Un petit bébé japonais né très grand prématuré, à 22 semaines de grossesse (24 semaines d’aménorrhée) et ne pesant que 268 grammes, vient de rentrer chez lui en bonne santé, après 5 mois d’hospitalisation. Un nouveau record a été franchi dans le domaine de la néonatalogie.
Depuis trente ans, la médecine néonatale a réalisé de très grands progrès dans la prise en charge des enfants nés prématurément. Edward Bell, médecin en néonatologie et professeur de pédiatrie à l’Université de l’Iowa (États-Unis) le constate : « Je fais ce métier depuis 40 ans, et j’ai vu le seuil de viabilité reculer d’une semaine tous les 10 ans dans mon hôpital ».
Une naissance prématurée a lieu avant le terme de la grossesse qui correspond à 41 semaines d’aménorrhée (à compter de la date des dernières règles). Un enfant est considéré comme prématuré s’il naît avant 37 semaines d’aménorrhée (SA), soit à 8 mois et demi de grossesse. On distingue trois niveaux de prématurité :
- la prématurité moyenne qui correspond à une naissance intervenant entre la 32e et la 36e semaine d’aménorrhée révolue (7 mois à 8 mois de grossesse),
- la grande prématurité correspondant à une naissance intervenant entre la 28e et la 32e SA (6 mois à 7 mois de grossesse),
- et la très grande prématurité pour les naissances intervenant avant 28 semaines, soit en deçà de 6 mois de grossesse.
Parmi les traitements permettant les progrès de la médecine néonatale figurent l’invention des surfactants artificiels (facilitant la respiration des prématurés aux poumons immatures), l’injection de stéroïdes à la maman avant l’accouchement, lorsque cela est possible (ce qui aide les poumons du bébé à maturer plus rapidement) ainsi que le perfectionnement des appareils respiratoires. D’immenses progrès ont été réalisés grâce au soin accordé à la relation de l’enfant avec ses parents, en particulier la relation mère-enfant. La présence des parents auprès des enfants est vivement encouragée et facilitée, ce qui améliore grandement le développement des bébés et réduit leur inconfort, en particulier affectif. Le personnel médical encourage le « peau à peau » et les conditions de mise en place de l’allaitement.
La survie et le développement sans séquelles du nouveau-né dépendent de plusieurs facteurs, en particulier l’âge gestationnel, le poids, les conditions de naissance, le sexe et les raisons de la prématurité. Les risques sont liés à l’immaturité globale, en particulier des poumons, du système digestif, du cerveau et du cœur. Le nouveau- né doit pouvoir continuer son développement dans des conditions bien plus difficiles qu’in utero.
Jean-Christophe Rozé, professeur de pédiatrie à l’Université de Nantes explique qu’ « en France, la limite inférieure de prise en charge se situe à 24 semaines d’aménorrhée du fait d’un certain nombre de complications dont on pense qu’elles ne seraient pas acceptées, comme les troubles de cécité ». Pour le vice-président de la société française de néonatalogie « La France est plutôt considérée comme une société handicapophobe, c’est-à-dire qu’elle fait peu de place au handicap. Or, dans la prise en charge des extrêmes prématurés la question n’est pas de faire survivre un poumon, un cœur, deux jambes et deux bras mais bien d’assurer le meilleur développement possible à l’enfant. En d’autres termes, il convient de mesurer les conséquences ultérieures associées à la prématurité ». Mais le professeur de pédiatrie précise qu’ « on a également récemment fait des progrès pour remédier à cette peur du handicap et de difficulté développementale. »