Quand les démocraties occidentales sont devenues des oligarchies... (13/11/2016)
De Chantal Delsol (source) :
La victoire de Trump, reflet de la maladie de la représentation démocratique
Pour la philosophe, l’élection du président républicain signe la revanche des peuples face au mépris des élites, qui se veulent pourtant démocrates.
L'élection inattendue de Donald Trump est ainsi résumée par un commentateur de radio, au matin français du 9 novembre : "Nous avons la nausée." Mot bien répandu pour traiter l’autre moitié de la société, celle populaire.
La démocratie est un régime d’incertitude et de débats, et c’est ainsi que nous l’aimons. La droite ou la gauche gagne, cela provoque des déceptions et des plaintes, enfin c’est la loi du genre. Mais ce qui se passe aujourd’hui est bien différent : nous nous trouvons avec Trump devant un candidat bien-que-légal-inacceptable. Nous avons aujourd’hui le cas de partis, ou de candidats, qui sont criminalisés et cependant ne sont pas interdits. Quel genre de criminels est-ce donc ? Nous risquons de perdre la démocratie si nous ne parvenons pas à répondre à cette question. C’est un écueil contre lequel achoppent toutes les démocraties occidentales. Le jugement vaut pour Orban, Le Pen, Kachinsky, et autres. L’événement présent déborde la prochaine politique de Trump, et déborde même les prochains changements dans la politique internationale. L’événement pose la question : voulons-nous continuer à être démocrates, avec ce que cela suppose de tolérance et de débat loyal avec tous les courants de pensée ?
Trump est jugé inacceptable parce que si extrémiste, si vulgaire, si excessif en tout, si machiste, et j’en passe. Le même reproche vaut pour les autres précédemment cités. Les Républicains américains proposaient d’autres candidats, tout aussi motivés. Mais les électeurs ont préféré le plus caricatural, qu’ils ont brandi au nez et à la barbe de leurs élites sophistiquées et évoluées. Signe d’exaspération, voire de provocation, face à une élite qui, tout en se prétendant démocrate, diffame ses adversaires et les exclut (200 grands journaux américains ont pris le parti de Clinton, et six, celui de Trump).
L’inexorable montée au pouvoir de tous les Trump occidentaux raconte un grave dysfonctionnement de la représentation démocratique, l’expression terrible d’une guerre larvée que se livrent les élites et les peuples dans la plupart des pays d’Occident, et finalement la revanche des peuples face au mépris que leur prodiguent de soi-disant démocrates. Les élites intellectuelles, médiatiques et gouvernantes ignorent complètement qui est ce peuple avec lequel elles votent. Et dès qu’elles le regardent elles reculent d’horreur : elles voudraient, comme le dictateur bien connu, "changer de peuple". Pour ces élites, celui qui n’est pas mondialisé, nomade, émancipé, féministe… est criminel. Ainsi, partout, la moitié de la population est criminalisée.
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