A Kinshasa, le débat sur les statues coloniales ne passionne pas les foules (15/06/2020)

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Sur les hauteurs de Kinshasa, dans un écrin de verdure et de paix, une statue du défunt roi des Belges Léopold II surplombe le fleuve Congo, loin de la la vague de destruction des symboles coloniaux en Occident, qui laisse les Congolais de marbre. Le monument à la mémoire du monarque belge, qui a fait du Congo sa propriété personnelle entre 1885 et 1908 – date de son transfert à la Belgique -, trône à côté de celui de son successeur, Albert Ier, et du fondateur de Léopoldville (actuelle Kinshasa), l’explorateur britannique Henry Morton Stanley. Lu sur le site de « La Libre Afrique » :

« Les figures de ce trio de l’histoire coloniale se trouvent à l’abri de l’agitation urbaine derrière les hautes grilles du parc présidentiel du Mont-Ngaliema, belvédère naturel avec vue panoramique sur le fleuve entre « Kin » et Brazzaville, capitale de l’actuel Congo.

Ouvert au public, sous bonne garde des militaires, le parc abrite aussi un Musée national ethnographique et les stèles à l’abandon d’un cimetière des « pionniers bâtisseurs du Congo belge ».

Le musée est fermé pour cause de coronavirus. Ses quelques agents présents ce mercredi ont à peine entendu parler des manifestations contre les effigies de Léopold II en Belgique.

Une statue a ainsi été retirée à Anvers mardi et une autre été déboulonnée par des activistes dans la nuit de jeudi à vendredi square du Souverain, dans la commune bruxelloise d’Audhergem. D’autres statues ou bustes de l’ex-souverain ont été vandalisées dans plusieurs villes belges.

Pour les auteurs de ces actes, Léopold II incarne la violence du système colonial au Congo (où le souverain n’a jamais mis les pieds): travail forcé, châtiments corporels, mains coupées. « Il a tué plus de 10 millions de Congolais », a accusé le groupe belge « Réparons l’Histoire ».

Portées par le mouvement planétaire « Black lives matter », d’autres actions ont ciblé la statue d’un marchand d’esclaves en Grande-Bretagne, et de Christophe Colomb aux États-Unis.

Rien de cela à Kinshasa, à l’approche du 60e anniversaire de l’indépendance de l’ex-Congo belge le 30 juin.

« La statue de Léopold II, pour nous, ça reflète une histoire, une mémoire. C’est une référence pour nos enfants », avance le directeur de collection au Musée national, José Batekele.

« Si en Belgique, ils estiment qu’ils doivent détruire les monuments, parce qu’il y a une forte diaspora africaine, nous en prenons acte. C’est une affaire belgo-belge qui ne nous concerne pas directement », affirme l’historien Isidore Ndaywel.

« Au Congo, nous avons nos priorités, qui sont autres pour le moment », ajoute cette voix respectée de la société civile, qui cite les tueries dans l’est et la corruption.

« Par rapport à Léopold II, on dira que c’est le passé, un passé qui a été traumatisant », commente Moïse Tangamo, un banquier croisé à Gombe, le centre économique de la capitale.

Le jeune homme plaide pour l’enseignement de « ce qui s’est réellement passé pendant l’esclavage et la colonisation en Afrique en général ».

Haute de six mètres, la statue en bronze vert de Léopold II n’a pas toujours tranquillement toisé les environs du fleuve Congo depuis les collines du Mont-Ngaliema.

Inaugurée en 1928 par Albert Ier, l’oeuvre a d’abord été installée devant le palais de la Nation, actuel bâtiment de la présidence.

Le monument a été retiré en 1967 sur ordre du dictateur-maréchal Mobutu Sese Seko, au plus fort de sa politique du « retour à l’authenticité » africaine et de « zaïrianisation ».

Oubliée pendant près de 40 ans, la statue est réapparue a fait une brève réapparition surprise en plein centre-ville, sur le boulevard du 30 Juin, un beau matin de février 2005.

Cette statue « fait partie de notre patrimoine. J’ai décidé de la réhabiliter, comme je le ferai pour d’autres », avait déclaré le ministre de la Culture de l’époque, Christophe Muzungu.

Un an auparavant, devant le Sénat belge, le tout jeune président congolais, Joseph Kabila Kabange, avait rendu un surprenant hommage aux missionnaires et fonctionnaires belges « qui crurent au rêve du roi Léopold II de bâtir, au centre de l’Afrique, un État ».

Mais la réhabilitation de la statue a été très brève: pour des raisons obscures, elle avait été redéboulonnée au bout de 24 heures.

« Franchement, on a des problèmes plus urgents à régler au Congo que de se demander si oui ou non la statue de Léopold a sa place ici », ironisait alors un jeune avocat interrogé par l’AFP.

La statue a finalement rejoint les hauteurs du parc, réhabilité en 2010 avec l’aide de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco).

Les trois statues de Léopold II, Albert Ier et Stanley y voisinent avec une sculpture à la mémoire des soldats congolais de l’armée coloniale. « L’idée était de faire un musée en plein air », résume l’historien Isidore Ndaywel. »

Ref. à Kinshasa, le débat sur les statues coloniales ne passionne pas les foules

Qui cherche à coloniser qui ? L’hostilité idéologique à la colonisation appartient à la gauche issue des « Lumières » : un débat typiquement occidental et colonialiste en son genre.

JPSC 

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