Hans Küng en phase avec François ? (08/09/2013)

« Une interview de Hans Küng dans la Repubblica du 7 septembre

Professeur Küng, comment jugez-vous l'appel du pape François à jeûner, une pratique qui est commune aux trois religions monothéistes, au nom de la paix en Syrie?

« Le geste nous montre le vaste horizon œcuménique (ndt: quelle est la conception œcuménique de Küng?) du pape François, le fait qu'il s'adresse aux être humains de toutes les religions, et au-delà: à tous les êtres humains de bonne volonté. Le fait qu'il s'adresse aux trois religions montre qu'il s'emploie avec sérieux et succès à prendre l'enseignement et le message qu'il nous a donné quand, élu pape, il a choisi le nom de saint François d' Assise. Et a décidé de saisir la chance de lancer indirectement un signal à l'Iran ».

Quel signal ?

« Le signal à tous les Iraniens et tous les êtres humains impliqués dans le cas iranien de se concentrer sur la prière et sur la volonté de paix, qui est le vrai enseignement de la prière , et à inviter ainsi tout le monde, y compris les gouvernants, à réfléchir en ce sens» .

Que nous enseigne donc l'appel du pape François ?

« Il enseigne et aide à prendre conscience de l'importance de la religion, des religions, pour l'objectif de parvenir à la paix. Il veut nous aider à comprendre que sans paix entre les religions, il y aura pas de paix au Moyen-Orient».

- Le Pape François pense aussi au cas iranien?

« Oui, il a saisi l'opportunité de faire sortir l'Iran de l'isolement qu'il a choisi seul. Le nouveau président iranien, Rohani, et cela n'a certainement pas échappé au pape François, a pour la première fois envoyé aux Juifs du monde entier, et pas seulement ceux qui vivent en Iran, mais tous, y compris les Israéliens, ses meilleurs voeux pour le début de la nouvelle année juive. Un signal aux juifs citoyens d'Israël. En contradiction flagrante avec son prédécesseur Ahmadinejad qui disait vouloir effacer l'Etat d'Israël de la carte du monde. Il est également important que le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères Sarif - François aura bien saisi cette nouveauté - qui est avec moi membre du conseil d'une vingtaine de personnes choisies par l'ancien Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan pour le dialogue entre les cultures, m'a soutenu pour reconnaître l'importance du Weltethos, de l'éthique mondiale, auquel je travaille, comme système de valeurs et de normes communes pour mieux se comprendre mutuellement. Ce serait une base sûre pour la paix au Moyen-Orient».

- Et si en revanche, on en arrive à l'attaque de la Syrie ?

« Une attaque armée contre la Syrie sans mandat de l'ONU serait contraire au droit international, elle prolongerait et approfondirait le conflit plutôt que de le résoudre, ce ne serait pas une guerre de 60 seulement jours. L'autre voie est plus prometteuse. Je m'associe à l'appel de Jeffrey Sachs, il a demandé que les États-Unis fournissent à l'ONU des preuves claires sur les armes chimiques et leur utilisation par le régime, et qu'ils demandent au Conseil de sécurité de condamner les responsables des crimes, et de s'en remmettre à la cour la justice internationale. Obama devrait également chercher à imposer que tout le monde ratifie la convention des Nations Unies contre les armes chimiques. S'il ne réussissait pas, diplomatiquement et de manière transparente, la Russie et la Chine pourraient sortir de leur isolement (Se non avesse successo, diplomaticamente e in modo trasparente, Russia e Cina potrebbero uscire dal loro isolamento) » .

- Vous avez immédiatement salué sur "La Repubblica" l'élection de François, espérant des gestes forts de renouveau. Aujourd'hui, les changements au sommet de la Curie sont venus, et puis, cet appel. Ce sont des signaux forts?

« Il agit avec cohérence. Il a remplacé la secrétaire d'Etat par une personne capable, et il a attiré l'attention avec cet appel. Il évite les erreurs de son prédécesseur et de l'ex-secrétaire d'Etat Bertone, qui agissaient d'une manière peu réfléchie dans le domaine de la politique mondiale».

Ici, sur le site Benoît et moi :  Une interviewe de Hans Küng dans la Repubblica du 7 septembre

La question est aussi de savoir à quoi l’on donne priorité dans la vie de l’Eglise et du monde catholique. Benoît XVI était avant tout un pape religieux.

JPSC

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