Ce soir sur Arte : l'horreur du génocide perpétré par les Khmers Rouges (09/10/2013)
"L'Image manquante": retour sur le drame cambodgien; de François Forestier sur TéléObs
Film de Rithy Panh, ce mercredi à 20h50 sur Arte.
L'image manquante
Le cinéaste du massacre : Rithy Panh, enfant du drame cambodgien, a consacré son oeuvre à son pays. Depuis "Cambodia, entre guerre et paix" (1991) jusqu'à "l'Image manquante" (2013), en passant par "Un soir après la guerre" (1997) et "S21, la machine de mort khmère rouge" (2002), tous ses films se réfèrent à la période de la dictature communiste (1975-1979), qui a fait plus de deux millions de morts (soit un quart de la population), période qui n'a rien à envier à la bestialité nazie. Le mystère demeure sur l'aveuglement des grandes puissances, sur la complicité des partis maoïstes, sur la raison profonde de ce sang versé.
Ce qui demeure, en revanche, c'est l'extraordinaire traumatisme dont Rithy Panh se fait le témoin : fils d'une famille de paysans (mais son père fut aussi instituteur), le cinéaste a, dans sa jeunesse, été interné dans un camp de concentration : ses parents, ses proches, ses amis, eux, ne s'en sont pas sortis. Rithy Panh, par miracle, a survécu. Destiné à être menuisier, il a choisi de suivre des cours de cinéma à son arrivée en France, dans les années 1980. Et dès ses débuts de cinéaste, il a consacré ses films au Cambodge. "Les Gens de la rizière" (1994) est l'histoire d'une famille de cultivateurs dont le destin est celui du malheur : c'est la préfiguration des autres oeuvres de Panh. Où est passé ce pays qu'il a connu dans son enfance ? Disparu, balayé par l'ouragan de la dictature. Seul le cinéma pourra (peut-être) faire retrouver l'identité de la tradition khmère : désormais, Rithy Panh se consacre à la collation des images datant de l'ère communiste, images rassemblées au Centre des Ressources audiovisuelles du Cambodge.
Dans son dernier film, "l'Image manquante", prix de la section "Un certain regard" du Festival de Cannes 2013, le cinéaste constate, cependant, que les images, justement, manquent. De cette absence il tire des passionnantes questions sur l'Histoire et l'oubli. Que sommes- nous sans images ? Qui sommes-nous sans le cinéma ? Rithy Panh est un artiste de la mémoire.
François Forestier
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Commentaires
Hélas, les images du génocide perpétré en France durant les années 1790, ne nous sont jamais parvenues non plus. Seuls quelques charniers, découverts récemment par hasard, en témoignent encore. Ce génocide occulté, ou même justifié par ceux qui en ont profité en prenant tous les pouvoirs, a servi de modèle barbare à tous les autres génocides qui ont suivi, en les justifiant à leur tour.
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Chaque génocide perpétré et non sanctionné, servira de justification pour les suivants. Par exemple, lorsque Hitler exposa sa solution finale, pour le génocide des juifs et d'autres populations, certains de ses généraux se montrèrent réticents. Il leur répondit : « Ne vous inquiétez pas, qui parle encore du génocide des Arméniens ? ». Or, celui-ci s'était déroulé une vingtaine d'années auparavant seulement. Et aucune nation occidentale n'avait alors soulevé de protestation, sauf le Vatican et les États-Unis.
Écrit par : Pauvre Job | 09/10/2013