Et lorsque l'”ordonnance de suppression” des médias (suppression order: ordonnance du tribunal selon laquelle la presse n’a pas le droit de parler du procès), qui interdisait la couverture de ces procès par la presse australienne a été levée et que le deuxième verdict a été révélé au début de cette semaine, un Niagara de calomnies a été déversé sur le cardinal Pell par les milieux politiques et les médias, malgré le fait que quelques courageux journalistes australiens et le Père Frank Brennan (un éminent jésuite australien à l’autre extrémité du spectre ecclésial de Pell) ont fait remarquer l’injustice de sa condamnation.
Quelque chose, ici, ne tient pas debout.
Personne ne doute que l’Église catholique en Australie a fait preuve d’une terrible négligence dans le traitement des abus sexuels commis par des clercs pendant des décennies. Quiconque connaît l’histoire de la réforme catholique en Australie ne peut douter que l’homme qui a inversé cette tendance au déni et au camouflage était George Pell– qui a aussi eu l’honnêteté et le courage d’appliquer à lui-même les normes strictes qu’il imposait aux autres accusés d’abus. […]
Le père Raymond J. de Souza parle lui de persécution :
Il est important pour les catholiques de connaître les détails de l’affaire, pas seulement les déclarations sommaires selon lesquelles [les accusations] étaient “faibles”. Elles étaient impossibles. Selon l’accusation, le cardinal Pell, au lieu de saluer les gens après la messe, comme il en avait l’habitude, a quitté immédiatement tout le monde dans la cathédrale Saint-Patrick pour se rendre sans accompagnement à la sacristie. Arrivé seul dans la sacristie, il trouva deux enfants de chœur qui, d’une manière ou d’une autre, avaient quitté le cortège des cinq autres douzaines d’enfants de chœur et buvaient du vin d’autel. Après les avoir surpris sur le fait, il a rapidement décidé de les agresser sexuellement – «pénétration orale», pour être désagréablement précis. Il l’a fait immédiatement après la messe, la porte de la sacristie ouverte, alors qu’il portait tous ses parements liturgiques et pouvait raisonnablement s’attendre à ce que le sacristain, le maître de cérémonie, les servants ou les concélébrants puissent entrer, sortir ou même passer par la porte ouverte, comme il est d’usage après la messe. Pendant ce temps, il y avait des douzaines et des douzaines de personnes dans la cathédrale, priant ou déambulant. Toute l’affaire s’est déroulée en six minutes, après quoi les garçons sont allés à la répétition de la chorale et n’en ont jamais parlé à personne pendant 20 ans, pas même entre eux. En effet, l’un des garçons, qui est mort d’une overdose d’héroïne en 2014, a explicitement dit à sa mère, avant de mourir, qu’il n’avait jamais été victime d’abus sexuel. Les faits prétendus sont virtuellement impossibles à accomplir. Demandez à n’importe quel prêtre d’une paroisse de taille normale – sans parler d’une cathédrale – s’il serait possible de violer des enfants de chœur dans la sacristie immédiatement après la messe. Soixante secondes – et encore moins six minutes – ne passeraient pas sans que quelqu’un, ou plusieurs personnes, entrent et sortent, ou du moins passent par la porte ouverte. Demandez à n’importe quel prêtre s’il est habituellement seul dans la sacristie immédiatement après la messe, alors qu’il y a encore des gens dans l’église et que le sanctuaire n’a pas encore été nettoyé. […]
Il n’est pas étonnant qu’un jury de 12 citoyens ordinaires ait pu être convaincu, contre toute évidence et tout bon sens, que le cardinal Pell était coupable. Après tout, des dizaines et des dizaines de policiers et de procureurs hautement qualifiés et expérimentés ont décidé que l’ancien archevêque de Sydney était coupable avant même que des accusations soient portées. Telle est la haine de l’Australie pour l’Église catholique en général et George Pell en particulier. En 2013, la police de Victoria a lancé l’opération “Tethering” pour enquêter sur le cardinal Pell, bien qu’aucune plainte n’avait été déposée contre lui. Il s’en est suivi une campagne de quatre ans pour trouver des personnes prêtes à l’accuser d’abus sexuels, une campagne qui incluait la publication par la police du Victoria d’annonces dans les journaux pour demander des plaintes pour abus sexuels à la cathédrale de Melbourne – avant même qu’il n’y en ait eu. La police avait son homme et avait juste besoin d’une victime. Alors que l’Australie traversait l’épreuve d’une commission royale d’investigation sur les abus sexuels – l’Église catholique se taillant la part du lion – ce n’était qu’une question de temps avant que quelqu’un puisse être trouvé pour dire quelque chose, ou se souvenir de quelque chose, ou, si nécessaire, le fabriquer entièrement. Le fait qu’après tous ces efforts, la police du Victoria n’ait pu monter qu’un dossier aussi fragile est en soi une indication puissante que le cardinal Pell n’est pas un agresseur sexuel.
Dans les affaires de violence sexuelle, dans le Victoria, la victime témoigne à huis clos, de sorte que le public ne la connaît pas et ne peut évaluer la crédibilité de ce qui a été dit. Au premier procès, le plaignant a témoigné devant le jury. Ils ont voté contre la condamnation. Au deuxième procès, le plaignant n’a pas témoigné du tout, mais à la place les dossiers de son témoignage au premier procès ont été présentés. Il semble que le premier jury, qui a entendu le plaignant en direct, l’a trouvé moins crédible que le second jury, qui ne l’a pas rencontré en direct.
Le cardinal Pell a donc été condamné sur la foi du témoignage d’un seul témoin qui a présenté une histoire incroyable, sans corroboration, sans aucune preuve physique et sans aucun comportement antérieur, par dessus l’insistance acharnée de l’auteur présumé que rien de ce genre ne s’était jamais produit. Cela, presque par définition, se rapporte à la règle du doute raisonnable.
Plus étonnant encore, le jury a condamné le cardinal Pell pour avoir agressé le deuxième garçon, bien qu’il ait démenti à sa propre famille avoir été agressée. La deuxième victime présumée est décédée en 2014. Il n’a jamais porté plainte, n’a jamais été interrogé par la police et n’a jamais été examiné au tribunal.
Sans la haine publique à l’égard du cardinal Pell, une telle affaire n’aurait jamais été portée devant les tribunaux. Mais tout comme les policiers avaient leur homme avant d’avoir des accusations ou des preuves, les magistrats savaient qu’ils avaient de bonnes chances d’obtenir un jury tellement déterminé à avoir le cardinal Pell qu’ils n’ont eu qu’à leur donner une chance.