Quand le pape se fait le défenseur du revenu universel (25/11/2020)
De François Lenglet sur le site de RTL :
Le pape François, fervent défenseur du revenu universel
Avec la crise de la Covid-19, l'idée du revenu universel est réapparue, prônée par le pape François lui-même.
24/11/2020
Dans un livre à paraître le 2 décembre, Un Temps pour changer, le pape François fait l’apologie du revenu universel. C’est un livre d’entretien avec un journaliste, dont le quotidien La Croix publie des extraits ce mardi matin. Le Pape y développe deux arguments. Un, il est temps de reconnaître la valeur du travail bénévole, qu'on effectue pour ses proches, pour une association ou une communauté, en le rémunérant. Un revenu universel, une même somme mensuelle versée à tous sans conditions, permettrait de le faire. Deux, une telle allocation permettrait aux plus vulnérables de refuser un emploi avec des conditions trop pénibles ou inhumaines.
Cela provoquerait ainsi une transformation du marché du travail, en tirant vers le haut les standards sociaux. Ce n’est pas le seul à proposer cette révolution, loin s’en faut. Elle est promue par la gauche, qui y voit un instrument de solidarité et, comme l’ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon, un moyen de lutter contre la raréfaction des emplois à cause de l’automatisation. C’est aussi une proposition des intellectuels libéraux, le philosophe Gaspard Koenig par exemple, qui voudraient remplacer toutes les allocations existantes, les remboursements de santé, la retraite, par un tel revenu forfaitaire et égalitaire, chaque citoyen en profitant comme il l’entend.
Dans les deux cas, ce revenu se cumulerait avec le salaire pour ceux qui travaillent. La proposition du Pape François se rapproche plutôt de celle de la gauche, c’est pour lui d’abord une mesure de justice, qui procède d’une philosophie de l’égalité. Alors que chez les libéraux c’est une façon de libérer l’individu de la collectivité, cela procède d’une philosophie de la liberté.
Une mesure de redistribution
La question-clé est bien sûr celle du financement. Les évaluations varient, pour la France, entre 40 et 300 milliards, selon la formule retenue, pour un revenu de 600 à 1.500 euros par mois. Où trouver cette somme considérable ? Hamon voulait taxer les machines, parce qu’elles prennent du travail à l’humain. Ça n’a pas grand sens : où commencer à taxer les machines ? Faut-il par exemple s’en prendre aux cafetières électriques, qui après tout font le café à notre place, ou même au tire-bouchon ?
Alors, c’est vrai qu’avec la crise Covid, le revenu universel a progressé, non pas sur le plan des idées, mais dans les faits, avec le fameux chômage partiel, qui a concerné jusqu'à des millions de personnes en France au plus haut du confinement. On s'approchait du revenu universel. Le seul problème, c'est que ça coûte des dizaines de milliards qu'on n'a pas financés puisque c'était du déficit et de la dette.
Sur ce financement, le Pape François ne dit pas grand-chose. Sinon une direction implicite, lorsqu'il pointe les inégalités et les profits des actionnaires, il s'agit sans doute de taxer ici. Dans ces thèses économiques, le Pape est assez à gauche. À une différence près, toutefois. Il milite pour la réduction du temps de travail pour créer des emplois, mais avec des salaires adaptés. De ce point de vue, le Pape est beaucoup plus réaliste que les socialistes français d'il y a vingt ans, qui avaient fait les 35 heures sans réduction de salaire.
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