Le nouveau document de l'Académie pontificale pour la vie sur la Covid-19 ne dit rien sur la vie ni rien de catholique (28/07/2020)

De Stefano Fontana sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana (traduction électronique):

Si pour le Vatican, Dieu n'existe pas

28-07-2020

Le nouveau document de l'Académie pontificale pour la vie sur Covid-19 est embarrassant : il ne dit rien, rien sur la vie et rien de catholique. Il en appelle à la conversion, à l'environnement et à la solidarité, en excluant totalement la dimension religieuse. C'est un document qui plaira à de nombreuses dirigeants mondiaux.

L'Académie pontificale pour la vie (Pav) a publié un autre document sur Covid-19. Elle en avait déjà écrit un le 30 janvier 2020 et revient maintenant sur le thème avec le titre "L'Humana communitas à l'ère de la pandémie : réflexions imprévues sur la renaissance de la vie". Ce document - comme le précédent - ne dit rien : surtout, il ne dit rien de la vie, dont l'Académie pontificale est responsable, et ne dit rien de catholique, c'est-à-dire inspiré par la Révélation de Notre Seigneur.

On se demande qui rédige matériellement ces documents. D'après la façon dont ces auteurs écrivent, ils semblent être des fonctionnaires anonymes d'une institution anonyme d'études sociologiques. Leur but est de distiller des slogans afin de clicher les processus imprévisibles en cours. Le lecteur verra dans ce passage un exemple : "Nous émergeons d’une nuit aux origines mystérieuses : appelés à être au-delà du choix, nous en venons bientôt à la présomption et à la plainte, en affirmant comme nôtre ce qui ne nous a été qu’octroyé. Trop tard, nous apprenons le consentement à l’obscurité d’où nous sommes venus et à laquelle nous reviendrons finalement." J'ai lu l'ensemble du document : je vous garantis que c'est le ton du début à la fin. Serons-nous un jour habitués à un niveau aussi bas dans les documents ecclésiastiques ?

On se demande alors pourquoi ils sont écrits comme ça. C'est, pour être précis, la véritable raison pour laquelle nous nous soumettons, malgré tout, à l'ennui de leur lecture. Essayer de comprendre pourquoi une institution du Saint-Siège doit rédiger un document sur la pandémie dans la même langue que n'importe quel bureau de n'importe quelle agence internationale : les mêmes phrases absconses, le même manque de principes de référence qui ne sont pas génériques, les mêmes clins d'œil donnés aux puissances fortes tout en se vantant de défendre les faibles, les mêmes propositions indéchiffrables comme "l'éthique du risque" ou la rhétorique vide telle que "stratégie globale coordonnée" et "défi éthique multidimensionnel".

Tout au long du document, il n'y a jamais de référence à Dieu, ni explicitement ni implicitement. Selon l'Académie pontificale, la pandémie ne se prête à aucune réflexion sur la théologie de l'histoire : dans la pandémie, on ne rencontre pas Dieu. Elle ne doit pas être considérée comme un événement naturel, mais comme un fait historique et social qui remet en cause nos responsabilités. Comme il ne s'agit pas d'un fait naturel, il ne faut pas se référer à Dieu le créateur comme sa cause, du moins permissive, et donc la question est mise de côté : mais pourquoi Dieu l'a-t-il permis ? Dans la pandémie, l'homme fait l'expérience de sa propre "fragilité", c'est ce que dit le document, mais il ne parle jamais de l'expérience de son propre péché.

Selon l'Académie, seules les forces humaines sont en jeu dans la pandémie. Elle appelle à la conversion, mais non à Dieu, au respect de l'environnement et à une solidarité plus large. Elle ne demande jamais de prier, car Dieu ne peut agir contre la pandémie que par l'intermédiaire de l'homme. La pandémie est un produit humain, le fruit du désordre dans les relations avec la nature, et elle appelle à la conversion à un nouveau comportement humain. Dieu reste à l'extérieur, ou bien il est à l'intérieur de cette dimension humaine et coïncide avec elle. Dans les deux cas, ce document est sans Dieu. C'est la raison "théologique" de ce genre de documents : parler de Dieu, c'est parler de l'homme.

Ceux qui prennent l'homme, et non Dieu, comme perspective finissent par assimiler les idéologies les plus répandues. Il est très difficile d'expliquer comment le covid-19 est né du "pillage de la terre", mais le document, par respect pour l'idéologie environnementaliste, le fait. Il faut beaucoup d'efforts pour dire que l'épidémie a mis en évidence les avantages de la mondialisation ("Le virus ne connaît pas de frontières, mais les pays ont scellé leurs frontières"), mais le document, par respect pour l'idéologie mondialiste et anti-souverainiste, la soutient. Pour souligner l'importance fondamentale de la recherche d'un vaccin et de sa distribution à tous sans discrimination, il ne faut pas voir que le vaccin sera l'instrument d'une idéologie mondialiste de pouvoir et d'intérêts politiques, économiques et sanitaires mondiaux.

Il faut un certain culot pour ne pas considérer le danger réel que la pandémie a produit pour la vie naissante, étant donné l'engagement accru des États à garantir l'avortement dans tous les cas, surtout chez eux, en surmontant les difficultés restrictives du covid-19, mais le document de l'Académie pour la vie ne parle jamais de la vie dans le sens où une Académie pontificale pour la vie devrait en parler, c'est-à-dire selon Evangelium vitae. On est très perplexe en la voyant se concentrer sur l'Organisation mondiale de la santé (OMS) étant donné la gestion politique, idéologique et souvent anti-scientifique de cet organisme, mais le document le fait à plusieurs reprises, considérant qu'il est "profondément ancré dans sa mission de guider le travail de santé au niveau mondial".

Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un document qui plaira à de nombreux dirigeants mondiaux. Mais cela déplaira - à condition qu'on le lise et le comprenne - à ceux qui auaraient voulu que l'Académie pontificale pour la Vie joue le rôle d'una Académie pontificale pour la Vie.

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