La "Philosophie pour la Vie" de Stéphane Mercier (17/10/2017)

41Yjffv+cIL._SX330_BO1,204,203,200_.jpgDe Franck Abed sur AgoraVox :

La philosophie pour la vie, par Stéphane Mercier

Stéphane Mercier est docteur en philosophie de l’Université catholique de Louvain. Il fut au sein de celle-ci assistant et chargé de recherches du FNRS, ainsi que chargé de cours invité. En février 2017, il a donné un cours à ses étudiants pour les amener à une réflexion globale sur la question cruciale de l’avortement : « j’ai proposé à mes étudiants de réfléchir par eux-mêmes sur un argumentaire vigoureux certes, mais strictement philosophique, en faveur du respect dû à tout être humain depuis sa conception ». Il explique que son intention ne relevait pas de l’embrigadement : « sans rien imposer à qui que ce soit, sinon de réfléchir, de faire preuve d’esprit critique et d’entendre les arguments rationnels  ». Il est mis sur la touche puis poussé vers la sortie pour avoir défendu le droit naturel et émis des critiques contre l’idéologie du genre. Cela en dit long sur les universités et autres écoles qui se parent du titre de catholiques… Ce livre reprend, avec de légères retouches, le cours donné par Stéphane Mercier à ses étudiants.

L’ouvrage commence par une citation biblique très éclairante : « Ouvrez la bouche pour le muet, et pour soutenir la cause de tous les enfants qui ne font que passer  » (Livre des proverbes 31-8). Par la suite l’auteur précise sa pensée en expliquant ce qui suit : « un avortement ne peut pas être réduit à un acronyme qui se donne toutes les apparences d’être inoffensif : IVG  ». De manière raisonnée et raisonnable, Mercier a voulu faire grandir ses étudiants en les amenant à la réflexion. Malheureusement la suite est connue. Il perd son poste devant les hérauts de la tolérance qui s’appuient sur l’adage révolutionnaire bien connu : « pas de liberté, pour les ennemis de la liberté  ». En effet, les promoteurs de cette idée horrible défendent le principe que la mort de l’enfant à naître demeure une des libertés de la femme. Par conséquent personne ne doit émettre un avis ou même une réflexion défavorable sur le sujet. Les femmes volontaires pour l’avortement se considèrent comme propriétaires de leurs corps, mais elles oublient en réalité que l’embryon est une personne à part entière. La mise à l’écart dont fut victime le professeur Mercier, suite à une levée de boucliers, est selon lui : « une réaction émotive, passionnelle, et révélatrice de la corruption mensongère des esprits qui sévit à l’Université  ». Malheureusement aujourd’hui, trop de catholiques se taisent devant les injustices et les crimes de notre monde. L’auteur l’explique clairement : « c’est le grand crime de Ponce Pilate : non pas tant la lâcheté que l’indifférence ». Ne voulant pas rester muet devant une telle iniquité, il a décidé d’agir pour défendre la vie : « en dénonçant le crime de l’avortement, c’est de l’éminente dignité de l’être humain dont je parle  ». Tout au long de son propos, l’auteur développe une pensée structurée reposant sur des arguments tout autant pertinents que logiques, pour répondre aux idées fausses avancées par certains. Effectivement les défenseurs de l’avortement usent et abusent d’un argument fallacieux qui consiste à dire que l’embryon voire le fœtus ne méritent pas le statut de personne. Mercier pose le constat suivant pour les contredire : « le fait de couper le cordon ombilical vous transforme soudainement en une personne, par la magie des ciseaux dont se sert le médecin. » De même, il réfute avec la même facilité déconcertante une autre fausseté dialectique : « cet argument de la viabilité est un argument fonctionnaliste qui suppose que, pour être une personne, il faut fournir la preuve que l’on fonctionne comme une personne digne de ce nom. Mais il faut le répéter, ce n’est pas un argument probant : un comateux, un petit enfant et un embryon sont incapables de parler. Sont-ils pour cela disqualifiés comme personne ? » Mercier rappelle enfin l’évidence même au sujet de l’embryon, pour couper court aux idées morbides mises en avant par la société moderne : « insistons-y, ce n’est pas un vulgaire tas de cellules désorganisées qui évolue au hasard. Dès que le code génétique est complet, dès l’instant de la formation de l’embryon, les choses s’organisent dans une direction très précise. » Il nous paraît difficile d’être plus juste et plus clair. Néanmoins il prend le temps, car toute bonne pédagogie se fonde sur la répétition, de rappeler une idée de bon sens : « s’il est moralement mauvais de tuer délibérément une personne innocente, et que l’enfant dans le ventre de sa mère est bien une personne innocente (qui n’est certes pas complètement développée, mais l’enfant de cinq ans ne l’est pas non plus), la conclusion est indiscutable : tuer un enfant au stade embryonnaire ou fœtal, dans le ventre de sa mère, est moralement mauvais, comme il est mauvais de l’assassiner quand il est âgé de cinq ans. » Dernier point et pas des moindres, il bat en brèche l’argument futile de la liberté d’action d’autrui : « imaginez encore quelqu’un qui dirait, oui c’est vrai qu’à titre personnel, je refuse l’esclavage, mais que les autres décident comme ils veulent, je suis pour le droit à choisir, et je ne tiens pas à imposer à autrui ma vision négative de l’esclavage. Ridicule encore une fois. » Il persiste et signe : « c’est absurde de dire que l’on est personnellement opposé à l’esclavage, au viol et à l’avortement, mais que l’on tient chacun à laisser le droit de choisir s’il veut prendre un esclave, violer sa voisine, ou tuer l’enfant dans le ventre de sa mère. » Imparable !

Pour conclure, nous disons qu’avec ce livre le professeur Mercier détruit de manière argumentée les différentes objections de ceux qui promeuvent l’avortement. Les différentes démonstrations sont convaincantes et logiques. L’ensemble du livre est accessibles aux jeunes et moins jeunes. C’est un des points forts du livre ! Nul besoin d’être savant pour suivre pas à pas la saine réflexion philosophique portée par l’auteur. Mercier dans une postface tout aussi brillante que le reste traite de la détresse de la mère, la malformation de l’enfant, les intérêts de la femme, en restant pédagogique, humain, et finalement chrétien. Un livre à lire pour celles et ceux qui désirent des arguments contre l’avortement afin de défendre la philosophie pour la vie…

Ce livre est disponible ICI

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