Synode sur la famille : si la doctrine de Kasper sur la communion des divorcés remariés passait, il faudrait changer l’Evangile. (17/10/2015)

Le point de vue de  La nuova bussola quotidiana, traduit et publié sur diakonos.be (regards sur l’Eglise):

Le-pape-Francois-veut-liberer-la-parole-du-Synode_article_main.jpg« Dans les remous autour du débat sur l’accès à la communion des divorcés remariés que le cardinal Kasper (ici, sur la photo avec le pape François, ndB) a lancé lors du synode de 2014, les croyants risquent parfois d’oublier la Parole qui est en réalité plus claire qu’il n’y paraît. Avec l’avènement du Christ, c’est le dessein original du Créateur qui est restauré : celui dans lequel le mari et l’épouse, homme et femme, sont appelés à devenir « un seul corps et un seul esprit ». Dans l’Ancien Testament, Dieu permettait de répudier sa femme mais seulement « à cause de la dureté de vos cœurs ». Dans le Nouveau Testament, cette possibilité a été exclue et l’indissolubilité du mariage a été affirmée sans concession.

C’est ainsi que, pour la première fois dans l’histoire, le christianisme propose que l’amour fidèle du Christ pour l’humanité, l’amour du Christ pour son Eglise et l’Amour qui unit les trois personnes de la Trinité ait sa correspondance, pour ainsi dire, au sein de la famille humaine. Il s’agit d’un message nouveau non seulement pour les Juifs mais également – et surtout – pour les païens. Les historiens rappellent qu’à l’époque des apôtres, et encore davantage dans les trois siècles qui ont suivi, le divorce était extrêmement répandu dans la Rome impériale. Ceci était notamment dû au fait qu’il pouvait alors être demandé non seulement par l’homme à travers la répudiation comme par le passé mais également par la femme. Le grand Sénèque, presque contemporain de Jésus, écrivait que désormais les gens « divorçaient pour se marier et se mariaient pour divorcer ». Juvénal, au premier siècle après le Christ, mentionnait le nom d’une femme qui s’était mariée 8 fois en 5 ans alors que Martial dépeignait la crise du mariage de l’époque en citant Télésille et ses 10 maris.

Nous pouvons donc imaginer, à la lumière de ces quelques exemples, combien il a pu être difficile pour les chrétiens de partager leur vision du mariage. Et pourtant celle-ci était pour eux liée de façon indissoluble à l’amour que le Christ avait apporté. En effet, si l’on considère que l’ancienne loi s’accomplit dans les commandements de l’amour, il n’y a d’autre possibilité que de le vivre, surtout dans la vie de famille : le vivre avec ses joies et ses peines, ses satisfactions et ses croix, comme le Christ l’a enseigné. C’est pour cela que, pour les premiers chrétiens, briser un mariage signifiait tout simplement ne pas vivre l’amour envers son conjoint et ses enfants et ne pas vivre l’enseignement du Christ, prêt à mourir pour ceux qu’il aime. Au fil des siècles, c’est ce concept qui a mené à l’exclusion des divorcés remariés de la communion eucharistique ; une exclusion qui n’est pas un jugement définitif, que personne n’a le droit de porter, sur les personnes mais un jugement sur un fait : la rupture de la commune voulue par Dieu lui-même et par les époux.

Pour l’Eglise, celui qui brise la communion avec son prochain ne peut pas accéder à la communion sacramentelle. Et ce, quelle que soit la rupture dont il s’agisse: un assassin, un voleur, même quelqu’un qui aurait insulté son frère doit d’abord se repentir et changer de vie avant de pouvoir accéder à nouveau au sacrement de la communion. Sans repentir, dit Saint Paul, sa communion est sacrilège parce que « ce n’est pas celui qui dit : Seigneur, Seigneur qui entrera dans le Royaume des cieux mais celui qui fait la volonté de mon père qui est dans les cieux ». C’est là que réside l’essence du christianisme : on ne va pas à Dieu sinon à travers le frère ; si l’on est pas en communion avec Lui, on n’est pas non plus en communion avec son prochain.

L’Evangéliste Matthieu écrit : « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » (Mt 5,23-24). Avant d’accéder à la communion eucharistique, l’Eglise souhaite que le lien avec notre prochain soit reconstruit. Un père qui abandonne sa femme et ses enfants pour aller avec une autre femme laissant sa femme et ses enfants dans le désespoir brise la communion avec les personnes qui lui sont le plus proche. Il viole le commandement de l’amour en se détachant violemment de Dieu qui est amour. C’est pour cela que l’Eglise lui rappelle que, sans repentir et changement de vie, il n’est pas licite d’accéder au sacrement de l’unité, à la rencontre avec Dieu qui s’est fait proche de l’homme pour que l’homme soit également proche de ses frères.

Si la thèse du cardinal Kasper passait, il faudrait non seulement effacer de l’Evangile les passages sur le mariage mais également en abolir l’esprit car nul ne va vers Dieu, qui est Amour et Unité, sinon à travers ses frères, ceux qui nous entourent. On ne va pas à l’autel du Dieu fidèle après avoir trahi la fidélité promise et due à ceux qui nous sont le plus proche : le conjoint et les enfants. Cela ne veut pas dire qu’en ne permettant pas la communion aux divorcés qui vivent comme mari et femme avec son partenaire, l’Eglise les abandonne et les considère comme perdus, chrétiennement parlant. Même s’ils vivent de façon contraire à l’enseignement de l’Evangile. Que faut-il faire alors ? Que les Pères synodaux réalisent donc, sans prendre de raccourci, que le chemin pris par le Christ, la route qui mène à la croix, n’est pas celle d’affirmer que le péché n’existe pas mais celle de mourir pour nous pécheurs. » 

Ref. Pour faire communier les divorcés remariés, il faudrait changer l'Evangile.

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Diakonos.be - Rédaction

 

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