Extrait du site de Notre-Dame de Chrétienté (Article complet)

La nouvelle messe a tout fait pour faire jeune. Le français a remplacé le latin, les ornements, pourtant signes religieux, remisés au placard des objets d’arts. Le tutoiement est de rigueur. On met de l’ambiance avec des chants nouveaux. Les années 70 sont marquées par des expériences parfois extravagantes tenant les abus de 1793 pour de bien pâles mascarades. Las, ce sont les jeunes qui veulent aujourd’hui le retour de la solennité de l’office, du recueillement dans le silence, de la soutane et du latin qu’ils ont pourtant abandonné à l’école. La liturgie s’est faite plurielle, pour les enfants, pour les familles, pour les personnes âgées. Elle a perdu de son unité et de son universalité

Les subtilités de la réforme ont échappé à la plupart des fidèles peu sensibles à ces subtilités liturgiques mais choqués par les dérives dominicales. Les errements les plus flagrants ont depuis été corrigés. L’Église est même revenue sur la 6e apostrophe du notre Père qui sous-entendait que Dieu pouvait soumettre à la tentation. La nouvelle mention n’est pas totalement satisfaisante sur le plan théologique mais irrite moins les oreilles des croyants.

Même si Brassens pensait que « sans le latin, la messe nous emm… », il n’est pas certain que la latinisation des prières suffise à dissiper toutes les équivoques liturgiques. Il n’en reste pas moins que l’heure est à la réaction. Depuis le motu proprio de juillet 2007, autorisant les fidèles organisés à solliciter une messe dans le rite extraordinaire – une première dans l’histoire de l’Église – le nombre de lieux de culte traditionnel a doublé en France. Mais la France ne serait pas la France si elle oubliait d’opposer à la ligne romaine son irréfragable gallicanisme. Les Évêques français voient d’un mauvais œil ce retour en grâce des fidèles traditionnels et font preuve d’une mauvaise foi faisant accent d’un autoritarisme qu’ils reprochaient eux-mêmes naguère au souverain pontife. La démocratisation dans l’Église a ses limites. Il n’est sans doute pas facile d’admettre que ce sont les jeunes qui se tournent vers un rite plus exigeant, que les « tradis » représentent 15% des pratiquants de moins de 50 ans, que les vocations sont encore fructueuses dans cette mouvance. Ironie de l’histoire, les prêtres modernes se mettent à dire la messe de toujours quand les anciens prêtres s’accrochent à la messe moderne. La messe n’est pas encore dite.

Article sur le site de Valeurs Actuelles