Un effondrement prévisible de la pratique religieuse (18/01/2021)

De Denis Crouan sur le site Pro Liturgia :

15 janvier 2021

Un récent article de « La Croix » nous annonçait qu’un tiers des pratiquants (déjà peu nombreux en temps ordinaire) n’avait pas repris le chemin des églises depuis le début de la pandémie.

L’effondrement de la pratique était prévisible. Nos célébrations paroissiales étaient déjà pour la plupart des moments d’ennui pour beaucoup de fidèles à cause de la fadeur de la liturgie ; elles sont désormais, en plus, devenues des moments barrés d’interdits et de pesantes contraintes qui rendent à peu près impossible à beaucoup de fidèles une participation effective au Mystère célébré. La politique - suicidaire sur le plan pastoral - consistant à rendre obligatoire une pré-inscription des fidèles pour assister aux offices engendre une exclusion des plus démunis, des plus simples et en décourage beaucoup d’autres.

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Il résulte de tout cela qu’à l’occasion de cette pandémie, et ce malgré le dévouement remarquable d’une minorité de prêtres et de fidèles, l’Église a clairement manqué son rendez-vous avec l'histoire. Une fois de plus.

Nous payons aujourd’hui le prix de décennies de choix pastoraux désastreux qui ont engendré un catholicisme mou, attachés à une doctrine vague, à une spiritualité irénique et niaise, à des liturgies fades, médiocres et indigentes. Il est évident qu’un tel modèle ecclésial ne pouvait que s’effondrer dès qu’un événement un tant soit peu dramatique allait frapper la société. Cet effondrement - ou plutôt cette accélération d’un effondrement déjà en cours depuis longtemps - se réalise aujourd'hui sous nos yeux. Et les catholiques eux-mêmes - à commencer par leurs pasteurs, surtout ceux d’une certaine génération - en sont les premiers responsables.

Il aurait fallu intensifier les actions de charité, de solidarité et d’aide aux plus démunis au niveau paroissial. Mais même dans ce domaine-là, à part quelques exceptions remarquables, nos paroisses moribondes n’ont pas été à la hauteur.

De plus, les pasteurs ont depuis longtemps évacué de leur enseignement tout ce qui a trait aux fins dernières, au sens de la mort. L’institution s’est révélée totalement incapable d’apporter des réponses à la fois humbles, réconfortantes et profondes, aux questionnements de nos contemporains.

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Dans le domaine spirituel, il n’y a plus depuis longtemps, ni dans le clergé ni chez les fidèles, de formation sérieuse à la prière, à la vie spirituelle. Les enseignements des Pères de l’Église et des auteurs spirituels sont oubliés. Les fidèles et les prêtres de terrain sont laissés démunis spirituellement face à un matérialisme et à une sécularisation de plus en plus agressifs. Résultat : beaucoup s’éloignent de la pratique, voire perdent la foi ; beaucoup de prêtres quittent le ministère, certains, hélas, allant jusqu’au suicide.

Pourtant nous devrions savoir qu’une liturgie profondément enracinée dans la « noble simplicité » de l’authentique tradition chrétienne est la meilleure école de prière et donc le meilleur outil pour une vie intérieure vraiment profonde qui seule permet de tenir dans le difficile contexte actuel.

Mais nos évêques ainsi que les clercs et les fidèles d’une certaine génération, aveuglés par des décennies d’une pastorale désastreuse, ne semblent pas s’en apercevoir.

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