Pourquoi on brûle des églises en Egypte (20/08/2013)

Du Figaro via Riposte Séfarade :

Pourquoi brûle-t-on des églises en Égypte?

En «représailles» à l’action de l’armée pour les déloger par la force de leurs sit-in au centre du Caire, les Frères musulmans s’en sont pris aux chrétiens d’Égypte, une communauté remontant au Ier siècle et à saint Marc. L’islam n’est arrivé sur les bords du Nil qu’à la fin du VIIe siècle, à la faveur des invasions arabes. Jusqu’au Moyen Âge, les coptes restèrent majoritaires en Égypte. Mais, notamment pour ne pas payer l’impôt réservé aux dhimmis (gens du Livre, protégés mais ne jouissant pas de l’égalité juridique), de nombreux chrétiens se convertirent et c’est ainsi que l’islam devint la religion majoritaire en Égypte. En brûlant des églises, des librairies et des couvents chrétiens à travers l’ensemble du pays, les Frères musulmans ont montré leur vrai visage. Un fanatique a même assassiné dans la rue une petite fille de dix ans, qui revenait du catéchisme, une bible sous le bras. Le scénario est toujours le même avec les islamistes dans le monde arabo-musulman. Quand ils sont confrontés à une force qui les dépasse, ils se vengent contre la minorité chrétienne, même si cette dernière n’est en rien responsable de leurs vicissitudes. On a vu le cas en Irak, en Palestine, au Pakistan, au Nigeria, etc.

Dans le cas de l’Égypte, l’homme qui a donné l’ordre d’évacuation par la force des Frères musulmans n’est pas un chrétien. C’est le chef de l’armée, le général al-Sissi, qui se trouve être un pieux musulman, dont l’épouse se voile. Politiquement, cela fait longtemps que les chrétiens ne comptent plus au Caire. Depuis 1952, date de la révolution nassérienne, l’influence des coptes y est marginale. Sous Sadate et Moubarak, il y a bien eu de rares chrétiens au gouvernement, mais ils n’ont jamais eu les ministères de force ou les grands postes de la fonction publique. En s’attaquant aux lieux de culte des chrétiens, en les terrorisant dans leur vie quotidienne, en les menaçant plus ou moins directement sur les ondes des chaînes satellitaires arabes, les Frères musulmans - qui ont des armes alors que les coptes n’en ont pas – viennent d’ajouter la lâcheté à l’intolérance. Intolérants et obscurantistes, ils l’ont toujours été. Seuls les Américains furent assez naïfs pour comparer les Frères musulmans à nos chrétiens-démocrates de l’après-guerre, type Adenauer ou De Gasperi. Qu’on ne se laisse pas abuser par les interviews lénifiantes diffusées sur al-Jazeera en anglais: pour un Frère musulman, jamais une femme ne sera juridiquement l’égale d’un homme, jamais un chrétien ne sera politiquement l’égal d’un musulman. En histoire, les Frères sont systématiquement révisionnistes. Pour eux, comme l’a encore récemment clamé le chef de la commission culturelle de la Confrérie, l’Holocauste est un énorme mensonge historique, transformé par les Juifs en instrument de chantage international.

Assez curieusement, une bonne partie des médias occidentaux semblent s’offusquer de «ce coup d’État militaire ayant renversé un gouvernement légalement élu». Ont-ils oublié que Hitler, lui aussi, parvint à la Chancellerie du Reich, en janvier 1933, le plus légalement du monde? Mohammed Morsi fut – régulièrement – élu président d’Égypte en juin 2012, car il avait en face de lui un général ayant servi le régime précédent. Les Égyptiens attendaient de lui qu’il améliore la sécurité et l’économie, pas qu’il tente de changer la société. Quand ils se sont aperçus que l’idéologie l’emportait chez Morsi sur toute autre considération, quand ils ont constaté que les Frères musulmans se mettaient à noyauter tous les rouages de l’État, les Égyptiens ont manifesté par millions pour exiger un changement de ligne. Les militaires n’ont pas initié le mouvement Tamarod («rébellion» contre les islamistes), ils n’ont fait que le suivre. Morsi a commis l’erreur de croire que son élection lui donnait tous les droits. Or la démocratie, ce n’est pas la liberté de faire n’importe quoi pour celui qui se trouve, à un instant donné, leader d’une majorité politique ; c’est avant tout le respect de l’État de droit, la protection des libertés civiles fondamentales. Les Égyptiens ont senti qu’une fois que les Frères auraient noyauté toute l’administration, ils ne rendraient plus jamais le pouvoir. Et, à raison, ils ont eu très peur.

En mars 1939, après que Hitler, piétinant ses promesses de Munich, eut envahi Prague, une partie du haut état-major allemand estima qu’il était devenu fou et qu’il fallait l’éliminer. Mais n’osant pas prendre la décision tout seuls, ces officiers prussiens envoyèrent secrètement une délégation à Londres pour obtenir le parrainage du gouvernement britannique. Croyant à un piège, ce dernier fit la sourde oreille et les officiers allemands repartirent bredouilles. On connaît la suite. L’armée égyptienne a eu le courage de renverser Morsi sans demander leur parrainage aux Américains. C’est à elle que l’histoire donnera raison.

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