Dis ! Quand reviendras-tu ? Notre foi tiendra-t-elle jusqu’au bout ? Notre espérance restera-t-elle intacte ? Notre ardeur à t’aimer et à t’attendre ne se refroidira-t-elle pas ? Quand tu reviendras, n’aurons-nous pas perdu cette vigilance, nos lampes ne commenceront-elles pas à s’éteindre ? Au moins, le sais-tu ? Tu en doutes ? Quand le Fils de l’homme reviendra, y aura-t-il encore… ?
Il y a incontestablement un doute, concède saint Thomas, mais il n’est pas de Dieu, il est de nous, il vient de nous. Si fides deficit, oratio perit : si nous ne persévérons pas dans la prière, la prière cesse ; si la prière cesse, la foi disparaît. Oui, mais nous prions depuis qu’il a disparu dans les cieux. Il est monté, et il n’est pas revenu ! Nous prions, mais rien n’arrive, la «justice» demandée ne se produit pas, tout va de plus en plus mal. Notre prière n’est-elle pas un leurre ? Une consolation passagère, irréelle ? Nous attendons un Dieu qui ne viendra peut-être pas ! Un Sauveur qui arrivera trop tard ! Prier, n’est-ce pas perdre du temps ? Travaillons à la «justice» du monde, une justice imparfaite vaut mieux que pas de justice du tout ! Ce temps qui passe ne se rattrape guère, ce temps perdu ne se rattrape plus !
Si oratio perit, fides deficit ! Tiens et pourquoi donc ? En réalité, comme le dit saint Jacques, «vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal» (Jc 4, 3). Si la prière périt, la certitude de sa venue, telle qu’il l’a annoncée, s’envole. Si nous prions comme il nous a enseigné de le faire, avec la certitude qu’il nous a apprise, nous acquerrons la certitude qu’il est là !
Il est là ! Nous le touchons ! Nous le goûtons ! Non, il ne nous a pas laissés seuls ! Et, s’il est là, il reviendra comme il l’a promis ! Et nous le verrons !
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– Catena Aurea, in Lucam, c. XVIII, I.