Bientôt Pâques pour la théologie de la libération ? (26/07/2013)

3173_theo_440x260.jpgSelon le “Monde des Religions” la théologie de la libération, que l’on pensait au tombeau,  espère ressusciter à la faveur de la grande “pagaille” (pour reprendre ses propres termes) agitée par le pape François. C’est du moins ce que pensent les nostalgiques des années 1970, mais est-ce si sûr ?  JPSC.

 Extraits:

La théologie de la libération aujourd’hui

.(…) Si l’autoritarisme latino-américain a été le terreau de ce mouvement religieux, si la théologie de la libération a introduit, dans le débat théologique et social, des questions de justice et de participation politique, elle ne semble pas être morte avec la démocratie.

Mais non, la théologie de la libération vit. Toutefois, avec la démocratie d’abord, puis avec le tournant à gauche de l’Amérique Latine, les oppositions se sont amoindries, et la théologie de la libération a perdu en visibilité. Elle a moins accès aux médias de masse (télévision, grands quotidiens, internet) que d’autres mouvements religieux, parfois plus conservateurs (notamment les Églises évangéliques). Elle attire moins, mais elle continue d’exister. Elle a même gardé sa place dans le catholicisme romain. Aucun schisme – quelle option improbable ! – aucune désertion de l’Église n’a eu lieu (…).

Le combat de la théologie de la libération contre les inégalités et les dernières prises de position du Pape François contre les dérives financières – et, de façon plus large, contre le néolibéralisme et la mondialisation – pourraient lui apporter un nouvel élan. Option fort possible, d’autant plus que la plupart de ses fondateurs (exception faite d’Helder Câmara, au Brésil, et d’Arnulfo Romero au Salvador) sont encore actifs : D’Escoto, Boff, Frei Betto, Guttiérez, Evaristo Arns (…).

Théologie de la libération et catholicisme romain

(…) Certes, il ne faut pas confondre l’insistance du pape sur la pauvreté – y compris celle qu’il met en pratique – et l’appartenance à la théologie de la libération. Le débat entre journalistes – mais bien peu entre historiens – sur l’indifférence du pape François envers la dictature en Argentine n’est pas clos, mais l’éloigne tout autant des théologiens de la libération, plus radicaux, que des militaires au pouvoir à l’époque. François ne fait pas partie de la théologie de la libération. Au contraire, il s’est opposé aux prêtres rouges dans les années 1970, afin de maintenir la non-politisation de la Compagnie de Jésus. Chose étonnante, du reste, si l’on considère son engagement contre le gouvernement de Kristina Kircher, 45 ans plus tard. Dans sa volonté de construire une Église des pauvres pour les pauvres, le pape prêche pour un changement non radical dans l’Église, ne touchant que peu au politique, contrairement aux prêtres rouges.

D’après Léonardo Boff, la question de la position du pape par rapport à la théologie de la libération importe peu : « L’important n’est pas d’être ou de ne pas être théologien de la libération, mais d’être en faveur de la libération des opprimés, des pauvres. Et ça, il (le pape) l’est avec une clarté indubitable ». Toujours selon Boff, il faut cesser de s’intéresser à la théologie, mais porter toute son attention à la libération. Quand il dit son désir d’« une Église des pauvres pour les pauvres », le pape est donc théologien de la libération (…).

« A lucha continúa hasta la revolución ! »

En conclusion, dire que la théologie de la libération est morte va trop vite en besogne. Son impact sur le rôle du catholicisme en politique en Amérique Latine a été très fort ; elle a su opérer une synthèse entre textes bibliques et sensibilité sociale et politique. Le pape François, bien que n’étant pas lui-même théologien de la libération, adoptera peut-être à son égard, une position plus bienveillante que celle de Benoît XVI. Le temps nous dira si la théologie de la libération sera capable de donner une nouvelle impulsion au christianisme sur le continent latino-américain et d’avoir un rôle politique aux côtés des plus pauvres. Elle n’a, en aucun cas, perdu de sa pertinence théologique et pratique.”

 Tout l’article ici: La théologie de la libération est-elle un astre mort ?

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