L’Église prend le pouls de la crise des familles (26/06/2014)

De Sébastien Maillard à Rome, pour le journal « La Croix » (extraits) :

(…) Le document de travail du futur Synode sur la famille, publié jeudi 26 juin, fait état d’une large méconnaissance chez les fidèles du magistère de l’Église catholique sur ce thème, d’une pastorale inadaptée à des circonstances devenues plus complexes et d’une incompréhension à l’égard des exigences de l’Église en matière de fécondité.

( …) Dressé à partir des réponses au questionnaire diffusé, d’une manière ouverte inédite, à la fin de l’année dernière, l’Instrumentum laboris (document de travail), rendu public à Rome ce jeudi 26 juin, offre un panorama mondial de la famille contemporaine auquel est confrontée l’Église catholique.

Élaboré en vue de l’assemblée générale extraordinaire du Synode des évêques sur les « défis pastoraux de la famille », que le pape François a convoqué pour octobre prochain, le document ne fournit ni statistiques, ni catalogue d’expériences concrètes, mais, sur 80 pages, prend toute la mesure d’un fossé croissant entre l’Église et les familles, au-delà de la diversité des situations locales.

(…)  « On trouve de nombreux chrétiens qui ignorent l’existence même de ces enseignements », rend compte le texte, relevant aussi une impréparation et une indifférence des pasteurs.

« Quand l’enseignement de l’Église sur le mariage et la famille est connu, beaucoup de chrétiens manifestent des difficultés à l’accepter intégralement », est-il aussi reconnu, observant même « une résistance ».

Ces « difficultés » se retrouvent en particulier à propos de la doctrine de l’Église sur la « loi naturelle » et aussi sur ses recommandations en matière de méthodes naturelles de contraception, abordées en dernière partie du document.

(…)« Comment faire en sorte que l’Église, avec ses diverses structurations pastorales, se montre en mesure de prendre soin des couples en difficulté et de la famille  ?», s’interroge le document de travail, analysant, à partir des réponses recueillies au questionnaire, que « l’idéal de la famille est conçu comme un objectif inaccessible et frustrant, au lieu d’être compris comme l’indication d’un chemin possible ».

Cette « déconnexion » préoccupe : « La paroisse et l’Église dans son ensemble ne sont pas perçues comme un soutien ».

Si le document recense maints éléments externes à l’Église qui creusent cette « déconnexion » – emprise du travail, invasion des médias, individualisme ambiant…. – il reconnaît aussi un « contre-témoignage dans l’Église » par « une perte importante de crédibilité morale à cause des scandales sexuels » et par le « comportement intransigeant et peu sensible de prêtres ».

« PERMETTRE À CES PERSONNES DE PANSER LEURS BLESSURES »

Dans ce contexte, « la perception du rejet infligé aux personnes séparées, divorcées ou aux parents célibataires par certaines communautés paroissiales » est jugée préoccupante.

La situation des divorcés remariés civilement comme celle des concubinages, unions de fait, unions homosexuelles sont autant de « situations pastorales difficiles » où « la pastorale familiale, loin de s’enfermer dans une vision légaliste, a pour mission de rappeler la grande vocation à l’amour ».

« L’Église n’est plus un guide moral fiable », comprend le document, mesurant une grande incompréhension à son égard.

« La véritable urgence pastorale est de permettre à ces personnes de panser leurs blessures, de guérir et de recommencer à cheminer avec toute la communauté ecclésiale », estime le document de travail.

(…) Le document se garde de privilégier des pistes concrètes. C’est tout l’objet du prochain synode et de celui de 2015 qui suivra.

Réf. : L’Église prend le pouls de la crise des familles Un document à la hauteur des enjeux ? Voir ici : Document de travail de l'assemblée extraordinaire du Synode des évêques sur la famille

JPSC

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