Le chemin de conversion d'un praticien de l'avortement (10/03/2016)

De Benedetta Frigerio sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana (traduit par nos soins) :

« Je  pratiquais l'avortement, mais j’étais triste. Jusqu'au jour où Jean-Paul II ... »

«Vous défendrez la vie à chaque instant de son développement, vous vous efforcerez de toute votre force à rendre cette terre toujours plus habitable pour tous. Chers jeunes du siècle qui commence, en disant «oui» au Christ, vous dites «oui» à tous vos idéaux les plus élévés. Je prie pour qu’Il régne dans vos cœurs et sur l'humanité du nouveau siècle et du millénaire. N’ayez pas peur de vous confier à lui. Il vous guidera, vous donnera la force de le suivre chaque jour et dans toutes les situations ».

C’est en 2000, l'année du Jubilé de la miséricorde, quand saint Jean-Paul II, lors de la Journée Mondiale de la Jeunesse à Rome, invitait les jeunes à "ouvrir les portes au Christ." Piero Rossi médecin gynécologue, alors anti-clérical et pro-avortement convaincu, employé de la clinique Mangiagalli de Milan, entendit les paroles du saint. "Et à partir de ce moment, ma vie a complètement changé."

Quand Rossi a obtenu son diplôme en 1984, "en fait, je me croyais être le dieu de ma vie. J'étais un grand pécheur qui, entre autres choses, pratiquais les ainsi dites "interruptions de grossesse"." Mais pourtant, quand sa petite amie se retrouva enceinte, le jeune homme opta pour la vie et se maria à l‘administration communale. «Je n’aurais jamais pris une autre décision, mais j’étais convaincu que chacun était libre de faire comme il lui plaisait. »

Le médecin opère dans les années mêmes où la bataille italienne sur l’avortement avait son épicentre dans la clinique de Milan, devenue le symbole idéologique du féminisme: «J’étais parmi ceux qui prétendaient y être opposés, mais qui se disaient convaincus qu'il constituait un moindre mal, nécessaire pour préserver la femme de l'avortement clandestin.» Rossi applique à la lettre la loi 194 pensant qu'elle était une bonne loi. "J'essayais d’éviter les avortements mais, si la femme ne changeait pas d’avis, je lui donnais satisfaction même si, d'un point de vue psychologique, c’était lourd et même si cela m’était pénible de le pratiquer."

 

Les jours où l'avortement se pratique à l'hôpital, Rossi se retrouve toujours triste: «Ce n’était vraiment pas de belles journées même si je ne comprenais pas bien pourquoi je me sentais mal.» Le médecin décrit son état de confusion comme «diabolique : je me convainquais que faire objection de conscience signifiait abandonner les femmes.»

Depuis que  le gynécologue avait tourné le dos à l'Eglise, à 17 ans, "la confusion n’avait fait qu’augmenter: je me retrouvais toujours plus bas, commettant les pires fautes et me tenant à l’écart de la drogue juste par lâcheté." La haine de la religion a commencé à cause de la mort par pneumonie d’un proche dont «j’accusais Dieu. J'ai commencé à discuter avec mon père pour qu’il enlève le crucifix de la pièce, pour en venir à haïr et à juger les prêtres, les religieux et l'Eglise elle-même ".

Jusqu’à ce que l'appel du pape aux jeunes, réunis en août à Tor Vergata, le secoue: «J’ai senti l'appel de Dieu par l’entremise d’un saint. Un appel de miséricorde précisément pendant l'année jubilaire.» Rossi, touché, va se confesser à Loreto, mais à cause de son activité de praticien de l’avortement et du fait qu'il n’était pas marié à l'Église, il n'obtient pas le pardon: «Je sortis du confessionnal humilié, mais sans renoncer. Je crois que cela devait se passer ainsi. C’était le Seigneur qui était en train de tout faire.»

L'homme, en effet, confie son mal-être à une patiente qu’il suit depuis des années. «Elle m’introduisit au Chemin Néocatéchuménal, où on m'a dit que Jésus nous aime dans l’état de misère où nous sommes et que je ne devrais rien faire d’autre que de me laisser aimer par Lui.» Après une année de cheminement dans l'Eglise, Rossi comprend qu'il ne peut pas continuer à collaborer à l'holocauste silencieux qui a tué plus de 6 millions d'Italiens. «Je suis allé chez celui qui était alors directeur de la clinique d’obstétrique, Giorgio Pardi, lui expliquant que je m’étais arrêté de pratiquer des avortements.

Il fut très touché et me dit que, bien qu'il ne comprenait pas, il était heureux parce qu'il me voyait serein.» Ce fut aussi un coup pour les collègues, "une provocation pour tous." Mais le changement ne fut pas tout à fait soudain, "j’ai arrêté l’activité directe, mais je continuais à faire des interviews à la clinique puis, après quelques années, j'ai abandonné même ceux-ci, réalisant que je ne pouvais pas pactiser avec le mal." Il a fallu du temps pour changer une mentalité aussi enracinée, "mais Dieu est patient, Il attend."

Rossi comprend maintenant où se cache le mensonge: «La femme, on ne l’aide jamais en la privant du don qui lui est fait mais bien en l’aidant à l'accueillir. Tout autre chemin est destructeur pour l'enfant et aussi pour la mère ; je cherche donc à l’amener à comprendre que l'angoisse est induite par la situation et par les pressions extérieures. Et je la dirige vers qui peut l’aider, en lui offrant aussi mon soutien.»

L'année où le gynécologue est arrivé à cette position est la même que celle où il a décidé de se marier à l'église avec la femme qui lui a donné trois enfants. Aujourd'hui, sa vie a complètement changé, même si «je reste pauvre comme avant. La différence est que maintenant je reconnais la présence du Seigneur dans mes journées, et je reconnais aussi mon péché. Je me sens comme le fils prodigue, fêté par son père. Tandis que la communauté dans laquelle il m’a fait entrer est une aide pour voir dans mes frères le Seigneur présent  et qui me convertit en permanence.»

L'histoire de Rossi montre qu’en un instant on peut sortir d'une idéologie et aussi d’une "routine" profondément enracinée. Mais où se trouve le courage? "J’ai découvert ensuite que, dans les années où j'ai pratiqué l'avortement, il y avait ceux qui ont prié pour moi: j'étais loin de Dieu et c’est Lui qui est venu me prendre. Puis il m'a conduit jusqu’ici. De telle sorte que je n’ai rien fait si ce n’est de m’être laisser sauver. Je ne méritais pas tout cela, je ne mérite pas d'être chrétien ». En fait, même si la douleur du péché et «de tant d’avortements que j'ai pratiqués est grande, maintenant j’ai son amour.» Et certainement, "je crois que je serai jugé, mais je n’ai pas peur. Parce que Dieu est miséricordieux et veillera également sur mon oui à son appel. " Il reste la déception d'une loi qui pousse les mères et les autres médecins à tuer des milliers d'enfants chaque jour.

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