Le témoignage de Frank Van Den Bleeken (23/09/2014)

Témoignage de Frank Van Den Bleeken (sept.2014) (Ce détenu de la prison de Merksplas qui a demandé l’euthanasie):

Quand je pense à mes 30 ans en prison, alors je me rends compte que les entretiens avec les aumôniers ont été importants. Dans ces rencontres, on peut parler de sa foi, mais on est surtout écouté, on reçoit leur confiance et de la chaleur humaine.

Depuis 9 ans, depuis que ma mère est décédée, je pense souvent : ça suffit, il est temps d’en finir.

L’aumônier confirme que mon enfermement sans thérapie n’est pas correct, et cela me fait du bien de me sentir pris au sérieux et reconnu dans la souffrance que j’endure.

Nous pouvons parler sans que j’aie l’impression d’être un détenu, et que l’autre est un aumônier, simplement d’humain à humain.

Grâce aux aumôniers, je me suis fait des amis avec les bénévoles et les musiciens.

Concernant ma demande d’euthanasie, je suis conscient que les chrétiens ont des difficultés, et malgré tout ils ne me condamnent pas et font un bout de chemin avec moi.
Nous nous rencontrons de manière très humaine et normale, et nous cherchons ensemble des alternatives.

Nous pouvons nous confier aux aumôniers et vider notre sac, sans qu’il y ait de conséquences.
Quand je dis mes frustrations à un psychologue, je pense à mon dossier et les conséquences de ce que je dis qui peut être utilisé contre moi. Je n’y pense pas chez l’aumônier.

Depuis un an et demi, je n’ai vu aucun psychiatre ou psychologue.
Les seules personnes avec qui j’ai des contacts et du soutien, c’est ma famille, et ce sont les aumôniers et leurs bénévoles.

Grâce au soutien des aumôniers, j’ai tenu le coup pendant cette longue procédure de demande d’euthanasie qui dure depuis 3 ans.

Je vois qu’il y a des tentatives pour améliorer la situation, mais je suis très déçu.
Un directeur me donnait un jour cette image : la situation évolue comme une plante de lierre. Cela commence très petit, mais ça pousse et ça grandit.

Mais moi j’ai l’impression qu’il y a quelqu’un qui coupe toujours cette plante qui pousse et ça me décourage tant, que je n’y crois plus.

Dans la prison il y a trop peu d’humanité, et les aumôniers en apportent. Il faudrait qu’il y en ait beaucoup plus !

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