui tienne selon François (19/06/2013)

De l'abbé Guillaume de Tanoüarn, sur Metablog :

"Aujourd'hui, un chrétien, s'il n'est pas révolutionnaire, n'est pas chrétien !" a lancé le pape argentin aux milliers de participants du Congrès ecclésial du diocèse de Rome, par manière d'appel du 18 juin.

De quelle révolution s'agit-il ? (...) c'est celle de la grâce, du Royaume qui vient, du salut qui nous est donné par le Christ. DONNE. Le salut n'est pas le fruit de nos misérables efforts, mais le don qui vient de la Passion du Christ. Voilà la première révolution chrétienne : donner ce que quiconque aurait cherché à vendre très cher : le Royaume pour tous les hommes de bonne volonté. Les curés ont toujours cherché à compliquer les choses, mais c'est donné. Si nous l'oublions, nous sommes ce que le pape appelle des pélagiens (voir François se dévoile un petit peu).

Ce don gratuit est bouleversant (adjectif synonyme de révolutionnaire). C'est ce qui, au cours de l'histoire du monde, a le plus contribué à changer les hommes. Je caractériserais ce changement de deux manières : l'individu humain est devenu une personne, c'est-à-dire un être responsable (de son salut justement) et libre (d'imiter le Christ). Deuxième changement : les coeurs. Au lieu de se laisser manipuler par toutes les convoitises, ils doivent s'ouvrir à la divine charité. Différence ? La convoitise prend, la charité donne, puisqu'elle est elle-même le premier fruit du don gratuit de Dieu.

C'est en ce sens que François déclare : "Il y a eu beaucoup de révolutionnaires dans l'histoire, mais aucun n'a eu la force de la révolution apportée par Jésus, une révolution (...) qui change en profondeur le coeur de l'homme", a encore affirmé le pape face à une salle d'audiences noire de monde et enthousiaste. "Dans l'histoire, les révolutions ont changé les systèmes politiques, économiques, mais aucune n'a vraiment modifié le coeur de l'homme", a relevé le pape avant de soutenir "la vraie révolution, celle qui transforme complètement la vie", a été "accomplie" par Jésus.

On peut penser que la Révolution chrétienne est la seule qui a vraiment marché et qui continue à marcher. René Girard l'a admirablement démontré, en opposant l'archaïsme (fondé sur la mise à mort des boucs émissaires) et le christianisme (qui se fait le champion de l'innocence des victimes et qui prône le sacrifice de soi). C'est dans cette perspective et sous ce patronage que nous avons écrit l'été dernier, le Père Michel Viot et moi, un livre paru aux éditions de l'Homme nouveau et intitulé La Révolution chrétienne.

Notez que le pape ne parle pas seulement de la Révolution chrétienne, il souhaite des chrétiens révolutionnaires. Pas des brosseurs de brebis ! Pas des chrétiens découragés qui semblent croire "à la déesse des plaintes". Et de demander au Seigneur "la générosité, le courage et la patience" pour annoncer l'Evangile. Il faut bien peser ses trois mots, car, en réalité, ils pèsent sur les épaules des apôtres du XXIème siècle. Que d'échecs ! Ou pire (pour l'amour propre) de demi succès dans l'apostolat ! Les échecs, il y a toujours moyens d'en chercher et d'en trouver les responsables en dehors de soi. Mais les demi-succès ? Une seule réponse : générosité, courage, patience.

Il y a du pain sur la planche pourtant ! "Je ne comprends pas les communautés chrétiennes qui sont fermées" a déclaré le pape. Fermées ? Je vais dire un gros mot : bourgeoises... Ou il fait bon de se retrouver entre soi... Ce sont ces attaques contre l'esprit bourgeois qui dérange chez le pape François. Ces attaques contre le conformisme ("Ne vous conformez pas à ce siècle dit saint Paul quelque part). Quelqu'un se sent visé ? Un peu tout le monde, je crois.

Au cours d'une intervention haute en couleur, le pape a notamment fustigé les communautés chrétiennes "fermées" (...) "Je ne comprends pas les communautés chrétiennes qui sont fermées", a confié le pape avant de s'exclamer : "Dans l'Évangile, il est beau le passage qui nous raconte que le berger revient et s'aperçoit qu'il lui manque une de ses 99 brebis et part la chercher ... Frères et soeurs, mais nous en avons une seule, il nous en manque 99 !". 

"Nous devons demander au Seigneur la générosité, le courage et la patience pour sortir et annoncer l'Évangile", a poursuivi le pape, reconnaissant que c'était"difficile".

"Il est plus facile de rester à la maison avec notre unique brebis, pour la brosser et la caresser, mais nous les prêtres et tous les chrétiens, le Seigneur veut que nous soyons des pasteurs, pas des brosseurs de brebis."

Citant son prédécesseur Benoît XVI, le pape François a alors assuré que cette révolution était "la plus grande mutation de l'histoire de l'humanité". Au cous de cette longue improvisation, le pape a également fustigé les "chrétiens découragés"dont "on se demande s'ils croient au Christ ou en la déesse des plaintes". Assurant que "le monde n'est pas pire qu'il y a cinq siècles", le pontife s'est moqué de ceux qui se plaignent de la jeunesse d'aujourd'hui en disant : "ah les jeunes !"

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