Frères de la charité : un (étrange) communiqué des évêques belges (07/05/2020)

Un curieux communiqué qui évite soigneusement d'aborder la question de fond qui n'est autre que celle de la pratique de l'euthanasie au sein des établissements et qui en appelle au dialogue alors que celui-ci dure déjà depuis trois ans...

Communiqué de presse concernant les Frères de la Charité

Le Nonce Apostolique a remis au Président de la Conférence épiscopale de Belgique une copie de la lettre écrite le 30 mars 2020 par le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi au Supérieur général des Frères de la Charité.  Le Préfet conclut que les discussions au sujet de l’euthanasie avec les institutions de soins des Frères de la Charité en Belgique, n’ont pas pu aboutir à un accord.

Les Évêques ressentent la situation actuelle de la Congrégation des Frères de la Charité, dans laquelle interviennent différentes sortes d’arguments et où diverses lignes de responsabilité se rencontrent, comme douloureuse et extrêmement complexe. Ils appellent à la poursuite d’un dialogue soutenu entre tous les acteurs concernés. Sur base de leur responsabilité pastorale, les Évêques continueront à s’investir en faveur de l’unité et de la communion au sein de la communauté ecclésiale. Ils gardent leur confiance et continueront à collaborer avec toutes les institutions de soins du milieu chrétien.

Les Évêques expriment leur très profonde estime aux Frères de la Charité en Belgique et à tous leurs collaborateurs, pour leur engagement en faveur des personnes handicapées mentales, malades ou blessées. En ces temps difficiles de coronavirus, ils apprécient particulièrement leur engagement sans faille dans l’aide et la proximité à ces personnes.

La Conférence des Évêques de Belgique

SIPI – Bruxelles, jeudi 7 mai 2020

Rappel des faits par Nicolas Senèze, sur le site du journal la Croix :

En Belgique, les œuvres des Frères de la Charité ne seront plus « catholiques »

Les faits 

L’organisation qui gère les œuvres des Frères de la Charité ayant réitéré son refus de revenir sur son acceptation de l’euthanasie, le Vatican lui a retiré son qualificatif de « catholique ».

06/05/2020

Dans un courrier daté du 30 mars, le cardinal Luis Ladaria, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a informé l’organisation des Frères de la Charité, qui gère notamment les 15 hôpitaux psychiatriques fondés par la congrégation religieuse du même nom, qu’elle ne peut plus se prévaloir du qualificatif de « catholique ».

Cette décision, validée par le pape François, met un terme au dialogue engagé il y a trois ans, après que l’organisation, liée aux Frères de la Charité de Gand, a décidé d’admettre l’euthanasie pour ses patients en psychiatrie.

Le conseil d’administration de l’organisation – où les religieux sont en minorité – justifiait sa décision par la volonté de conformer à la législation belge après qu’une maison de retraite catholique flamande a été contrainte de payer une amende pour avoir refusé l’euthanasie à une patiente de 74 ans atteinte d’un cancer du poumon.

« Malgré les trois ans de dialogue, leur position est restée inchangée »

Dans sa lettre, la Congrégation pour la doctrine de la foi, rappelle que l’Église catholique « affirme la valeur sacrée de la vie humaine », « l’importance de soigner et d’accompagner les malades et les handicapés » et « l’inacceptabilité morale de l’euthanasie » ainsi que « l’impossibilité d’introduire cette pratique dans les hôpitaux catholiques, même dans des cas extrêmes, et de collaborer à cet égard avec les institutions civiles ».

La position de l’organisation belge « ne correspond pas aux principes », relève le cardinal Ladaria qui en conclut que « les hôpitaux psychiatriques gérés par l’association Provincialat des Frères de la Charité asbl en Belgique ne pourront plus, désormais, être considérés comme des entités catholiques ».

« Malgré les trois ans de dialogue, la vision des responsables de l’organisation est restée malheureusement inchangée », regrette le frère René Stockman, supérieur général des Frères de la Charité, qui doivent désormais tirer les conséquences pratiques de la décision de principe romaine.

La question de la propriété des terrains sur lesquels sont construits les hôpitaux devrait notamment être posée.

« Ces hôpitaux sont l’origine de la congrégation »

« Rien n’est encore décidé », affirme le frère Stockman, tout en reconnaissant que la congrégation devra probablement rompre les liens institutionnels qui l’unissaient encore à l’organisation qui pourrait elle-même avoir à changer de nom.

« Nous allons sans doute demander aux quelques religieux qui participaient encore à sa gestion de la quitter », explique le religieux, qui reconnaît qu’il s’agit là d’une décision « douloureuse ».

« Ces hôpitaux sont l’origine de la congrégation, rappelle-t-il. Nous avons été les premiers à soigner les malades psychiatriques en Belgique en 1815. »

Un important acteur des soins psychiatriques en Belgique

Infirmier en psychiatrie durant de longues années, le religieux belge a lui-même dirigé les institutions psychiatriques des Frères de la Charité en Belgique de 1988 à 1994 avant d’être élu provincial de Belgique, puis supérieur général en 2000. Il avait été réélu en 2018 pour un quatrième mandat lors d’un chapitre général qui, dans la crise, avait rappelé la volonté de la congrégation du « respect absolu de la vie ».

Forte de 12 000 employés qui soignent ou éduquent 30 000 personnes en Belgique, l’organisation des Frères de la Charité est un acteur très important des soins psychiatriques en Belgique, notamment en Flandre où elle gérerait 60 % des 3500 lits de psychiatrie.

Lire également : Les hôpitaux des Frères de la Charité ne sont plus des «institutions catholiques»

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