La Belgique : pays européen le plus touché par le djihadisme? (27/09/2014)

Du sénateur belge Alain Destexhe sur le site « FigaroVox » :

« Par rapport à sa population, la Belgique est le pays qui compte le plus de djihadistes au Moyen Orient. La montée en puissance du radicalisme islamique n'est pas un phénomène récent mais pendant trop longtemps les plus hautes autorités de l'Etat ont préféré se comporter comme les trois singes: ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire.

La petite Belgique a déjà connu une dizaine de procès pour terrorisme islamiste. Il a cependant fallu attendre l'attentat de Nemmouche contre le musée juif de Bruxelles et le problème posé par les Belges en Syrie, avec la perspective de leur retour, pour que le grand public prenne conscience de l'ampleur de la menace.

En 2001, en Afghanistan, le célèbre commandant Massoud était assassiné par des Tunisiens résidant en Belgique, munis de faux passeports belges. Cet épisode aurait pu servir de coup de semonce. La majorité du monde politique a préféré ne pas entendre les sermons de plus en plus radicaux dans les mosquées, ne pas voir la multiplication d'actes affirmant la supériorité de l'islam sur les valeurs occidentales, ne rien dire plutôt que de prendre le risque de «stigmatiser» ou de s'aliéner une communauté qui compte de plus en plus au plan électoral. La Belgique, surtout sa capitale mais aussi des villes comme Anvers ou Verviers, sont minées par le communautarisme islamique. Le pays ne dispose pas en matière d'intégration d'une doctrine de référence comme l'était autrefois l'assimilation en France.

La Belgique n'est pas non plus assez équipée pour lutter contre la menace. Certes, juges et policiers font de leur mieux. Il existe un organisme chargé d'analyser les menaces terroristes. Mais la «Sureté de l'Etat», chargée du renseignement intérieur, n'a pas le droit d'opérer en dehors du territoire belge et dépend largement des services étrangers comme ceux de la France.

Lorsque les autorités ont eu connaissance de la présence de Belges en Syrie, la première réponse officielle a été … humanitaire, avec la mise sur pied de groupes de parole pour essayer de comprendre le problème sur un mode compassionnel. Comme les aspirants terroristes étaient en majorité des jeunes, ils furent d'abord considérés comme des victimes de la société. La ministre de l'Intérieur de l'époque allant même jusqu'à orchestrer le rapatriement de Syrie en Belgique de la femme enceinte d'un djihadiste pour qu'elle puisse accoucher dans de bonnes conditions au frais du contribuable! Il a fallu le ras-le-bol de quelques bourgmestres flamands et des mises en scène spectaculaires comme une vidéo d'un jeune de 7 ans originaire d'une commune bruxelloise appelant au djihad, sous l'œil bienveillant de son père, pour que la Belgique se réveille. Le nouveau gouvernement «suédois» de centre-droit, en gestation, annonce la mise sur pied d'un plan ambitieux de lutte contre le radicalisme.

Reste que, comme en France, les autorités belges peinent à s'attaquer aux racines du problème. Le politiquement correct fait encore plus de ravages en Belgique qu'en France. Dans un éditorial récent intitulé «Une guerre peut en cacher une autre», le journal Le Soir, qui donne souvent le ton en Belgique francophone, parle pour expliquer le djihadisme du «résultat de ce peu de perspectives qui poussent les amers et les révoltés à choisir des solutions extrêmes» et en appelle à «réinvestir dans l'échange, l'école et le travail». Un «échange» avec un djihadiste dont le seul but est de détruire notre société? Le refus d'une partie des musulmans de Belgique de s'intégrer et même, chez une petite minorité, l'affirmation publique que la Sharia doit s'imposer en Belgique comme partout dans le monde est systématiquement minimisé, jamais analysé.

C'est cependant le procès de pas moins de 46 membres de «Sharia for Belgium» (sic), qui s'ouvre la semaine prochaine à Anvers dont 38 absents pour cause de djihad en Syrie. Pendant des années un «Centre islamique belge «a pu s'épanouir en toute impunité dans une commune de Bruxelles avant de sombrer dans le terrorisme. Bruxelles, qui compte 40% de musulmans, a vu fleurir tous les courants de l'islam, des plus pacifiques aux plus radicaux. Un jeune prédicateur d'Anderlecht, une ville plus connue pour son équipe de football que comme un foyer de radicalisme, avait 20 000 fans sur sa page Facebook avant de disparaitre en Syrie et d'en appeler à la destruction de la Belgique.

Ce pays a connu une vague d'immigration musulmane sans précédent sans mettre en oeuvre en parallèle une politique d'intégration. De quartiers ghettos se sont développés avec parfois l'apparition de zones de non-droit où la police ne va plus qu'en force. Il est fréquent que des écoles bruxelloises ne comptent plus que des élèves musulmans.

La Belgique a longtemps accordé la nationalité beaucoup plus généreusement que tous les autres pays européens, sur de simples conditions de résidence (trois ans et même deux ans pour les réfugiés politiques reconnus!), avec le postulat erroné que la naturalisation facilitait l'intégration. Ce dernier mot a tendance à devenir tabou, comme une grossièreté. Il suscite une bronca lorsqu'il est employé au Parlement bruxellois, la bien-pensante assemblée préférant des mots valises sans signification réelle comme «vivre ensemble», «cohésion sociale «ou dialogue interculturel».

La réalité, jamais discutée, jamais débattue, est que le problème n'est pas économique mais culturel et religieux. Une partie des musulmans s'intègrent parfaitement. Une autre s'y refuse et une petite minorité veut détruire notre modèle de civilisation. L'égalité homme-femme, quotidiennement mise à l'épreuve dans les rues de Bruxelles, l'incompatibilité d'une notion comme l'apostasie avec les valeurs occidentales, le droit au blasphème ou à la caricature,… une majorité du monde politique, universitaire et culturel préfère faire l'impasse sur ces questions au nom du «vivre ensemble». Et presque tous les chercheurs qui travaillent sur ces questions sont des militants engagés en faveur du multiculturalisme.

Seules quelques voix ont tenté, dans le désert, d'alerter la Belgique sur sa dérive communautariste qui a fait le lit du radicalisme et du terrorisme. En vain. Aujourd'hui, le problème revient comme un boomerang de la Syrie vers la Belgique.

Ref. En Europe, le pays le plus touché par le djihadisme n'est pas la France... mais la Belgique

JPSC

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