Face au modernisme actuel, où sont les intellectuels catholiques à la hauteur du débat ? (lettre d'un lecteur) (24/04/2020)

A propos de "Du modernisme à la crise de l'Eglise" : un mot sur le manque d'actualisation du catholicisme anti-moderniste, face au modernisme d'aujourd'hui.

Bonjour et merci beaucoup pour ceci : http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2020/04/16/du-modernisme-a-la-crise-de-l-eglise-un-debat-eclairant-entr-6230338.html

Voici de quoi il est question ici : si une vision catholique anti-moderniste, non seulement anti-conciliaire, mais aussi voire surtout anti-postmoderne, ne s'actualise pas, au contact du modernisme d'aujourd'hui, aussi dominant ou influent celui-ci soit-il, au sein de l'Eglise catholique, cette vision, aussi éclairante, exigeante, orthodoxe et réaliste soit-elle, et surtout aussi utile soit-elle, au bénéfice de l'Eglise et des fidèles, dépérira puis disparaîtra.

Bien des catholiques conservateurs ou traditionnels doivent beaucoup à Jean Madiran, même s'ils n'en sont pas restés à sa vision des choses, et il serait dommage, pour ne pas dire tragique, qu'aucun philosophe ou théologien catholique d'aujourd'hui n'essaie de réfléchir, dans le sillage de cet auteur, au contact du modernisme d'aujourd'hui, celui-ci, depuis le début de l'avant-Assise, sous Jean-Paul II, semblant vraiment être de moins en moins essentiellement "philo-conciliaire", au sens strict du terme, et de plus en plus évolutivement "philo-postmoderne".

En effet, ce modernisme d'aujourd'hui semble vraiment plus partisan qu'opposé à la conception selon laquelle le catholicisme est porteur de stéréotypes philosophiques et théologiques infondés, propices à des discriminations injustes, non seulement entre la foi catholique et les confessions chrétiennes non catholiques, et entre la religion chrétienne et les religions non chrétiennes, mais aussi entre les couples mariés et les couples non mariés, entre les hétérosexuels et les homosexuels, entre les laïcs et les prêtres, et entre la morale chrétienne et les morales non chrétiennes.

Aussi, il serait curieux de connaître la place qui est effectivement accordée à Dei verbum, à Lumen gentium, à Sacrosanctum concilium et à Ad gentes, dans la pensée et dans l'action de bien des évêques "inclusivistes périphéristes" qui ne tiennent manifestement pas, ou pas particulièrement, à ce que les fidèles catholiques pensent et vivent en Jésus-Christ,

- non seulement “en connaissance de cause” sur les fondements et le contenu de la foi catholique, de la morale chrétienne, de la liturgie et des sacrements de l'Eglise, et sur la différence de nature entre la religion chrétienne et les religions non chrétiennes, 

- mais aussi dans la vigilance et la résistance, face à l'hégémonie diversitaire et humanitaire, culturellement et sociétalement correcte, de l'égalitarisme ou du relativisme et du libéralisme ou du subjectivisme, en matière religieuse et en matière morale.

 

En tout cas, il apparaît clairement que si aucun intellectuel catholique anti-moderniste ne s'en prend au modernisme d'aujourd'hui, aussi "inclusivement" ou "synodalement" correct soit-il, alors la question de la légitimité intellectuelle du positionnement catholique anti-moderniste se posera, et alors le risque sera que ce positionnement ne soit plus "qu'une sensibilité catholique parmi d'autres", dans ou autour de l'Eglise catholique, dans ces domaines : la liturgie, la morale, la piété, les sacrements.

Ce qui précède est écrit de cette manière parce que la crise que le catholicisme inflige à lui-même, depuis le début de l'avant-Concile, sous Pie XII, est avant tout une crise dans le domaine de la foi des clercs, alors que nul n'ignore que certains considèrent que cette crise sévit avant tout dans celui des moeurs du clergé, depuis le début de l'après-Concile, sous Paul VI, certains clercs ayant été ou étant homosexuels et/ou pédophiles.

Mais ce qui précède est écrit de cette manière pour une autre raison, absolument fondamentale :

- de même que le modernisme d'avant-hier, de 1893, sous Léon XIII à 1914, sous Saint Pie X, s'est concrétisé avant-hier, au préjudice de l'Eglise, des fidèles et de la foi catholique,

et

- de même que le modernisme d'hier, du début de l'avant-Concile, en 1945, sous Pie XII, à la fin du premier après-Concile, en 1978, sous Paul VI, s'est développé hier, au préjudice de l'Eglise, des fidèles et de la foi catholique,

- de même, le modernisme d'aujourd'hui, qui se manifeste depuis le début de l'avant-Assise, en 1979, sous Jean-Paul II, au moins jusqu'à Abou Dhabi et jusqu'au synode sur l'Amazonie, en 2019, sous François, se manifeste également au préjudice de l'Eglise, des fidèles et de la foi catholique. 

Or, il semble bien que presque personne ne s'en soucie, au sein de la hiérarchie et de l'institution ecclésiales, puisque moins de 10 %, voire moins de 5 % des cardinaux ont tiré parti de la déclaration d'Abou Dhabi puis du synode d'Amazonie pour rappeler que l'Eglise catholique est et doit rester missionnaire, que la foi catholique est et doit rester trinitaire, et que le christianisme catholique ne doit pas continuer, mais doit arrêter de se transformer en un humanisme panchristique de plus en plus configuré et défiguré par l'égalitarisme diversitaire et l'horizontalisme humanitaire interreligieusement corrects.

On est vraiment en droit se demander si les clercs et les laïcs n'ont pas été lobotomisés, "à l'insu de leur plein gré", pour qu'ils puissent devenir des prisonniers volontaires ou des victimes consentantes, face au modernisme d'aujourd'hui... 

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