Face à l’épidémie : un lien social de qualité amortit les effets du stress (12/05/2020)

peur.jpgEn quoi le stress chronique peut-il influer sur notre système immunitaire ? Et comment cultiver les émotions positives qui vont nous rendre plus résilients et résistants ? Les réponses de Nathalie Rapoport-Hubschman, médecin, psychologue et psychothérapeute. Lu sur le site du périodique « La Vie » :

« On parle depuis longtemps du stress chronique délétère pour l'immunité et nous avons, depuis près de 30 ans, des études sérieuses sur le sujet. Si le stress biologique aigu nous mobilise à bon escient, quand il met notre organisme en surchauffe et devient chronique, il nous rend plus fragile.

Une bonne hygiène de vie, un atout pour mieux résister

Dès 1991, le laboratoire américain de référence “Stress, immunité et santé” du psychologue Sheldon Cohen, a démontré par de nombreuses études, les liens entre le stress et la vulnérabilité à certains virus responsables d'infections respiratoires des voies aériennes supérieures. Ou encore la corrélation entre les émotions positives et la résistance aux rhumes et simples grippes saisonnières. Il serait pourtant irresponsable d'extrapoler ces connaissances acquises sur nos futures capacités de résistance à un virus agressif ! Grâce aux antibiotiques, à la vaccination, la cartographie des maladies a changé et nous avions un peu oublié les maladies infectieuses ! Nous voici obligés de remettre au centre cette question de l'immunité...

En tant que médecin et psychothérapeute, je m'intéresse aux liens entre l'esprit et le corps qui permettent de préserver une bonne santé et je parlerais plutôt des éléments de prévention qui augmentent notre résilience physique et psychique : la limitation des effets du stress mais aussi le sommeil, l’exercice physique régulier, la gestion des émotions... tous ces outils peu coûteux à notre portée qu'on peut utiliser pour renforcer notre résilience et notre résistance face à d'éventuels agents infectieux. Nous avons une marge de manœuvre importante avant de tomber malade et avons les moyens d'agir sur de nombreux facteurs qui détermine notre santé. Cela doit nous encourager à être proactifs. Il n'est pas sûr que cela nous accorde une protection vis-à-vis de virus agressifs mais du moins cela nous donne l'assurance que prendre en compte nos besoins physiques et psychologiques peut améliorer notre santé globale.

L’immunisation du groupe est une magnifique leçon d’altruisme” 

Cette crise sanitaire nous a recentré sur les priorités et les besoins de base, de l'alimentation aux relations sociales, des conditions de vie décentes aux besoins de liens apaisés. Après cette crise, nous allons nous recentrer sur les questions d'environnement et il ne faudrait pas oublier notre propre écologie intérieure, la place des émotions positives, du lien avec les autres. Entretenir un lien social de qualité, qui nourrit mutuellement, amortit les effets du stress et a un effet bénéfique sur la santé tant mentale que physique, et ce n'est pas un luxe quand le monde va mal. Prendre conscience des choses simples qui nous font du bien, donner plus de place quotidiennement au positif – notre cerveau, on le sait, a naturellement un biais de négativité et est friand de ce qui va pas ! – y contribue aussi.

Même si ces émotions sont légitimes et parfois inévitables, chacun peut éviter de se laisser déborder par la colère ou la frustration. Cela ne passe pas forcément par la verbalisation mais, par exemple, par de brefs exercices de respiration ou un simple mot posé sur ce qu'on ressent. Je l'expérimente avec les professionnels de santé que j'accompagne, les personnes qui ont besoin de soutien durant ces temps de crise. Ces pratiques simples, et qui ont fait leurs preuves, contribuent à prendre soin de notre santé mentale et physique et apportent déjà une forme de prévention. »

Ref. Face à l’épidémie : un lien social de qualité amortit les effets du stress

Nathalie Rapoport-Hubschman a été chercheuse associée aux États-Unis sur le stress et la santé, elle a dirigé le département de psychologie médicale au Centre Hospitalier Universitaire Rabin en Israël et est directrice scientifique des Rencontres Perspectives

À lire :

Des articles du laboratoire de Sheldon Cohen : Stress et susceptibilité aux infections respiratoires, Émotions positives et vulnérabilité aux infections respiratoires.
Les travaux du laboratoire de Nathalie Rapoport-Hubschman: Publications - The Common Cold Project - Carnegie Mellon University
Son site : https://nathalierapoporthubschman.com/

JPSC

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