Au premier geste de Jésus : « il prit le pain et la coupe du vin », correspond par conséquent la préparation des dons. C’est la première partie de la liturgie eucharistique. Il est bien que ce soient les fidèles qui présentent au prêtre le pain et le vin, parce qu’ils signifient l’offrande spirituelle de l’Église recueillie là pour l’Eucharistie. Il est beau que ce soit justement les fidèles qui apportent à l’autel le pain et le vin. Même si aujourd’hui, « les fidèles n’apportent plus, comme autrefois, leur propre pain ou vin destinés à la liturgie, le rite de la présentation de ces dons conserve toutefois sa valeur et sa signification spirituelle » (ibid., 73). Et à cet égard, il est significatif que l’évêque, en ordonnant un nouveau prêtre, lorsqu’il lui remet le pain et le vin, dise : « Reçois les offrandes du peuple saint pour le sacrifice eucharistique » (Pontifical romain – Ordination des évêques, des prêtres et des diacres). Le peuple de Dieu qui apporte l’offrande, le pain et le vin, la grande offrande pour la messe ! Dans les signes du pain et du vin, le peuple fidèle met donc son offrande entre les mains du prêtre, qui la dépose sur l’autel ou table du Seigneur, « qui est le centre de toute la liturgie eucharistique » (Présentation générale du missel romain, 73). Le centre de la messe est donc l’autel et l’autel est le Christ ; il faut toujours regarder l’autel qui est le centre de la messe. Dans le « fruit de la terre et du travail de l’homme », ce qui est offert c’est l’engagement des fidèles à faire d’eux-mêmes, obéissant à la Parole divine, un « sacrifice qui plait à Dieu le Père tout-puissant », « pour le bien de toute la sainte Église ». Ainsi, « la vie des fidèles, leur souffrance, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du Christ et à son offrande totale et de cette manière ils acquièrent une valeur nouvelle » (Catéchisme de l’Église catholique, 1368). Certes, notre offrande est peu de chose, mais le Christ a besoin de ce peu de chose. Il nous demande peu, le Seigneur, et il nous donne beaucoup. Il nous demande peu. Il nous demande, dans la vie ordinaire, de la bonne volonté ; il nous demande un cœur ouvert ; il nous demande l’envie d’être meilleur pour l’accueillir, lui qui s’offre à nous dans l’Eucharistie ; il nous demande ces offrandes symboliques qui deviendront ensuite son corps et son sang. Une image de ce mouvement oblatif de prière est représentée par l’encens qui, consumé dans le feu, libère une fumée parfumée qui s’élève vers le ciel : encenser les offrandes, comme on le fait les jours de fête, encenser la croix, l’autel, le prêtre et le peuple sacerdotal manifeste visiblement le lien « offertorial » qui unit toutes ces réalités au sacrifice du Christ (cf. Présentation générale du missel romain, 75). Et n’oubliez pas : il y a l’autel qui est le Christ, mais toujours en référence au premier autel qui est la Croix, et sur l’autel qui est le Christ, nous apportons le peu de chose que sont nos dons, le pain et le vin qui deviendront beaucoup ensuite : Jésus lui-même qui se donne à nous.
Et tout ceci est ce qu’exprime l’oraison sur les offrandes. Par elle, le prêtre demande à Dieu d’accepter les dons que l’Église lui offre, en invoquant le fruit de l’admirable échange entre notre pauvreté et sa richesse. Dans le pain et le vin, nous lui présentons l’offrande de notre vie, afin qu’elle soit transformée par l’Esprit-Saint dans le sacrifice du Christ et devienne avec lui une seule offrande spirituelle qui plaise au Père. Tandis que se conclut ainsi la préparation des dons, on se dispose à la prière eucharistique (cf. ibid., 77).
Puisse la spiritualité du don de soi, que nous enseigne ce moment de la messe, éclairer nos journées, nos relations avec les autres, les choses que nous faisons, les souffrances que nous rencontrons, en nous aidant à construire la cité terrestre à la lumière de l’Évangile !
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat