Les missionnaires de la miséricorde divine : une communauté en pleine expansion (18/04/2021)

Le deuxième dimanche de Pâques était consacré à la miséricorde divine : une occasion de mettre en lumière une jeune communauté catholique en pleine expansion : les « Missionnaires de la Miséricorde divine », à l’école de sainte Faustine. Lu sur le site web du mensuel « La Nef » :

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« L’abbé Jean-Raphaël Dubrule est supérieur des Missionnaires de la Miséricorde divine depuis juillet 2020, succédant au fondateur, l’abbé Loiseau. Il nous parle de sa communauté en plein développement et de ses projets.

La Nef – Comment succède-t-on à un fondateur charismatique comme l’abbé Loiseau ? Quels sont vos principaux objectifs comme supérieur ?

Abbé Jean-Raphaël Dubrule – Succéder à l’abbé Loiseau a été bien sûr une surprise pour moi, puisque ce sont des raisons de santé qui l’ont amené à remettre sa charge de supérieur avant le premier chapitre de la communauté qui se réunira quand nous serons douze membres incorporés définitivement. L’abbé Loiseau avait été mon directeur spirituel avant que je ne rentre au séminaire, puis mon supérieur et curé depuis la fondation de la communauté en 2005. J’ai donc beaucoup reçu de lui et aussi appris à le connaître. C’est pourquoi je lui succède avec reconnaissance et dans un souci de continuité. Après le temps de la fondation, vient maintenant le temps de la stabilisation durant lequel j’ai pour objectif de développer l’assise de la communauté, tout en veillant bien sûr à sa croissance, avec le souci particulier des vocations.

Pourriez-vous nous rappeler ce que sont les Missionnaires, leur charisme et leur vocation, et aussi où en est votre communauté (statut, implantations et accueil…) ?

C’est la spiritualité de la miséricorde reçue, vécue et répandue qui nous caractérise et nous unit. Nos statuts demandent en effet de mettre en valeur, à travers une vie communautaire, le témoignage de la miséricorde, comme le Christ l’a révélé à sainte Faustine, de puiser cette miséricorde dans l’Eucharistie, célébrée particulièrement dans la forme extraordinaire du rite romain, dans un esprit d’enrichissement mutuel avec la forme ordinaire et de répandre cette miséricorde en vue de la nouvelle évangélisation, particulièrement envers les musulmans. C’est notamment pour cette forme de mission que le bienheureux Charles de Foucauld est notre second saint patron.
Après s’être vu confier des apostolats dans le sud de la France, à Toulon, Marseille et Draguignan, la communauté exerce maintenant un ministère à Lyon, Strasbourg et Colmar. Pour les quelques années qui viennent, il nous faudra conforter ces derniers lieux. Le reste appartient à la Providence. Notre croissance, modeste mais régulière, nous permet cependant d’envisager l’ouverture d’autres lieux d’ici 3 ou 4 ans.
 

Comment se manifeste concrètement votre attachement à l’évangélisation des musulmans et quels « résultats » obtenez-vous ? Y a-t-il chez les musulmans une attirance pour l’Église ?

L’annonce du Christ aux musulmans est à la fois la dimension la plus cruciale, et donc la plus exaltante, de notre mission, et la plus difficile. Elle est cruciale parce que le nombre croissant de musulmans présents en France la rend prioritaire. Et difficile en raison de la pression que l’islam met sur ceux qui souhaitent se convertir. C’est principalement par les contacts personnels, lors des missions de rue ou des visites en porte-à-porte, que notre mission s’exerce. Les fruits sont hélas encore très légers, mais nous étions conscients de la difficulté de cet apostolat. Si les musulmans s’arrêtent volontiers pour discuter quand ils entendent parler de Dieu, il est souvent difficile d’approfondir la relation. Je ne parlerais pas d’attirance pour l’Église, mais en revanche d’une attirance chez certains pour un Dieu d’amour, qui veut une relation d’intimité avec sa créature. Je suis absolument convaincu qu’il y a peu de conversions au christianisme car il y a peu d’annonces de la beauté de la foi chrétienne. D’où l’urgence de la mission !

Avec votre expérience de terrain, comment analysez-vous la situation politique du pays face à l’importante présence de l’islam et que pensez-vous de la façon dont le gouvernement essaie de contrer le séparatisme islamiste ?

Notre maison de formation, ainsi que la paroisse Saint-François-de-Paule qui y est attachée, sont en plein cœur du vieux Toulon, dans un quartier à forte population musulmane. Nous avons fait ce choix d’une maison-mère qui n’est pas à l’écart, dans un lieu paisible, afin de rester au contact direct avec cette réalité. Cette expérience nous permet de dresser un constat réaliste sur les problèmes graves que représente l’islam en France, en ce moment, tout en ayant un profond respect pour les personnes musulmanes. Si notre désir est d’apporter une réponse spirituelle à la question de la présence de musulmans en France en leur annonçant le salut qui vient du Christ, unique sauveur de l’homme, nous constatons que la réponse politique est encore timide pour lutter contre les défis que représente l’islam en France. Le premier point serait de reconnaître que la question du séparatisme ne concerne pas de la même manière l’islam et les autres religions. C’est le rapport spécifique de l’islam à l’État qui pose une difficulté. Sans ce constat préalable, il semble que les décisions prises seront sans efficacité.

Comment s’organise la formation des Missionnaires par rapport au séminaire de la Castille ?

La communauté a choisi depuis sa fondation de confier la formation de ses membres au séminaire du diocèse de Toulon à la Castille, qui assure donc la formation et le discernement en vue de l’appel aux ordres, en collaboration étroite avec les prêtres de la communauté qui sont à la maison-mère, l’abbé Loiseau, l’abbé de Franclieu et moi-même. Afin d’ancrer les séminaristes dans les charismes de la communauté, il y a une progression. Les deux premières années, les séminaristes restent toute la semaine en communauté à Toulon. Lors du cycle de philosophie, ils suivent les cours et la vie fraternelle au séminaire, mais ont la vie liturgique en communauté, en logeant à la maison-mère et en y ayant la messe et les offices. Enfin, le cycle de théologie voit les séminaristes être toute la semaine au séminaire et rentrer en communauté du vendredi soir au lundi matin. Cette répartition, mise en place depuis 2010, permet un très bon équilibre entre la vie de communauté et le séminaire, et prépare nos prêtres à s’intégrer facilement dans les diocèses où ils seront envoyés.

Vous êtes aussi depuis septembre directeur des études du 2ème cycle au séminaire de la Castille : en quoi consistent vos responsabilités et comment les conciliez-vous avec votre charge de supérieur ?

Cette nomination comme directeur des études du second cycle était prévue avant que je ne reçoive la mission de supérieur de la communauté. J’ai terminé ma formation à la Castille, puis y ai enseigné assez rapidement et je connais donc bien le séminaire. Le rôle du directeur des études est passionnant puisqu’il s’agit de veiller à la formation intellectuelle des séminaristes, par le choix des professeurs, l’harmonisation des cours, le suivi pédagogique des étudiants, l’organisation des examens… Le séminaire de Toulon a un beau vivier de professeurs avec de nombreux prêtres diocésains diplômés et deux couvents de dominicains assez proches, à la Sainte-Baume et à Marseille. Il est certain que c’est une charge conséquente, qui demande de l’énergie et qui me conduit à être à mi-temps au séminaire. Le reste de la semaine, je m’occupe de la vie de la communauté. Étant bien entouré tant au séminaire qu’en communauté, ces deux missions sont pour l’instant facilement conciliables. De plus, cela a accru les liens entre la communauté et le séminaire, où treize membres sont en formation à l’heure actuelle.

Un dernier mot sur la situation actuelle : comment la vivez-vous et pensez-vous que la crise sanitaire et la question de la messe aient révélé une « fracture » au sein de l’Église de France, comme certains l’ont écrit ?

Après le choc immense du premier confinement, où la vie sacramentelle s’est quasiment arrêtée, nous apprenons peu à peu à nous organiser pour que la très grande majorité de nos activités apostoliques soient maintenues, et il faudra que cela soit ainsi, quelle que soit l’évolution des conditions sanitaires, car la croissance de la vie divine en nous est plus nécessaire que tout le reste.
Cette crise a révélé d’abord une grande fragilité de notre société, centrée uniquement sur le bien-être physique au détriment des considérations d’ordre social et encore plus d’ordre spirituel. Ce qui semble étonnant, voire choquant, c’est que certains pasteurs de l’Église aient semblé être dans le même état d’esprit. S’il faut bien sûr se garder de juger quiconque, tant les situations sont différentes, il semble cependant manifeste que la crise ait révélé la place différente que chacun donnait à la vie sacramentelle, et plus largement à la primauté de la grâce sur la vie naturelle.

Propos recueillis par Christophe Geffroy

Missionnaires de la Miséricorde divine :

Ref. Les missionnaires de la miséricorde divine, à l’école de sainte Faustine

CAP Sud Méditerranée, une université catholique

L’abbé Dubrule, président du CAP, et Benoît Dumoulin, son directeur, nous présentent cette nouvelle université catholique située en plein cœur de Toulon.

La Nef – Qu’est-ce que le CAP Sud Méditerranée et comment les Missionnaires de la Miséricorde sont-ils à l’origine de ce projet ?

Abbé Dubrule – Le CAP Sud Méditerranée répond avant tout à un besoin urgent de formation de la jeunesse. Les défis multiples auxquels est confrontée notre société appellent l’avènement d’une génération de jeunes enracinés dans la connaissance de la vérité et l’amour de notre civilisation. L’enjeu est intellectuel mais aussi spirituel car la foi ne peut prendre racine que dans un terreau culturel sain qui suppose une intelligence orientée vers la vérité et une conscience aiguisée par une droite raison.

Benoît Dumoulin – L’idée de lancer un institut de formation remonte à l’été 2019. La paternité en revient aux Missionnaires de la Miséricorde qui ont répondu à une demande de jeunes formulée en ce sens. Cela fait maintenant 18 mois que le CAP existe et qu’il propose une formation intellectuelle de niveau universitaire couvrant le spectre global des humanités classiques : philosophie, anthropologie, histoire, sciences politiques, géopolitique, culture générale et littérature provençale. Notre enseignement se revendique de la philosophie réaliste et de la tradition chrétienne : il s’appuie sur le droit naturel, l’expérience de l’histoire et le Magistère de l’Église.

Quelle est votre ambition à moyen et long terme ?

Benoît Dumoulin – Nous voulons devenir dès la rentrée prochaine un établissement privé d’enseignement supérieur qui accueille en son sein des étudiants entre 18 et 25 ans pouvant être inscrits en parallèle dans l’université de leur choix pour valider un diplôme d’État. Les étudiants auraient ainsi l’opportunité de compléter leur formation universitaire en philosophie, lettres ou histoire par un enseignement qui leur fera acquérir, en 12 à 15 heures de cours par semaine, les fondamentaux des humanités classiques. En plus de la dimension intellectuelle, nous proposons une vie fraternelle et missionnaire, en lien avec les Missionnaires de la Miséricorde et la vie missionnaire de la paroisse Saint-François-de-Paule. Moyennant une modeste participation, les étudiants seraient ainsi logés et nourris sur place. De plus, nous organisons des formations à la carte pour ceux qui le désirent et nous nous efforçons d’animer la vie locale par l’organisation de colloques, tables rondes et sorties culturelles.

Comment vous situez-vous par rapport aux Instituts Catholiques ? Ne craignez-vous pas de leur faire de l’ombre ?

Abbé Dubrule – Notre spécificité alliant vie intellectuelle, vie fraternelle et vie spirituelle ne peut en aucun cas nous positionner en concurrence de quiconque. Nous avions identifié, avec l’abbé Loiseau, un déficit d’offres dans le secteur de la formation philosophique et anthropologique dans le quart sud-est de la France. C’est donc ce développement intégral de la personne que nous voulons mettre en œuvre. Le CAP, c’est donner un an de sa vie pour se former, créer des amitiés durables et se lancer dans la mission !

Propos recueillis par Christophe Geffroy

Pour les étudiants voulant candidater afin de vivre une année de formation au CAP, merci d’adresser CV et lettre de motivation avant le 30 juin 2021 à : direction@capsud-mediterranee.fr
Plus d’informations sur : https://www.capsud-mediterranee.fr/

© LA NEF n°335 Avril 2021

JPSC

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