Sacerdotalis caelibatus (15/07/2014)

Dans la publication, par le quotidien « la Repubblica », du récent entretien accordé par le pape François à Eugenio Scalfari on peut lire notamment ce dialogue (réf. ici: Ma traduction. Pour savoir vraiment ce qui a été dit. Ou ce que Scalfari dit qu'il a été dit (14/7/2014) )

-« Sainteté, vous travaillez assidument pour intégrer la catholicité avec les orthodoxes, les anglicans ... 

Il m'interrompt et poursuit:

Avec les Vaudoisl'église évangélique vaudoise), que je trouve des religieux de premier ordre, avec les pentecôtistes et naturellement, avec nos frères juifs» 

- Eh bien, beaucoup de ces prêtres ou pasteurs sont régulièrement mariés. Comment va évoluer au fil du temps ce problème dans l'Eglise de Rome? 

- « Peut-être ne savez-vous pas que le célibat a été établi au Xe siècle, c'est-à-dire 900 ans après la mort de notre Seigneur. L'Eglise catholique orientale a à ce jour la faculté que ses prêtres se marient . Le problème existe certainement mais n'est pas d'une grande ampleur. Il faut du temps, mais il y a des solutions et je les trouverai

Le Père Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a nuancé les termes supposés de la réponse faite par le pape François, en précisant qu’on ne pouvait attribuer avec certitude à celui-ci l’affirmation « les solutions, je les trouverai ». Et il a sans doute bien fait car cette question de la continence liée à la discipline sacerdotale est presqu’aussi vieille que l’Eglise et ne se résume pas à la réforme de Grégoire VII (XIe siècle) prescrivant de n’ordonner que des hommes célibataires. Le Père aurait pu préciser aussi qu’orientaux ou non la faculté de se marier n’est jamais laissée aux prêtres après leur ordination.

Petit rappel avec le P. Thierry Dejond, s.j.  (cité ici :  Pour en finir avec l’ordination des hommes mariés et des femmes, en réponse à un article de son confrère Charles Delhez, lui aussi de la Compagnie de Jésus):

« Si les Eglises orientales ‘revenues au catholicisme’ ont accepté d’ordonner des hommes mariés (vu leur passé orthodoxe datant de 690) [ndlr : concile « in trullo »], c’est par miséricorde de l’Eglise catholique, qui ne voulait pas briser une tradition de cinq siècles.

Le « célibat des prêtres » dans l’Eglise latine n’est autre qu’une manière d’être fidèle à la « Tradition remontant aux Apôtres », et acceptée tant chez les Grecs que chez les Latins jusqu’en 690, et exigeant des évêques, prêtres et diacres mariés, de renoncer, le jour de leur ordination, à l’usage du mariage. Cette tradition apostolique s’est maintenue en Occident, tandis que l’Orient grec cédait aux décisions de l’Empereur de Byzance.

Pourtant, même en Orient, subsistent des traces évidentes de l’ancienne discipline commune: les évêques n’ont pas le droit de vivre en mariage, jamais; les prêtres et les diacres, après le décès de leur épouse, n’ont pas le droit de se  remarier,  puisque ils ont été ordonnés. Ce qui prouve bien qu’il s’agissait d’une  tolérance, Idem, pour les  diacres mariés  en Occident, depuis le Concile Vatican II: ils ne peuvent pas se  remarier.

Cette discipline remonte aux Apôtres, dont un seul, Simon-Pierre, était certainement marié avant l’appel du Christ, mais qui répond à Jésus: « Nous qui avons tout quitté pour te suivre… ».  Jésus répond: « Amen, je vous le dis: personne n’aura quitté maison, femme, frères, parents ou enfants, à cause du Royaume de Dieu, qu’il ne reçoive beaucoup plus en ce temps-ci et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » (Luc 18, 28-30). Bien d’autres textes de L’Ecriture Sainte, et de la Tradition des Pères de l’Eglise, confirment cette exigence de Jésus. Exigence rappelée au 1er concile oecuménique de Nicée en 325, canon 3; et déjà avant, dans des Conciles régionaux: Elvire (Espagne) en 304 et Ancyre (=Ankara, Turquie) en 314. Il est clair que ces canons disciplinaires de l’Eglise ne faisaient que « rappeler » la Tradition remontant aux  Apôtres et attestée par de nombreux  Pères de l’Eglise  auparavant ».

Le Père Dejond est Professeur de théologie dogmatique et formateur au Séminaire de Namur depuis 1994. JPSC 

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