L'Eglise malade de ses dogmes ? (20/02/2016)
D'Emmanuel Cabello sur didoc.be :
L’Eglise est-elle malade de ses dogmes ?
Il est un fait que, si tous les dogmes plongent leurs racines dans la Révélation (c'est-à-dire dans la Sainte Ecriture et la Tradition vivante de l’Eglise), pas tous ont été révélés sous forme d’un énoncé clair et définitif. Songeons, par exemple, à l’assomption de Marie ou à l’infaillibilité pontificale, mais aussi à l’énoncé de la doctrine sur la double nature du Christ ou sur la façon de comprendre la Trinité. Plusieurs siècles de réflexion ont été nécessaires à l’Eglise pour arriver aux énoncés dogmatiques que nous employons aujourd’hui. On ne peut donc nier le rôle joué par les théologiens et les pasteurs de l’Eglise dans l’élaboration rationnelle d’une formulation de la doctrine révélée par Dieu.
Cette intervention humaine ne doit pas nous étonner. Si l’Eglise est une institution divine, elle est aussi constituée d’hommes, à qui Dieu a voulu confier le soin de conserver et d’enseigner la doctrine du salut. Par ailleurs, cette doctrine, qui est universelle, est confrontée au temps et à l’espace. Elle doit se rendre compréhensible au fil d’une histoire où les mentalités évoluent et où surgissent des questions implicitement présentes dans la Révélation, mais jamais explicitement formulées. Elle doit se rendre compréhensible aussi par diverses cultures, qui s’expriment chacune de façon différente. Enfin, l’exposé de cette doctrine doit satisfaire à certaines exigences pédagogiques sujettes à évolution, comme dans la rédaction d’un catéchisme. Qui lit par exemple le Catéchisme de l’Eglise Catholique promulgué par saint Jean-Paul II en 1992 trouve un texte d’un style totalement différent de celui du Catéchisme du concile de Trente, publié au 16ème siècle. Et pourtant, c’est la même doctrine.
C’est là un trait remarquable de la vie de l’Eglise : sa doctrine évolue au fil de son histoire et de son expansion, mais elle reste toujours identique, de même qu’un organisme qui se développe et s’adapte continuellement conserve son identité, fidèle à un patrimoine génétique présent dès le premier instant de sa conception. Cela non plus ne doit pas nous étonner. Dieu, qui est à l’origine des dogmes, veille aussi à la cohérence de leur développement, à travers l’autorité de l’Eglise catholique, elle-même garantie par le Christ : « les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » (Mt 16, 18). Dieu se révèle et veille ensuite à la transmission fidèle de sa Révélation.
Les dogmes n’ont pas pour vocation de provoquer des divisions entre les hommes, comme écrivait l’auteur de l’article sur le soi-disant « cancer » de l’Eglise. Le premier dogme est celui de connaître Dieu et de l’aimer, et le deuxième, celui d’aimer le prochain comme Dieu nous aime.
Loin d’être un cancer, les dogmes sont un cadeau de Dieu. Sans ces vérités de la foi, sans la voix de Dieu qui nous parvient à travers l’Eglise, nous ne saurions d’où nous venons ni où nous allons. Nous ne saurions pas non plus comment atteindre notre destinée. Peut-on vivre une vie pleinement humaine sans connaître ces vérités ?, se demandait Joseph Ratzinger. Rendons grâces à Dieu pour sa Révélation : si nous l’acceptons librement, elle nous permet de vivre une vie d’espérance et, avec l’aide de la grâce, d’atteindre l’éternité de bonheur à laquelle notre cœur aspire.
Emmanuel Cabello est prêtre, Docteur en Sciences de l’Education et en Théologie. Cet article a fait l'objet de quelques modifications le 20-2-16.
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Commentaires
Le dogme est comme un repère dans la nuit, une petite lampe qui marque le chemin vers la vérité.
Aux théologiens ensuite de montrer leur immense cohérence qui se dévoilera en plénitude lors du retours du Christ en pleine lumière;
Écrit par : Arnaud Dumouch | 21/02/2016
Cette affirmation fausse selon laquelle les dogmes sont nuisibles à l'Eglise, à l'oecuménisme, au dialogue inter religieux, c'est la nouvelle doxa qui nous est d'ores et déjà, insidieusement, imposée.
Pourquoi le catéchisme n'est-il plus enseigné comme tel ? Par pédagogisme sans doute, mais aussi par choix : on veut que nos enfants ignorent un certain nombre de vérités lourdes de conséquences.
Il faut, par exemple, qu'ils croient que le dieu des Musulmans est le même que notre Dieu. C'est faux, mais c'est tellement facile. Pour leur enseigner la Trinité, par exemple, il faut d'abord y croire ; et ensuite, se mettre au travail.
Et quand, pour l'année de la Foi, on s'est mis à faire lire des crédos privés aux messes dominicales. Tout le monde a compris la manoeuvre.
De la part de clercs et de la part de fidèles, nous assistons à une apostasie douce. Apostasie que la hiérarchie couvre d'un manteau de Noé.
Écrit par : Etienne | 21/02/2016
Cet article de La Libre, journal de la bonne gauche désormais, est absolument représentatif de notre monde occidental
Il se passe au niveau de la pensée ce qui s'est passé au niveau des populations: l'idéal est la mixité, il ne peut y avoir de vérités car elles n'existent tout simplement pas. Libre à chacun de se construire sa vérité, les dogmes sont donc à abattre.
2 + 2 ne font pas nécessairement 4 si Mr Tartempion estime, du haut de son individualité souveraine que rien ne peut contrer, que 2+2 font 5.
Écrit par : Colas | 21/02/2016
" La pensée qui ne doit jamais se soumettre ni à un dogme etc...."
c'est le B. A... BA de La Loge . Commi si on pouvait écrire un livre de théorèmes de géométrie sans avoir recours à des axiomes et à un postulat .
( Pourquoi n'ai je jamais songé à me faire libre penseuse par rapport à la géométrie ? J'en aurais gagné du temps pour lire Dostoievski, par ex ....
Écrit par : thérèse | 21/02/2016