Le schisme en Allemagne ? En fait, il a déjà commencé ! (14/04/2021)

De Franca Giansoldati sur le site du Messaggero :

Cardinal Brandmuller : "Ils veulent le sacerdoce féminin, le schisme en Allemagne a déjà commencé".

4 avril 2021

"Le schisme en Allemagne ? En fait, il a déjà commencé. Techniquement, on peut parler de schisme lorsqu'un processus est en cours qui conduit au détachement de la communion hiérarchique, du Pape". Le cardinal Walter Brandmuller, président émérite du Comité pontifical des sciences historiques, grand connaisseur de la dynamique de l'Église, a peu de doutes sur ce qui se passe. "Le schisme, en termes simples, est le refus de la communion hiérarchique à l'évêque ou au pape, quelque chose qui se passe sous nos yeux, il suffit de voir même les déclarations ou les prises de position de nombreux évêques allemands".

Depuis longtemps, des appels ont été lancés en faveur de réformes substantielles, par exemple sur le front du célibat des prêtres, de l'ordination des femmes et aussi, dernièrement, de la bénédiction des couples homosexuels...

" La demande la plus pressante de ces réformes vient avant tout des responsables du catholicisme organisé, des mouvements, du Comité central des catholiques allemands, qui dépendent alors pour la grande majorité des structures ecclésiastiques car, ne l'oublions pas, l'Église catholique est le deuxième employeur après l'État en Allemagne. Pour en revenir au schisme, il faut faire attention à ne pas confondre deux aspects, le schisme et la dissension sur le plan doctrinal par rapport à la doctrine, car dans ce cas nous avons affaire à une hérésie. Dans le cas de l'Allemagne, nous avons ces deux aspects".

Peut-être que ce n'est qu'une phase de crise passagère.....

"La situation en Allemagne est à mon avis compromise car non seulement il y a un refus de la communion hiérarchique, mais il y a aussi des dissensions au niveau du magistère. Il peut parfois y avoir des désaccords qui n'impliquent pas nécessairement un schisme. Ce cas, cependant, est entièrement nouveau et, à mon avis, inquiétant".

La distance avec Rome pourrait-elle être encore amplifiée ?

"Comme je l'ai dit : dans ce cas, nous avons également un désaccord au niveau dogmatique sur les vérités de la foi. Ce qui implique le crime d'hérésie. Ce qui se passe en Allemagne est à la fois un schisme et une hérésie du point de vue dogmatique".

Pourquoi sont-ils allés si loin à votre avis ?

"Ils demandent depuis longtemps le sacerdoce féminin, la communion pour les divorcés remariés, l'acceptation de l'homosexualité, la bénédiction des couples gays. C'est un glissement vers les positions protestantes, peut-être veulent-ils une Église unie avec les protestants".

Et la question du célibat des prêtres ?

"Même s'il ne s'agit pas d'une question doctrinale, il s'agit toujours d'une tradition apostolique. Inacceptable".

Selon vous, qui rejoindra ce schisme ?

"Je ne sais pas précisément. Je peux cependant affirmer avec certitude que la majorité des catholiques allemands sont indifférents à tout cela. Nous avons une société fortement sécularisée, la participation à la messe du dimanche concerne au maximum 10% des personnes. Ceux qui adhèrent aux thèses progressistes sont des personnes liées au Comité central catholique mais la majorité des fidèles sont indifférents, croyez-moi. La laïcité galope à toute allure et l'éloignement des fidèles de l'Église s'est accru".

Techniquement, quand un schisme est-il initié ?

"C'est un processus. Il n'y a pas d'acte unique. Les schismes historiques ont pris forme au fil du temps à partir du fait que les gens ne reconnaissaient plus l'autorité du pape et de la hiérarchie. Le début d'un acte schismatique est celui-ci, puis les formes se réalisent de différentes manières. Par exemple, le grand schisme d'Occident en 1054 n'a pas été le résultat d'un seul moment. Il ne s'est pas cristallisé à une certaine date mais a plutôt été un processus formalisé alors au 12ème siècle".

Et puis il y a eu aussi Luther.....

"C'était une hérésie plutôt qu'un schisme. Luther renie les dogmes fondamentaux, il rejette les sacrements à l'exception du baptême et de l'Eucharistie. En tout cas, il est difficile de compter les schismes dans l'histoire. Dans l'Église primitive, par exemple, ils étaient nombreux, puis au fil des siècles, ils ont diminué".

Et le schisme de Lefebvre ?

"Les lefebvristes sont très fidèles mais ne reconnaissent pas dans les développements de Vatican II qui, à mon avis, a été mal interprété en ce sens qu'ils ne font pas la distinction entre la valeur dogmatique et contraignante des quatre constitutions dogmatiques et les textes de contenu pratique disciplinaire qui sont de nature juridique pastorale et donc soumis au changement de l'histoire". 

Mais ne pensez-vous pas qu'il est juste d'attribuer aux femmes dans l'Église un poids plus important que celui qu'elles ont toujours eu jusqu'à présent, c'est-à-dire presque nul ?

"À l'avenir, les femmes pourront avoir un rôle de grande importance. Elles peuvent être responsables des finances de l'Église, par exemple. lles peuvent diriger l'IOR mais elles ne peuvent pas occuper un poste de secrétaire d'État ou de préfet de congrégation car l'ordination sacerdotale est indispensable. Elles peuvent avoir des rôles de premier plan dans tous les rôles où cela ne découle pas des ordres sacrés". 

L'Église continuera-t-elle toujours à être aussi macho ?

"L'Église a deux niveaux, le dogme des sacrements et sa position dans la société d'aujourd'hui. La femme pourra avoir des rôles de premier plan dans le second domaine, sans aucun problème. Mais elle ne sera jamais en mesure d'être prêtre, évêque..."

Pas même cardinale ?

"Il y a un débat. Mais l'élection du pape lors du conclave est un acte de très haute pastorale lié au sacrement de l'ordre." 

Pauvres femmes, toujours sur les marges....

"Nous, les hommes, sommes beaucoup plus pauvres, pensez que nous ne pourrons jamais donner naissance..."

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