Le "grand reset" : une chimère conspirationniste ? (19/12/2020)

De Michael Koder sur Kath.net :

"Le grand reset" - qu'y a-t-il derrière ?

17 décembre 2020

Une apparente théorie conspirationniste mais qui, à y regarder de plus près, s'avère être une entreprise ouverte réunissant des acteurs des pouvoir politiques et commerciaux pour "établir un nouveau contrat social" - Une analyse de Michael Koder

Washington DC. (kath.net/National Review/mk) Quelle est la vérité sur le "Grand Reset" ou "Grand Reboot" tant mis en avant ces derniers temps : une simple invention des négationnistes du coronavirus et des anti-vaccinationnistes d'extrême-droite sur une conspiration de puissants politiciens et entrepreneurs qui voudraient établir un Nouvel Ordre Mondial ? Ou bien y a-t-il plus de vérité derrière ce mot à la mode que la propagande du gouvernement et des médias ne voudrait nous le faire croire ?

En y regardant de plus près, comme l'explique Andrew Stuttaford dans la National Review, le Grand Redémarrage n'a rien de secret : il s'agit d'un plan dévoilé par certaines élites politiques et économiques mondiales pour remodeler le capitalisme dominant de la vie économique. Les Nations unies, le Fonds monétaire international et l'Union européenne sont tous impliqués dans cette entreprise. À l'avenir, ce n'est plus la recherche du profit par leurs propriétaires qui donnera le ton dans les entreprises, mais plutôt l'engagement conjoint des dirigeants avec les politiciens au pouvoir et les ONG pour créer un monde nouveau et meilleur. Les actionnaires purement intéressés doivent être démunis de tout pouvoir et remplacés par des décideurs "désintéressés" qui auraient une meilleure vision des intérêts de la société dans son ensemble.

Un tel capitalisme d'entreprise est proposé par Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial (WEF) à Davos, dans son livre récemment publié intitulé - précisément - "The Great Reset". Le WEF fait également de la propagande pour le Grand Reset, qui a même maintenant son propre site web (https://www.weforum.org/great-reset/), où elle est ouvertement promue ("pour construire un nouveau contrat social"). Les élites concernées comprennent des sociétés géantes telles qu'Apple, Microsoft, Facebook, IBM et IKEA, c'est-à-dire également des géants américains de premier plan, qui étaient jusqu'à présent plutôt un bastion de la libre entreprise. Cette liste montre que le plan ne peut en aucun cas être considéré comme une tentative de renversement marxiste-communiste, comme on pourrait le supposer à première vue. Le capitalisme d'entreprise est fondé sur la conviction que la société doit être organisée par et pour ses principaux groupes d'intérêt, qui sont à leur tour subordonnés à l'État comme un chef d'orchestre. L'individu n'a pas son mot à dire ici, la démarche est clairement autoritaire, le nouveau monde est décrété. Il n'est pas toujours clair de voir à l'égard de qui les nouveaux détenteurs du pouvoir dans les entreprises doivent être responsables, si ce n'est plus aux propriétaires. Ce qui est clair, c'est que les cadres (...) aiment l'idée, tout comme les hommes politiques avides de pouvoir, pour qui de larges possibilités d'influence s'ouvrent.

L'objectif de ce changement est d'instaurer une société plus saine offrant davantage de possibilités à un plus grand nombre de personnes, un nouveau système d'éducation, des soins de santé abordables, une réforme de l'immigration judicieuse et des politiques climatiques. Le bien-être individuel et collectif doit être atteint grâce à des informations précises sur notre empreinte écologique, sur la nocivité de notre milieu de vie et sur les ingrédients de notre alimentation. Mais en plus de l'information, il faut aussi un contrôle et des restrictions, par exemple sur la consommation de matières premières, et un accent sur "l'alimentation responsable" et les vacances dans la région. La solidarité, telle sera la maxime de cette nouvelle ère.

Ces idées de Schwab et consorts ne sont pas nouvelles, mais coonstituent essentiellement une version actualisée, encore plus ambitieuse, de leur liste de souhaits permanente. Moins de six mois après l'apparition du virus du Corona, et toujours en pleine crise, Schwab intervient dans la pause de réflexion imposée à la société, en réfléchissant sérieusement à un monde post-pandémique. La crise comme une opportunité tant attendue pour un nouvel ordre.

Ben Sixsmith, du quotidien The American Spectator, résume ainsi la situation : "Nous devrions toujours nous garder de rejeter les théories comme des chimères absurdes. Certaines des personnes les plus riches et les plus puissantes du monde sont très intéressées par la modification de notre mode de vie. Pensez ce que vous voulez de leurs idées et de leurs activités ; ce serait insensé."

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