Il y a quinze ans : l'élection de Benoît XVI (19/04/2020)

Benedetto XVI a cinque anni dall'elezione a Pontefice | Sky TG24

Adapté de l'article publié sur zenit.org par Anita Bourdin pour le 10e anniversaire de l'élection de Benoît XVI : 

Il y a quinze ans, l’élection de Benoît XVI

« Je voudrais que chacun se sente aimé de Dieu »

En ce 15e anniversaire de l’élection de Benoît XVI, le 19 avril 2005, ces paroles de sa dernière audience générale constituent en quelque sorte son héritage spirituel: « Je voudrais que chacun se sente aimé de Dieu (…), que chacun sente la joie d’être chrétien. »

Retour sur image. Le conclave suivant le décès de Jean-Paul II s’était ouvert le lundi 18 avril 2015, dix jours après les funérailles du saint pape polonais. Il rassemblait 115 cardinaux électeurs en la Chapelle Sixtine. 

La première fumée, noire, s’est échappée de la cheminée de la Chapelle Sixtine à 20 h 04. Le lendemain, la deuxième fumée, également noire, a été visible en fin de matinée, à 11 h 52. 

Mais en fin d’après-midi, le poêle de la Sixtine a laissé échapper une fumée blanche, à 17 h 50. 

Le nouveau pape a été annoncé vers 18 h 48. Le cardinal chilien Jorge Arturo Medina Estevez, a annoncé, en latin, depuis la loggia des bénédictions : « Habemus Papam », et l’élection du cardinal Joseph Ratzinger qui prenait le nom de Benoît XVI. Deuxième pape non-italien à l’époque moderne, pape allemand succédant au pape polonais. Il avait été un pilier du pontificat. Et alors que la mission de succéder à ce géant impressionnait plus d’un, le cardinal Ratzinger – comme il l’a ensuite confié – sentait la « guillotine » s’approcher, scrutin après scrutin.

Humble et simple ouvrier

Avant la bénédiction solennelle « Urbi  et Orbi », le nouveau pape a prononcé, en italien, ces paroles désormais célèbres, devant la foule rassemblée sous le soleil de la place Saint-Pierre : « Chers frères et soeurs, après le grand pape Jean-Paul  II, les cardinaux m’ont élu moi, un humble et simple ouvrier de la Vigne du Seigneur. Je suis réconforté de savoir que le Seigneur sait oeuvrer et agit aussi avec des instruments insuffisants. Et avant tout, je m’en remets à vos prières. Dans la joie du Seigneur ressuscité, confiants dans son aide permanente, nous devons aller de l’avant. Le Seigneur nous aidera et Marie sa Mère sera avec nous. Merci ». 

Et pour la première fois un groupe de jeunes a scandé en rythme et en tapant dans les mains le nom de leur nouveau pape : « Be-nedetto ». 

La guillotine du conclave

Aux pèlerins allemands, le lundi 25 avril  2005, il confiait son dialogue avec Dieu pendant le conclave: « Lorsque que la tournure que prenait le vote m’a progressivement fait comprendre que, pour ainsi dire, le couperet allait tomber sur ma tête, j’ai commencé à avoir le vertige. J’étais convaincu d’avoir accompli le travail de toute une vie, et que je pouvais espérer finir mes jours dans la tranquillité. Avec une profonde conviction, j’ai dit au Seigneur: Ne me fais pas cela! Tu disposes de personnes plus jeunes et plus adaptées, qui peuvent affronter ce grand devoir avec bien plus d’élan et de force.”

Puis il rapportait ce détail qui l’a conduit à dire « oui » : « J’ai été très ému par une brève lettre, écrite par l’un de mes confrères du Collège cardinalice. Il me rappelait qu’à l’occasion de la Messe pour Jean-Paul II, j’avais centré mon homélie, en partant de l’Evangile, sur les paroles que le Seigneur adressa à Pierre au bord du Lac de Tibériade: “Suis-moi!” J’avais expliqué que Karol Wojtyla reçut toujours à nouveau cet appel du Seigneur, et qu’il dut toujours à nouveau renoncer à beaucoup de choses et simplement dire: oui, je te suis, même si tu me conduis là où je n’aurais pas voulu aller. Mon confrère m’a écrit: Si le Seigneur devait te dire à présent: « Suis-moi », alors rappelle-toi de ce que tu as prêché. Ne te refuse pas! Sois obéissant, comme tu as décrit le grand Pape, qui est retourné à la maison du Père. Cela m’a profondément touché. Les voies du Seigneur ne sont pas toujours faciles, mais nous n’avons pas été créés pour la facilité, mais pour les choses grandes, pour le bien.

Ainsi, à la fin, je n’ai pas pu faire autrement que dire oui. Je compte sur le Seigneur, et je compte sur vous, chers amis. Un chrétien n’est jamais seul. »

Les jeunes veulent de grandes choses

Il faut aussi rappeler ses paroles exigeantes et de confiance dans les jeunes – dans le sillage de Jean-Paul II -, toujours lors de l’audience à ses compatriotes au lendemain de son élection: « Ce n’est pas vrai que les jeunes ne pensent qu’aux biens de consommation et au plaisir. Ce n’est pas vrai qu’ils sont matérialistes et égoïstes. C’est le contraire qui est vrai: les jeunes veulent de grandes choses. Ils veulent que cesse l’injustice. Ils veulent que les inégalités soient surmontées et que tous puissent avoir accès aux biens de la terre. Ils veulent que les opprimés jouissent de la liberté. Ils veulent de grandes choses. Ils veulent le bien. Et c’est pour cela que les jeunes sont – et que vous êtes – pleinement ouverts au Christ. Le Christ ne nous a pas promis une vie confortable. Celui qui cherche le confort avec Lui s’est assurément trompé d’adresse. Mais il nous indique la voie vers les grandes choses, vers le bien, vers la vie humaine authentique. Lorsqu’il parle de la Croix que nous devons porter, ce n’est pas par plaisir du tourment ou par moralisme borné. C’est l’élan de l’amour, qui part de soi, qui ne regarde pas autour de soi pour se trouver soi-même, mais qui ouvre la personne au service de la vérité, de la justice et du bien. Le Christ nous montre Dieu, et à travers cela, la véritable grandeur de l’homme. »

Il allait au devant des jeunes, dans sa patrie pour la JMJ de Cologne, en août 2005 en disant : « J’attends avec joie le rendez-vous de Cologne, où les jeunes du monde se rencontreront ou plutôt, où les jeunes du monde ont rendez-vous avec le  Christ. Marchons ensemble, soyons unis. J’ai confiance en votre aide. »

Que chacun se sente aimé

Huit ans plus tard, il se retirait en évoquant à nouveau le jour de son élection: « Lorsque, le 19 avril d’il y a presque huit ans, j’ai accepté d’assumer le ministère pétrinien, j’ai eu cette ferme certitude qui m’a toujours accompagné: cette certitude de la vie de l’Eglise, de la Parole de Dieu. En ce moment, comme je l’ai déjà exprimé à plusieurs reprises, les paroles qui ont résonné en mon cœur ont été : « Seigneur, que me demandes-tu ? C’est un grand poids que tu mets sur mes épaules, mais si Tu me le demandes, sur ta parole, je jetterai les filets, sûr que Tu me guideras, même avec toutes mes faiblesses » » : le pape Benoît XVI a fait cette confidence lors de sa dernière audience générale du mercredi 27 février 2013, la veille de son retrait à Castelgandolfo.

Avec ce message à chaque baptisé qui n’a pas pris une ride: « Je voudrais tous vous inviter à renouveler votre ferme confiance dans le Seigneur, à vous confier comme des enfants dans les bras de Dieu, certains que ces bras nous soutiennent toujours et sont ce qui nous permet de marcher chaque jour dans les fatigues. Je voudrais que chacun se sente aimé de ce Dieu qui a donné son Fils pour nous et qui nous a montré son amour sans frontières. Je voudrais que chacun sente la joie d’être chrétien. Dans une belle prière qui se récite quotidiennement le matin il est dit: « Je t’adore, mon Dieu, et je t’aime de tout mon coeur. Je te remercie de m’avoir créé, fait chrétien… ». »

Il interpellait la liberté des baptisés: « Oui, nous sommes contents du don de la foi, c’est le bien le plus précieux que personne ne peut nous enlever ! Remercions le Seigneur de cela chaque jour, par la prière et par une vie chrétienne cohérente. Dieu nous aime mais il attend aussi que nous l’aimions ! »

Dans le service de la prière

Il confiait aussi la façon dont il vivait ce renoncement: « Je n’abandonne pas la Croix, mais je reste de façon nouvelle auprès du Seigneur Crucifié. Je ne porte plus le pouvoir de la charge du gouvernement de l’Eglise, mais dans le service de la prière je reste, pour ainsi dire, dans l’enclos de saint Pierre. Saint Benoît, dont je porte le nom comme pape, me sera d’un grand exemple en cela. Il nous a montré le chemin d’une vie, qui, active ou passive, appartient totalement à l’œuvre de Dieu. »

Mgr Georg Gänswein, son secrétaire particulier aujourd’hui Préfet de la Maison pontificale, a pu évoquer ainsi la renonciation de Benoît XVI : « Il ne l’a pas fait pour fuir, mais par amour pour le Seigneur et l’Église. Il est fondamental de comprendre que la renonciation du pape Benoît XVI était un acte d’amour, de courage et de grande humilité envers le Seigneur et envers l’Église. »

Aujourd’hui, Benoît XVI vit « caché au monde, mais présent dans l’Église. Il n’intervient pas dans le gouvernement du pape François, mais il prie pour son successeur et pour toute l’Église : c’est sa mission maintenant », ajoutait Mgr Gänswein.

On a pu dire qu’une des grandes forces du pontificat du pape François, c’est la prière et la vie cachée de son « frère », Benoît XVI.

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