L'Eglise catholique dans le viseur de la nouvelle coalition luxembourgeoise (28/11/2013)

Nous l'avions pressenti mais la ligne adoptée par la coalition au pouvoir au Luxembourg confirme nos appréhensions :

La coalition tire sur l'Église catholique (source)

Te Deum au caractère purement religieux, réduction du financement des cultes, suppression des cours de religion au profit d'un enseignement aux valeurs: l'Église a pris des coups hier. Les annonces de la coalition ont beaucoup concerné l'Église catholique, hier. Elle se dit abasourdie par ces mauvaises nouvelles en cascade, alors que le DP continue de parler de dialogue.

Le standard de l'archevêché a été inondé d'appels de journalistes, si bien qu'à 16 h, un communiqué est tombé. Rendez-vous une heure plus tard dans la cour de l'administration diocésaine, où le vicaire général, Erny Gillen, se fend d'une déclaration qui se veut pour le moins agacé : «Nous sommes mis devant le fait accompli. Des informations filtrent, mais pas sur les grands dossiers comme les impôts ou Cargolux, mais sur ce qui concerne directement l'Église, d'où notre étonnement. Nous apprenons tout dans les médias, c'est comme si un mari communiquait avec sa femme à travers les journaux!» Dès ce week-end, le président du groupe de travail sur l'éducation nationale, André Bauler (DP), avait annoncé la suppression des cours de religion, au profit d'un cours d'instruction aux valeurs. L'affaire est d'autant plus délicate que l'enseignement religieux concerne directement 300 personnes : 250 dans l'enseignement fondamental, qui n'ont pas les cours de religion comme activité principale et qui sont issues de formations diverses, et une cinquantaine de professeurs de lycée dont c'est le travail à temps complet. Ils ont effectué des études de théologie et même s'ils ont une autorisation d'enseignement par l'évêché, ils dépendent du ministère de l'Éducation nationale comme tous les autres enseignants. En ce qui concerne l'école fondamentale, les personnes dispensant les cours de religion dépendent directement de l'archevêché.

En ce qui concerne ces emplois, une chose est claire pour André Bauler, personne n'ira pointer à l'Adem : «Personne ne sera licencié. Il va falloir prévoir des dispositions pour des réorientations professionnelles, selon les parcours de chacun. Le dialogue se fera avec les parties concernées, notamment l'Église, et l'on trouvera ensemble des solutions», estime le député. C'est pourtant le manque de dialogue qu'a fustigé Erny Gillen hier soir lors du point presse : «C'est quand même incroyable de prôner le dialogue quand on nous présente des mesures dans la presse sans que nous ayons été avertis!»

Pourtant, la suppression des cours de religion était l'une des promesses de campagne... du CSV! Quant aux trois partis de la coalition actuelle, leur position était connue : «Le texte n'est pas finalisé, même si l'éducation religieuse sera définitivement remplacée par une éducation aux valeurs. Les trois partis de la coalition sont d'accord sur ce point. Le but est de présenter de façon objective les grandes religions, il faut éduquer les élèves au vivre ensemble», estime André Bauler.

Si l'intention est là, les détails de la mise en pratique restent encore flous. Pas de date de mise en place des cours d'instruction aux valeurs et encore moins d'indications sur les personnes chargées de ces cours. Même flou d'ailleurs pour une éventuelle réduction du financement des cultes. L'Association luxembourgeoise des professeurs d'éthique (ALPE) a salué hier dans un communiqué «le courage de la nouvelle coalition en matière d'enseignement. Un cours unique d'éducation aux valeurs dans l'enseignement secondaire et fondamental est un grand pas en avant dans le sens d'une démocratie citoyenne». En notant qu'«il faudra des titulaires (nouveaux) formés dans les contenus et l'approche de l'éthique ou de philosophie pratique.»

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