C’est en réponse à l’arrêt Roe v. Wade du 22 janvier 1973 que la conférence des évêques catholiques a créé le National Right to Life Committee (NRLC), aujourd’hui la plus importante association pro-life américaine. Les évêques ont également lancé en 1975 un « plan pastoral pour les activités pro-vie ». Ce plan, d’abord centré sur l’avortement, s’est élargi à d’autres problématiques de bioéthique et vise maintenant, comme le souhaitait Jean Paul II, à bâtir une véritable « culture de vie ». Il mobilise les diverses ressources de l’Église au service de quatre objectifs : l’éducation et la sensibilisation du public, l’accompagnement pastoral des personnes, la promotion de politiques publiques protégeant les plus vulnérables, la prière pour la vie.
Le plan pastoral pro-vie de l’épiscopat responsabilise les fidèles catholiques qui ont chacun le devoir de « promouvoir des positions pro-vie au sein de leur famille, de leur paroisse et de leur communauté, ainsi que de leurs milieux professionnels ». Pour les évêques, les efforts des laïcs « méritent et ont besoin de l’encouragement et du soutien des prêtres, des diacres et des religieux ». L’Église des États-Unis est mise en ordre de bataille au service de la vie, avec une structure pro-vie à chaque niveau hiérarchique. Les Comités étatiques de coordination pro-vie, les Comités diocésains pro-vie et les Comités paroissiaux pro-vie forment un véritable maillage territorial.
Les actions concrètes des Comités paroissiaux pro-vie
Au cœur de ce maillage, le Comité pro-vie de la paroisse, sous l’autorité du curé, a « un rôle vital dans la vie paroissiale ». Ses actions sont très concrètes, principalement au bénéfice des enfants à naître, des femmes enceintes et des jeunes mères. Les coordinateurs paroissiaux pro-vie organisent dans les supermarchés des collectes de couches pour bébés, biberons et lait pour des mères en situation de précarité. Ils proposent aux familles d’« adopter spirituellement » un enfant à naître risquant l’avortement, au cours de ses neuf mois de développement in utero. Ils organisent des « messes pour la vie », sur un modèle proposé par les évêques. Des paroissiens sont aussi régulièrement présents devant des centres d’avortements pour prier et discuter avec les femmes qui s’y rendent, ainsi que pour promouvoir, le cas échéant, les services chrétiens d’écoute et de soins post-avortement.
Les Comités paroissiaux ont également une action auprès des candidats et élus politiques locaux, notamment lors des « votes importants ». Cela se traduit par des initiatives très diverses : envoi de cartes postales et lettres à des personnalités politiques, manifestations pour sensibiliser les passants ou demander la fermeture d’un centre d’avortements, ou encore organisation du déplacement des fidèles pour la Marche pour la vie à Washington D.C. chaque 22 janvier, à la date d’anniversaire de l’arrêt Roe v. Wade. À cette date, les Comités organisent en parallèle dans leur paroisse un jour de prière et de pénitence, à la demande de la conférence des évêques.
Un modèle pour les évêques européens ?
Le mouvement pro-vie américain, par son ampleur et son efficacité, a toujours impressionné. Il remporte actuellement des victoires politiques dans plusieurs États. Dans ce pays pourtant imprégné de protestantisme, l’action pro-vie de l’Église catholique est décisive. D’après le sociologue Ziad Munson, les militants pro-vie américains sont à 66% des catholiques (contre un peu plus de 20% dans la société) et à 57% des femmes. Cet engagement a même conduit plusieurs personnalités à s’engager pour la vie, puis à se convertir au catholicisme. C’est par exemple le cas de Bernard Nathanson et Abby Johnson, qui avaient pratiqué ou participé à des avortements avant de se repentir, ou encore de Norma McCorvey (« Jane Roe ») et de Lila Rose.
En Europe, depuis la fin des années 1960, ce sont surtout des laïcs qui prennent les initiatives de défense de la vie. Depuis quelques années, les évêques se mobilisent davantage, par exemple en France, où vingt-trois d’entre eux ont soutenu la dernière Marche pour la vie. L’encyclique de Jean Paul II Evangelium vitæ a joué un grand rôle dans cette évolution, en rappelant le sens profond du respect de la vie terrestre. Celle-ci « est la participation à la vie même de Dieu » et son développement « est éclairé par la promesse de la vie divine et renouvelé par le don de cette vie divine » (§ 2). C’est pour cette raison que les évêques européens pourraient se sentir pleinement dans leur mission de pasteurs en pilotant une « grande stratégie pour le service de la vie », à l’image de leurs homologues outre-Atlantique.
Commentaires
Le respect de toute vie humaine devrait être un impératif moral pour tout homme, mais li l'est encore bien plus pour tout chrétien.
La deuxième des dix paroles adressées par Yahvé à Moïse est « tu ne commettras pas de meurtre ». La première « un seul Dieu tu adoreras », la troisième « tu ne commettras pas d'adultère », la quatrième « tu ne commettras pas de vol ».
Le respect de la vie humaine n'est donc pas circonstanciel. Il s'impose à tous toujours et partout. Il n'est pas négociable.
Une nouvelle vie humaine, différente de celle de la mère, commence à la fécondation, dès la formation du zygote. Une vie humaine existante s'arrête à l'arrêt définitif du cœur et de la respiration. Provoquer délibérément une mort d'homme n'est pas seulement un homicide, c'est un meurtre et d'un point de vue légal un assassinat. Comment peut-on protéger de tels actes ? Les dépénaliser ?
Merci aux évêques américains d'être cohérents avec leur foi au Christ, malgré le mépris de certains, les insultes, les menaces, les rétorsions, les condamnations.
Écrit par : Shimon | 04/09/2019
Et sans doute regagner un peu de considération.
Écrit par : Paul-Alban | 04/09/2019
Sans doute, mais certains ne cherchent-ils pas d’abord la considération des riches et des puissants qui peuvent leur valoir honneur et argent?
Le consensualisme rapporte. La peur de la critique ou de la mise au placard est efficace. Un froncement de sourcil suffit.
Écrit par : Shimon | 04/09/2019
« La Vérité vous rendra libre ». « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ».
Oui Seigneur, mais la vérité coûte cher. Dois-je être prêt à tout quitter ? Dois-je être prêt à renoncer à toute carrière ? Dois-je être prêt à mourir pour la Vérité ?
Vous savez bien, Seigneur, que Pierre lui-même a eu peur de dire qu'il Vous connaissait
D’ailleurs Seigneur, Ponce-Pilate ne demandait-il pas « Qu'est-ce que la Vérité ? » Comment oser dire que Vous êtes « la Voie, la Vérité et la vie » ? N'est-ce pas suicidaire? M'en voudrez-vous si je préfère l'argent et les honneurs?
Écrit par : Levi | 04/09/2019