"Un grand bateau qui prend une autre direction" (25/10/2015)

Lu sur cathobel.be (J.-J. Durré, Solène Tadié) :

Synode : « L’Eglise n’a pas tranché, mais elle a changé de langage », assure Mgr Bonny

A l’occasion d’une conférence de presse à Rome, les évêques belges présents au Synode pour la famille sont revenus sur les points fondamentaux de ces trois semaines de travaux.

L’antagonisme entre le permis et le défendu, dénoncé par certains pères synodaux au début des travaux pour son effet néfaste sur le débat, s’est peu à peu dissipé pour donner lieu à un dialogue plus profond et apaisé. C’est ce qu’a laissé entendre Mgr Johan Bonny – évêque d’Anvers et représentant des évêques belges à la seconde assemblée du Synode pour la famille – lors d’une conférence de presse au Collège belge de Rome vendredi, aux côtés de Mgr Luc Van Looy, évêque de Gand, et du cardinal Godfried Danneels, archevêque émérite de Malines-Bruxelles.

Les trois intervenants sont formels, le terme d’« écoute » fut omniprésent dans les discussions synodales, un moyen pour les participants de se prémunir du jugement et de répondre à l’appel du Pape François de « comprendre les signes des temps ». Mgr Bonny qui appelait de ses vœux une « Église qui n’exclut personne » dès l’ouverture du Synode, s’est félicité de la prééminence accordée à la pastorale dans l’orientation des travaux – qualifiée par le cardinal Danneels de « glissement » toujours plus précis de la doctrine vers le prudentiel – et a assuré que cela émergerait très nettement dans le document final, un sentiment partagé par nombre de pères synodaux d’après lui.

Rappelant que les évêques « croient au mariage entre un homme et une femme » en tant que cellule construite sur un engagement fort, que l’Église et la société doivent soutenir, l’évêque d’Anvers a précisé qu’aucune décision tranchée ne serait prise, notamment sur les questions sensibles concernant les divorcés remariés ou l’homosexualité. Et si le cardinal Danneels affirme que  « l’Église a changé », Mgr Bonny avance pour sa part que c’est avant tout dans son langage que celle-ci a changé. 

« L’Eglise n’est plus un bloc »

Autre constat notable des trois intervenants, la représentation accrue du continent africain dans l’orientation des discussions, en rupture avec une époque où l’Europe « dominait les débats ». « Nous sommes passés du ‘je’ au ‘nous' », remarque la cardinal Danneels. « L’Église n’est plus un bloc, chaque pays a ses idées et on ne tait plus les désaccords comme par le passé », a-t-il ajouté, comparant celle-ci à un grand bateau qui prendrait « lentement une autre direction ».

De son côté, Mgr Bonny a évoqué des dissensions marquées, en particulier dans les groupes linguistiques, entre francophones européens et africains, faisant état de difficultés voire d’impossibilité d’aborder certains sujets. « Nous avons besoin de plus de temps, mais un processus de changement s’est ouvert depuis l’élection du pape François », a-t-il conclu.

Les mariages mixtes, la formation des catéchistes (visant à introduire la notion de mariage sacramentel auprès des fidèles dès l’enfance) et les façons d’intégrer des divorcés remariés ont été cités parmi les thèmes récurrents des interventions, au même titre que l’accueil des réfugiés. A cet égard, Mgr Van Looy a appelé à s’interroger sur la manière d’être « de bons samaritains » pour eux et, songeant à ces innombrables familles séparées par les guerres, il a évoqué l’instruction des enfants de réfugiés parmi les grandes priorités pour leur venir en aide.

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