L’Ascension du Christ de Hans von Kulmbach (29/05/2014)

Emmanuelle Hénin, spécialiste de la peinture de la Renaissance, décrypte le célèbre tableau du peintre Hans von Kulmbach :

ASCENSION-CHRIST-HANS-VON-KULMBACH.jpg« Ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée ». Le langage symbolique de l’évangéliste (élévation, ciel, nuée) est pris en quelque sorte au pied de la lettre par le peintre : en peinture, la métaphore devient image visible. « Ils le virent » Le regard des apôtres est bien le sujet principal du tableau. Comme dans le texte, l’événement est présenté de leur point de vue. Avec Marie, ils forment un cercle, une chaîne de regards et de mains jointes : petite communauté soudée par la prière, la charité et l’attention à l’autre. Deux d’entre eux s’embrassent, d’autres s’étonnent, tant ils sont peu préparés au départ du maître, malgré les multiples annonces et le dernier discours d’adieu. Cette poignée d’hommes rustres n’a pas conscience de former le noyau de l’Église universelle, appelée bientôt à essaimer sur toute la terre. Humble et émouvante naissance de la chrétienté. « S’élever et disparaître à leurs yeux » Ils forment cercle autour d’un vide, que le peintre a placé au centre de son tableau pour signifier la disparition de Jésus : ce que contemplent les apôtres, c’est une absence. Depuis une montagne évoquant le mont Thabor de la Transfiguration, Jésus sort de leur champ de vision, selon une expérience que l’artiste a voulu faire partager au spectateur. « Dans une nuée » Au registre supérieur, le peintre a préféré élider la représentation du Christ en gloire pour insister sur la disparition et sur le désarroi des apôtres. La nuée tourbillonnante, la trouée lumineuse, le manteau rouge du Christ sont des signes suffisants de sa glorification. Loin d’abandonner les hommes, Jésus par son ascension unit la terre au ciel, élève la nature humaine en la faisant participer de la nature divine. Un jour, nous serons nous aussi assis à la droite du Père.

Hans von Kulmbach

Ce peintre ainsi appelé du nom de son village natal (1480-1522) est un des disciples les plus doués de Dürer, et travaille à ses côtés à Nuremberg à partir de 1500. Moins adroit que lui dans la peinture des visages et de la psychologie, il partage son sens subtil de la couleur, influencé par l’art de Venise. Il exécute surtout des dessins, des portraits et des tableaux religieux, et s’inspire parfois des compositions du maître. C’est le cas pour cette Ascension, qui reprend précisément le schéma d’une gravure de la Petite Passion (1511) : cette façon de montrer seulement les pieds du Christ apparaît au VIe siècle et perdure jusqu’à la fin du Moyen Âge.

Sur le site web de "La Vie", ici: L’Ascension du Christ de Hans von Kulmbach

 JPSC  

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