Aux JMJ de Cracovie le pape appelle les « jeunes-divans » à la fraternité multiculturelle (31/07/2016)

Le pape François a lancé un appel provoquant, samedi soir, à Cracovie, lors de la soirée finale des JMJ, exhortant les jeunes à ne pas vivre comme des «abrutis» mais à quitter «le divan» et chausser des «crampons» pour «changer le monde» car «notre réponse à la guerre» est «la fraternité».  De Jean-Marie Guénois sur le site du « Figaro » :

 «Jésus est le Seigneur du risque!» François, samedi soir, devant des centaines de milliers de jeunes réunis dans la banlieue de Cracovie, en Pologne, pour la veillée point d'orgue de ces 31e JMJ a, une nouvelle fois, rivalisé d'inventivité verbale pour convaincre les jeunes catholiques venus de 187 pays de s'engager avec le Christ pour «changer le monde». Ils les a surtout provoqué en dénonçant une «dangereuse paralysie lorsqu'on confond le bonheur avec un divan!».

En effet, «le temps qu'aujourd'hui nous vivons n'a pas besoin de jeunes-divan, mais de jeunes avec des chaussures, mieux encore, chaussant des crampons. Il n'accepte que des joueurs titulaires sur le terrain, il n'y a pas de place pour des réservistes.» Pour François, l'enjeu est de taille: «Si tu n'y mets pas le meilleur de toi-même, le monde ne sera pas différent». Et «l'histoire aujourd'hui nous demande de défendre notre dignité et de ne pas permettre que ce soient d'autres qui décident notre avenir.»

Il explique: tandis que les jeunes «perdent leur liberté» en passant «des heures de tranquillité pour se transférer dans le monde des jeux vidéo ou devant l'ordinateur» sans réaliser qu'ils sont «endormis étourdis et abrutis» - et sans oublier «d'autres drogues socialement acceptées» qui nous rend plus esclaves - ce sont «d'autres, peut-être plus éveillés, mais pas les meilleurs qui décident de l'avenir pour nous».

Or a-t-il martelé «la vérité est autre» car «nous ne sommes pas venus au monde pour ‘végéter', pour vivre dans la facilité, pour faire de la vie un divan qui nous endorme ; au contraire, nous sommes venus pour autre chose, pour laisser une empreinte, une empreinte qui marque l'histoire».

Le pape a donc invité les jeunes à suivre «Jésus et le Seigneur du risque, du toujours ‘‘au-delà'» qui «n'est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité» mais qui aide à comprendre que «rien n'est plus précieux que la personne que nous avons à côté».

D'où cet appel dans un monde ravagé, pour partie par la guerre - un témoignage poignant d'une jeune syrienne avait introduit la soirée - ou par l'angoisse: «Nous ne voulons pas détruire (…) Nous, nous ne voulons pas vaincre la haine par davantage de haine, vaincre la violence par davantage de violence, vaincre la terreur par davantage de terreur. Et notre réponse à ce monde en guerre a un nom: elle s'appelle fraternité, elle s'appelle lien fraternel, elle s'appelle communion, elle s'appelle famille.»

Les chrétiens doivent donc sortir et ne pas rester «enfermés» en se sentant «menacés par un entourage» qui les «persécuterait», les «obligeant à demeurer figés et paralysés». «On voudrait nous faire croire que nous enfermer est la meilleure manière de nous protéger de ce qui fait mal», or, «la peur mène à un seul endroit: à la fermeture. Et lorsque la peur se terre dans la fermeture, elle est toujours accompagnée de sa ‘soeur jumelle', la paralysie» qui est «l'un des pires maux».

D'où cet envoi: «Aller par les routes en suivant la “folie” de notre Dieu qui nous enseigne à le rencontrer en celui qui a faim, en celui qui a soif, en celui qui est nu, dans le malade, dans l'ami qui a mal tourné, dans le détenu, dans le réfugié et dans le migrant, dans le voisin qui est seul. Aller par les routes de notre Dieu qui nous invite à être des acteurs politiques, des personnes qui pensent, des animateurs sociaux. Il nous incite à penser à une économie plus solidaire.»

Car «aujourd'hui, nous les adultes, nous avons besoin de vous, pour nous enseigner à cohabiter dans la diversité, dans le dialogue, en partageant la multiculturalité non pas comme une menace mais comme une opportunité: ayez le courage de nous enseigner qu'il est plus facile construire des ponts que d'élever des murs! Et tous ensemble, demandons que vous exigiez de nous de parcourir les routes de la fraternité. Construire des ponts.»

Le pape a terminé sa longue intervention en livrant un «secret»: «Voilà le secret, chers amis. Dieu attend quelque chose de toi, Dieu veut quelque chose de toi, Dieu t'attend. Dieu vient rompre nos fermetures, il vient ouvrir les portes de nos vies, de nos visions, de nos regards. Dieu vient ouvrir tout ce qui t'enferme. Il t'invite à rêver, il veut te faire voir qu'avec toi le monde peut être différent.»

Et François d'assurer: «Le Seigneur, comme à la Pentecôte, veut réaliser l'un des plus grands miracles dont nous puissions faire l'expérience: faire en sorte que tes mains, mes mains, nos mains se transforment en signes de réconciliation, de communion, de création. Il veut tes mains pour continuer à construire le monde d'aujourd'hui. Il veut construire avec toi.»

Le pape a conclu en répondant à cette objection: «Tu me diras: Père, mais moi, j'ai bien des limites, je suis pécheur, que puis-je faire? Quand le Seigneur nous appelle, il ne pense pas à ce que nous sommes, à ce que nous étions, à ce que nous avons fait ou cessé de faire. Au contraire, au moment où il nous appelle, il regarde tout ce que nous pourrions faire, tout l'amour que nous sommes capables de propager. Lui parie toujours sur l'avenir, sur demain. Jésus te projette à l'horizon.»

Ref. Aux JMJ, le pape François récuse les «jeunes-divans»

JPSC

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