Que reste-t-il de Paul VI, bientôt béatifié? (20/05/2014)

Lu sur le site « Chiesa » de Sandro Magister (extraits):

(…) Le 10 mai, le pape François a autorisé la congrégation pour les causes des saints à promulguer le décret qui certifie canoniquement un miracle attribué à l’intercession de Paul VI. Le même jour, il a annoncé officiellement que la cérémonie de béatification du pape Giovanni Battista Montini serait célébrée au Vatican le 19 octobre prochain.

Le second fait est le quarantième anniversaire du référendum du 12 mai 1974 qui officialisa définitivement l'introduction du divorce en Italie.

Dans un premier temps, l’Église d’Italie et Paul VI vécurent ce changement historique comme un tournant dramatique.  Paul VI critiqua de manière très ferme certains groupes catholiques, comprenant beaucoup de gens, qui avaient refusé de soutenir le référendum contre le divorce et qui s’étaient même prononcés publiquement en faveur du "non" à l'abrogation de la loi (…):

Ces propos tenus par Paul VI il y a quarante ans  pourraient faire naître aujourd’hui bon nombre de sourires de commisération y compris au sein même de cette Église qui s’apprête à l’élever à la gloire des autels. Elles sont pourtant gravées pour toujours, ces phrases qu’il a prononcées en faveur de "l’indissolubilité du mariage, fondée sur la parole du Christ et sur l’essence même de la vie conjugale", qui doit être défendue et encouragée en raison de la "fidélité due à un commandement évangélique explicite". Son appel à la "promotion" de la famille en tant que réalité non seulement "religieuse" et "morale" mais également "civile, sociale et juridique" continue à résonner. De même sa référence au "magistère constant de l’Église universelle" garde toute sa valeur.

Ces phrases et ces références n’appartiennent donc pas seulement à un Jean-Paul II focalisé jusqu’à l’obsession – comme beaucoup de gens se plaisent à le penser – sur la question de la vie et de la famille, mais également à ce Paul VI que bien des gens, aujourd’hui, imaginent comme un pape plus ouvert à la modernité que son successeur polonais et moins enclin que lui à intervenir personnellement et publiquement dans le domaine politique ; autrement dit, comme un précurseur du pape François.

Le 19 octobre, date à laquelle Paul VI sera proclamé bienheureux par le pape François, sera également le jour où s’achèvera la première session du prochain synode des évêques, qui est convoqué précisément pour travailler sur le thème de la famille.  On peut facilement prévoir que, au cours de cette session, ce n’est pas la question de l’introduction du divorce dans les législations civiles qui se trouvera au centre des discussions du synode. En effet, actuellement, c’est plutôt l’accès des divorcés remariés à la communion qui constitue le principal sujet de débat, un débat au ton particulièrement vif.

Et déjà ce changement n’est pas quelque chose de négligeable. C’est comme si, du débat sur la place publique à propos de la dissolution du mariage en tant qu’institution "naturelle" – dissolution qui est désormais autorisée presque partout par les lois sur le divorce – on était maintenant passé au débat tout à fait interne à l’Église à propos de la dissolution du mariage "sacramentel", celle-ci étant, en fait, un présupposé pour ceux qui veulent que les divorcés soient autorisés à recevoir la communion.

Cette dissolution qui est désormais admise ouvertement – en tant que "courageuse reformulation de la doctrine de l’indissolubilité" une fois que les époux ont constaté "la mort du lien" – par un théologien comme Andrea Grillo, professeur à l’Athénée Pontifical Saint-Anselme de Rome, dans une interview qu’il a accordée au journal "Il Foglio", qui l’a publiée le 13 mai dernier, et également dans un livre qui est paru ces jours-ci en Italie :

A. Grillo, "Indissolubile ? Contributo al dibattito sui fedeli divorziati risposati", Cittadella Editrice, Assise, 2014.

Cependant il se pourrait bien qu’il y ait, dans un avenir pas tellement éloigné, un autre débat, tout aussi incandescent, à propos de l’attitude pastorale qu’il conviendrait d’adopter en ce qui concerne les "mariages" ou unions entre personnes de même sexe. C’est ce que donne à penser la guerre sans merci qui fait rage à propos de cette question, depuis plusieurs années, au sein de la communion anglicane. Dans un tel contexte, il sera intéressant de voir si et comment on se rappellera et on actualisera les déclarations claires et nettes faites par Paul VI il y a quarante ans. Demain au synode. Et aujourd’hui parmi les évêques italiens (…).

Lire en entier ici : Journal du Vatican / Que reste-t-il de Paul VI, bientôt béatifié?

Et à propos de toutes ces questions, vous pouvez toujours vous investir dans l’échange consécutif à la conférence de Mgr Paglia, à Liège, le 26 mai. Pour mémoire :

 

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JPSC

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