Pour l'Eglise, la crémation n'est pas interdite mais l'inhumation reste préférable (25/10/2016)

De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

L’Église accueille favorablement la crémation des défunts

Dans une instruction publiée mardi 25 octobre, la Congrégation pour la doctrine de la foi réaffirme la préférence de l’Église catholique pour l’inhumation des corps, tout en reconnaissant que « la crémation n’est pas interdite » et en établissant des normes pour la conservation des cendres.

« La crémation n’est pas interdite », même si, pour des raisons théologiques liées à la foi et à l’espérance en la résurrection des corps, l’Église continue à recommander « avec insistance que les corps des défunts soient ensevelis dans un cimetière ou en lieu sacré » : telle est, en résumé, la ligne dégagée par la Congrégation pour la doctrine de la foi dans l’instruction Ad resurgendum cum Christo, publiée mardi midi 25 octobre.

Parce que la crémation des défunts a longtemps été un acte d’opposition aux dogmes de l’Église, voire de négation de ceux-ci, l’Église l’a toujours regardée avec une certaine méfiance. Il a fallu attendre 1963 pour que le Saint-Office, tout en demandant de « maintenir fidèlement la coutume d’ensevelir les corps des fidèles », précise que la crémation n’est pas « contraire en soi à la religion chrétienne ».

« Foi en la résurrection de la chair »

En 50 ans, les sociétés ont évolué sur le sujet. « La pratique de la crémation s’est sensiblement répandue dans de nombreuses nations, mais, dans le même temps, se sont aussi diffusées de nouvelles idées en contradiction avec la foi de l’Église », relève la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Ad resurgendum cum Christo commence donc par rappeler que « suivant la tradition chrétienne immémoriale, l’Église recommande avec insistance que les corps des défunts soient ensevelis dans un cimetière ou en un lieu sacré ».

« L’inhumation est d’abord et avant tout la forme la plus idoine pour exprimer la foi et l’espérance dans la résurrection du corporel », explique le texte, soulignant qu’« en ensevelissant les corps des fidèles, l’Église confirme la foi en la résurrection de la chair et veut mettre l’accent sur la grande dignité du corps humain, en tant que partie intégrante de la personne, dont le corps partage l’histoire ».

« Pas de raisons doctrinales pour prohiber » la crémation

Pour ces raisons, l’Église catholique ne peut « tolérer des attitudes et des rites impliquant des conceptions erronées de la mort, considérée soit comme l’anéantissement définitif de la personne, soit comme un moment de sa fusion avec la Mère-nature ou avec l’univers, soit comme une étape dans le processus de réincarnation, ou encore comme la libération définitive de la “prison” du corps ».

Pour autant, « là où des raisons de type hygiénique, économique ou social poussent à choisir la crémation (…), l’Église ne voit pas de raisons doctrinales pour prohiber cette pratique ». Sauf, évidemment, « dans le cas où le défunt aurait, de manière notoire, requis la crémation et la dispersion de ses cendres dans la nature pour des raisons contraires à la foi chrétienne », auquel cas, l’Église lui refusera des obsèques.

Sur le fond, néanmoins, la crémation, en effet, « ne touche pas à l’âme et n’empêche pas la toute-puissance divine de ressusciter le corps : elle ne contient donc pas, en soi, la négation objective de la doctrine chrétienne sur l’immortalité de l’âme et la résurrection des corps ».

Les cendres doivent être conservées « dans un lieu sacré »

Ainsi, pour l’Église catholique, « la crémation n’est pas interdite », « à moins qu’elle n’ait été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne ». Elle est même accompagnée « avec d’opportunes directives liturgiques et pastorales, en veillant surtout à éviter toute forme de scandale ou d’indifférentisme religieux ».

La Congrégation pour la doctrine de la foi va même plus loin en tentant d’organiser convenablement la conservation des cendres.

Celles-ci « doivent être conservées normalement dans un lieu sacré, à savoir le cimetière ou, le cas échéant, une église » afin de « réduire le risque de soustraire les défunts à la prière et au souvenir de leur famille et de la communauté chrétienne » et d’éviter les « éventuels oublis et manques de respect qui peuvent advenir surtout après la disparition de la première génération, ainsi que des pratiques inconvenantes ou superstitieuses ».

De fait, « la conservation des cendres dans l’habitation domestique n’est pas autorisée » (1), pas plus que dans des souvenirs, des bijoux ou d’autres objets.« Pour éviter tout malentendu de type panthéiste, naturaliste ou nihiliste, la dispersion des cendres dans l’air, sur terre, dans l’eau ou de toute autre manière, n’est pas permise », insiste aussi la Congrégation pour la doctrine de la foi.

(1) Ce qui est déjà interdit depuis 2008 par la loi française.

Le texte intégral de l'instruction est sur zenit.org

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