Je dénonce vigoureusement cette déclaration de la Conférence des évêques catholiques du Canada. J’invite tous les Québécois à se fier à nos experts et à ceux de partout dans le monde : tous les vaccins que nous administrons sont efficaces.
Christian Dubé, ministre de la Santé, sur Twitter
Le sous-administrateur en chef de l’Agence de la santé publique du Canada, le Dr Howard Njoo, a quant à lui exprimé sa déception face à tout message décourageant la vaccination contre la COVID-19. Il a précisé que Santé Canada avait offert des séances d’information à divers groupes, dont les communautés religieuses.
L’Assemblée des évêques catholiques du Québec n’a quant à elle pas l’intention de s’en mêler.
« L’Assemblée n’a pas discuté de cet enjeu et n’a donc pas de déclaration à vous offrir. Lorsqu’un enjeu est discuté à une instance, les autres instances n’en discutent pas afin d’éviter les dédoublements », a-t-on écrit dans un courriel envoyé à La Presse.
Le théologien Gilles Routhier, de l’Université Laval, n’est « pas surpris » que le regroupement québécois n’ait pas voulu se prononcer.
« On ne réfléchit pas des choses de la même façon du côté du Québec et du côté de l’Ouest canadien. Ce que l’on trouve dans la société se retrouve également dans les assemblées d’évêques. Ce sont des cultures différentes », a-t-il exposé dans un entretien.
Procédé de fabrication
La façon dont la Conférence des évêques catholiques du Canada présente les choses est trompeuse, a plaidé la Dre Nathalie Grandvaux, professeure de biochimie à l’Université de Montréal, qui peinait à dissimuler un certain sentiment de découragement face à cette sortie.
« C’est une technique développée dans les années 1960 : on prélève un échantillon de quelques cellules, et on est capables, grâce à des techniques de biologie moléculaire, de faire en sorte que ces cellules deviennent immortelles, c’est-à-dire qu’on peut les cultiver pendant des années », a-t-elle expliqué.
Effectivement, des cellules ont été prélevées sur un échantillon de tissu de fœtus en 1973 […], mais il n’y a plus aucune trace de fœtus là-dedans. La façon dont eux le disent, c’est comme si on était obligés de produire des avortements volontaires pour pouvoir produire les vaccins.
La Dre Nathalie Grandvaux, professeure de biochimie à l’Université de Montréal
Les réactions d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson vont dans ce sens. Aucune n’a voulu jeter la pierre à la Conférence des évêques catholiques, l’une comme l’autre préférant souligner que les cellules utilisées avaient été conçues et cultivées en laboratoire à partir d’une seule cellule il y a de cela plus de 30 ans.
Des centaines de milliers de doses du vaccin d’AstraZeneca ont commencé à arriver au pays cette semaine. Le calendrier de livraison de celui de Johnson & Johnson n’a pas encore été établi ; le premier ministre Justin Trudeau a signalé mardi qu’il avait été avisé de problèmes sur le plan de la production.
Un « devoir moral » non obligatoire
La Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican a publié en décembre dernier un avis sur les vaccins contre la COVID-19. La note stipule que « le devoir moral d’éviter une telle coopération matérielle passive n’est pas obligatoire lorsqu’il y a un grave danger » comme la pandémie de COVID-19.
« Il doit donc être considéré que, dans un tel cas, toute vaccination reconnue comme étant cliniquement sûre et efficace peut être prise en bonne conscience avec la certitude que l’utilisation de tels vaccins ne constitue pas une coopération formelle avec l’avortement », lit-on dans la note approuvée par le pape François.
On y évoque tout de même un « impératif moral », pour l’industrie pharmaceutique, les gouvernements et les organisations internationales, de s’assurer que des vaccins soient « éthiquement acceptables », et qu’ils soient accessibles aux pays les plus pauvres, et ce, à faible coût.
Le souverain pontife, âgé de 84 ans, a été vacciné au Vatican à la mi-janvier. Avant de se faire piquer, il avait fustigé l’opposition à la vaccination contre le virus, comparant une telle attitude à une forme de « négationnisme suicidaire » dans un entretien avec la chaîne italienne de télévision Canale 5.
Commentaires
Peut-être pourrait-on aussi étudier la nécessité d'un vaccin, en vertu de "primum non nocere".
Les avis sont partagés: ne serait-il pas souhaitable d'avoir un débat public avec les tenants des opinions différentes?
Écrit par : Eliane | 12/03/2021