Les origines de la crise de l'Eglise dans les années '70 (29/11/2018)

De Guillaume Cuchet sur le site aleteia.org :

Aux origines de la crise de l’Église dans les années 1970

Dans le cadre du IXe colloque de l’Observatoire Foi et culture de la conférence des évêques de France, l’historien Guillaume Cuchet montrera comment les effets d’une crise religieuse et d’une crise culturelle peuvent se combiner. L’interpénétration d’une lente dérive de la pratique religieuse et de la mutation socio-culturelle héritée des Trente Glorieuses a été décisive dans le bouleversement du catholicisme après le concile Vatican II.

La crise de l’Église des années 1970, plus précisément des années 1965-1978, de la fin du concile Vatican II à l’élection de Jean-Paul II, a-t-elle procédé de causes avant tout religieuses ou culturelles ? La question fait écho à un article bien connu de Lucien Febvre parue en 1929 sur « Les causes de la Réforme » au XVIe siècle à laquelle il avait apporté une réponse célèbre : « À révolution religieuse, causes religieuses », et non pas culturelles, sociales ou politiques. Formule profonde mais faussement claire, qui a des chances de ne pas l’être beaucoup plus en changeant de siècle et de révolution. Sans doute la crise des années 1970 procède-t-elle de causes à la fois religieuses et culturelles, tout le problème étant de savoir lesquelles, quel a été leur poids respectif et comment elles se sont articulées.

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Deux thèses incomplètes

Or on peut dire qu’il existe sur le sujet deux grandes thèses. La première, de type « externaliste » (comme disent les sociologues), consiste à dire que la crise en question a été socio-culturelle dans ses causes et religieuse dans ses effets. « Crise catholique de la société française » a écrit Denis Pelletier, et pas « crise du catholicisme français », c’est-à-dire version catholique de la crise générale que traverse alors la société française, qui a affecté aussi bien le protestantisme que l’école, la famille ou le Parti communiste.

La seconde, de type « internaliste », considère, au contraire, que la crise a été avant tout spirituelle — « crise de la foi », pour reprendre une expression couramment employée, d’Henri de Lubac à Louis Bouyer —, voire, dans les milieux traditionalistes, résurgence de la crise moderniste du début du XXe siècle, jadis contenue par Pie X mais revenue avec une force décuplée à la faveur du concile. Dans cette hypothèse, la mutation socio-culturelle aurait tout au plus fourni à la crise ses matériaux, voire son simple prétexte.

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Ces deux thèses, ici réduites à leur clarté d’épure, me paraissent comporter chacune une part de vérité et il faut les combiner. Le problème de la première est qu’elle sous-estime trop la spécificité de la crise catholique, c’est-à-dire à la fois sa radicalité (bien manifestée par l’effondrement subit de la confession, les départs de prêtres, etc.), mais aussi son antériorité relative, puisque c’est un fait tout de même étonnant, et trop rarement souligné, que la crise dans l’Église ait, à bien des égards, précédé la crise dans la société. En sens inverse, la thèse de la crise spirituelle, indépendamment du fait qu’on ne sait pas toujours très bien en quoi elle consiste, explique la crise sans bien s’expliquer elle-même.

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