Les chrétiens ont à offrir autre chose que du « religieux » version politique ou agrément médiatique (30/05/2020)
Un "billet" du Père Laurent Stalla-Bourdillon sur le site de La Vie :
“Un confinement peut en cacher un autre”
28/05/2020
« Déconfinées », les Églises ? Si les croyants ont retrouvé la possibilité de célébrer des cultes publics, la pratique religieuse reste cantonnée à une vision très horizontale, regrette le père Laurent Stalla-Bourdillon, directeur du Service pour les professionnels de l’information et enseignant au Collège des Bernardins.
La fin du confinement des cultes a mis en lumière ces Français de différentes confessions religieuses qui attendaient de pouvoir retourner soit dans leur église pour participer à la messe, soit à la mosquée ou à la synagogue pour la prière avec leur communauté. Il semble toutefois que « les cultes » restent en permanence confinés dans leur insignifiance, à tel point que le seul sens dont il a été question à propos des « cultes » fut celui de la circulation des fidèles dans les édifices religieux. Les grands médias généralistes n’ont parlé que gestes barrières, distances physiques, et bien sûr masques… Litanie d’un État qui impose son propre culte sanitaro-individualiste sans relief et privé d’humanisme. Incapacité de sortir de la considération extérieure des pratiques, de ce qui se voit, pour passer à ce qui se vit. Il semble impossible d’envisager que le rite ait un sens.
Pourtant, les faits répondent toujours d’un sens : si les cultes existent encore c’est parce que l’homme demeure en quête d’une autre dimension qui réponde à son désir profond. L’homme, selon le philosophe Alexandre Kojève, « ne peut pas s’identifier au monde qui l’entoure, il ne peut pas s’identifier à ce qu’il voit, il est autre chose » (Betty Rojtman, « Hegel à la lumière de Kojève »). Si notre époque moderne ne sort pas de son confinement mondial sans renaître à l’« au-delà », à la question décisive du sens, qu’aura-t-elle vécu ? Sans habiter la finalité de l’existence, que reste-t-il ?
Si notre époque moderne ne sort pas de son confinement mondial sans renaître à l’« au-delà », à la question décisive du sens, qu’aura-t-elle vécu ?
Quand nous évoquons l’après, ce futur immédiat mais encore incertain, nous parlons du monde de demain, du nouveau monde. Notre langage le plus courant est ainsi le signe que l’homme est dans sa nature même « un être en tension vers un au-delà », un « être plus » comme le disait Pierre Teilhard de Chardin. Il désire « autre chose qui ne soit pas une chose », son désir le porte vers un « objet » d’une autre nature, apte à satisfaire sa propre nature : un objet spirituel que nous appelons « l’esprit ». Rien de tangible ne peut être l’objet de ce désir. C’est le désir de l’homme qui est l’objet de son désir. C’est donc en esprit que l’homme trouvera sa joie ! Les cultes signifient, au bénéfice de toute la société, l’espace où se cultive le désir de l’infini que seule peut contenir une relation d’amour. Les cultes percent aussi le secret de notre « mort » comme le nom par lequel s’accomplit notre aspiration à vivre autrement et autre chose.
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Commentaires
merci de dire les choses !
Écrit par : lafforest | 31/05/2020