Dans la civilisation chrétienne, l’homme a été capable de concilier les deux caractéristiques fondamentales de la liberté : le pouvoir de décider par soi-même et l’acceptation de son identité.
Dans la civilisation chrétienne, l’homme a été capable de concilier les deux caractéristiques fondamentales de la liberté : le pouvoir de décider par soi-même et l’acceptation de son identité. En effet, la liberté consiste autant dans la liberté de choix que dans l’accomplissement de ses virtualités, ce que l’on appelle la liberté de qualité. Décider de faire ce qui me passe par la tête ne suffit pas. Je ne serai libre qu’en cultivant les talents que Dieu a déposés en moi. La liberté n’est pas caprice mais capacité à porter à l’excellence les potentialités que je recèle en moi-même pour m’accomplir.
La révolution de l’Incarnation
Pourquoi le christianisme a-t-il pu réaliser la synthèse de ces deux caractéristiques de la liberté ? La cause réside dans la révolution apportée par l’Incarnation. En se faisant chair, le Verbe de Dieu a conféré une dignité incomparable à l’homme. Celui-ci est devenu capable de refléter quelques-uns des attributs de l’Être divin.D’autre part, parce que dans le Christ les deux natures, humaine et divine, sont unies sans être confondues, son humanité possède une autonomie relative par rapport à sa divinité. Cette spécificité de l’être du Christ va rejaillir sur tous les hommes. Grâce à l’Incarnation, la consistance propre de l’être humain est reconnue. En Jésus, les natures humaine et divine sont pleinement sauvegardées dans leur consistance propre.

Voilà pourquoi, dans les créatures que nous sommes, la liberté humaine n’entre pas en contradiction ni en concurrence avec le salut théologal. La Rédemption ne fait pas l’impasse sur les libérations terrestres, qu’elles soient sociales, économiques ou culturelles.