Homélie pour la fête des Saints Innocents (28 décembre) (28/12/2023)

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Le massacre des Innocents par Duccio (vers 1300) 

Du Frère Elie (FsJ) sur homelies.fr :

La fête des saints Innocents nous ramène à la question de Dieu face à la souffrance et au mal. Pourquoi Dieu n’intervient-il pas pour sauver ces enfants innocents ? Pourquoi laisse-t-il les soldats d’Hérode les assassiner ? Douloureuses interrogations… Comment effectivement ne pas rendre Dieu responsable, même indirectement, de ce massacre ! Comment ne pas voir en lui un Dieu injuste quand il permet à son Fils d’être sauvé alors qu’il ne fait rien pour ces enfants de Bethléem !

Attention à ne pas trop vite nous faire le juge de quelqu’un qui nous dépasse infiniment par ce qu’il est et par ce qu’il réalise. De plus, poser la question du mal à Dieu comme Créateur et Seigneur du monde, nous le savons bien, conduit à de multiples frustrations et à des conflits dans notre rapport avec Dieu voire même peut nous amener à la négation pure et simple de Dieu. Le mal et la souffrance obscurcissent l’image de Dieu et ce parfois de façon radicale, lorsqu'on est confronté au drame quotidien de tant de souffrances sans qu'il y ait eu faute, et de tant de fautes sans peines adéquates en retour.

C’est ici qu’il est important de situer l’épisode du massacre des enfants de Bethléem sur l’horizon de la finalité de l’Incarnation du Fils de Dieu. Si celui-ci se trouve épargné grâce à l’intervention de Joseph inspiré par l’ange, c’est pour que ne soit pas mis en échec le salut de Dieu et que tous nous puissions être sauvés. Jésus est ici « sauvé » en vu de l’Heure de sa Passion où lui aussi traversera la mort pour la vaincre par le surcroît d’amour et de miséricorde dont il viendra l’habiter. A travers sa propre souffrance, accompagnant le don de sa vie par amour pour nous, le Fils unique nous sauvera. Tel est l'amour de Dieu envers l'homme, l'amour envers le « monde » : c'est l'amour sauveur. C’est d’ailleurs dans cet amour que ces enfants sont sauvés de façon anticipative.

La mort des enfants innocents de l’évangile nous rappelle que le salut est lié étroitement au problème de la souffrance parce que sauver signifie libérer du mal. Parce qu’ils sont innocents, leur mort ne peut être qu’unie au sacrifice d’amour de Jésus sur la croix, lui l’Innocent, qui fait de toutes les morts innocentes des offrandes parfaites de charité consumées dans le feu de son Amour divin. C’est en ce sens que ces enfants sont de véritables martyrs.

Comment ne pas penser à tous ces enfants innocents qui aujourd’hui encore souffrent ou meurent injustement, victimes d’avortements, de violences physiques ou morales… L’Ennemi semble pouvoir tuer et détruire à son gré. Mais il ne sait pas que la mort où il envoie ses victimes est déjà resplendissante de la Vie de celui qui l’a traversée pour en triompher par sa Résurrection. Lui qui est la Résurrection et la Vie accueille chacun de ces petits à qui il s’est uni par son sacrifice d’amour dans sa paix et dans sa gloire.

Mieux que de rendre Dieu responsable de tous les maux du monde, il serait plus fécond de revenir à notre propre responsabilité de rendre manifeste avec l’aide de la grâce divine le triomphe de la Vie et de l’Amour divin au cœur de la culture de mort et de haine véhiculée par notre monde. Dans son encyclique Evangelium Vitae, Jean-Paul II exhortait : « Il est urgent de se livrer à une mobilisation des consciences pour mettre en œuvre une grande stratégie pour le service de la vie. Nous devons construire tous ensemble une nouvelle culture de vie. »

« Seigneur, puisqu’en ce jour les saints Innocents ont annoncé ta gloire, non point par la parole, mais par leur seule mort, fais que toute notre existence témoigne de ce que notre bouche proclame : la foi dans le triomphe de ta résurrection et de ta vie. »

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