Belgique : une instabilité gouvernementale chronique (27/04/2021)

De Paul Vaute sur le blog "Le passé belge" :

Cinquante-deux gouvernements en septante-cinq ans

     Entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les suites des élections législatives de 2019, la Belgique a fait ample consommation de gouvernements. Vingt pendant le quart de siècle qui sépare la Libération de la gestation des Communautés et des Régions (1944-1969). Dix-neuf pendant le quart suivant, qui conduit vers la fin de Dehaene I (1969-1994). Et treize durant le troisième quart qui s'achève avec la (première) année de la CoVid-19 (1995-2020). Total: 52 équipes ministérielles en 75 ans, soit une moyenne de vie tournant autour de dix-huit mois. Et si, ces dernières années, les crises ont été moins nombreuses, on sait assez qu'elles ont aussi été plus longues, deux d'entre elles ayant franchi le cap d'un an (2010-2011 et 2019-2020).

   Devant cette instabilité chronique, bien des questions s'élèvent dont, au premier rang, un pourquoi et un comment: quelles en sont les causes profondes et où l'édifice institutionnel puise-t-il sa capacité à résister aux coups de boutoir sans cesse recommencés ? Tout récemment, j'ai rendu compte d'une étude des politologues Didier Caluwaerts et Min Reuchamps [1] éclairant ce paradoxe d'un Etat toujours gouvernable, même par des coalitions minoritaires, et de pulsions séparatistes demeurées contenues, alors que les fondements du compromis à la belge semblent largement érodés, au sein la classe politique s'entend (la distinction entre pays légal et pays réel, fût-elle suspecte à certains yeux, n'en garde pas moins toute sa pertinence).

   Du même sujet, Francis Delpérée, orfèvre en la matière, s'est attelé à décortiquer d'autres facettes: la gestion des crises, leurs conséquences et les moyens envisageables d'y remédier [2].

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